Tony Parker : un ambassadeur en or
Rendez-vous donné à l'atelier Renault sur les Champs-Elysées à 12h. En arrivant, on apprend que certains fans luxembourgeois sont déjà là depuis 9 heures du matin, dans l'attente de rencontrer le nouveau champion d'Europe de basketball. On prend alors conscience que Tony Parker n'est plus un "simple sportif" mais désormais une véritable idole, au même titre que Zinedine Zidane ou Yannick Noah.
Arrivé avec un retard de 20 minutes (la rédaction de l'Equipe l'ayant kidnappé), le basketteur s'excuse platement pour ce contretemps. A peine installé, Tony Parker est au centre de l'attention, les caméras de télévision sont braquées sur lui et les flashs des photographes crépitent pendant plusieurs minutes. Assez déroutant pour le commun des mortels. Mais "Tony" semble s'en accommoder et garde son éternel sourire.
Promesse tenue
L'arrivée du gaspacho de tomates marque le début de l'entrevue. Le détail est important car le sportif affirme qu'il doit sa bonne condition physique à son alimentation saine. On veut bien le croire : l'homme de 31 ans vient d'enchaîner sa saison (malheureuse) en NBA, une compétition pendant la trêve, et depuis deux jours, la tournée des sponsors et des médias.
"En France, on dit souvent que l'important c'est de participer, mais à un moment, il faut aussi gagner !"
Son entrée entamée, la star de l'équipe de France répond aux premières questions sur le basket. Les journalistes automobiles n'étant pas spécialement calés en la matière, Tony explique quelques règles basiques et les différences existantes entre le jeu américain et européen. Les bases posées, les questions s'orientent enfin vers le championnat d'Europe. Médaille d'or vissée au cou, le visage de T.P. s'illumine. Pour le sportif, "ce premier titre est une récompense méritée après de nombreuses désillusions". L'un des succès les plus importants à ses yeux.
A la question "Où trouviez-vous encore la motivation à jouer en équipe nationale malgré les précédents revers ?", Tony avoue qu'ils s'étaient promis avec "Boris" (Boris Diaw) qu'ils gagneraient le championnat d'Europe, après leur première victoire en championnat junior en 2000. Il ajoute également : "En France, on dit souvent que l'important c'est de participer, mais à un moment, il faut aussi gagner !"
La discussion s'oriente désormais vers la suite de sa carrière. Tony semble avoir une vision assez claire de son avenir. Tout d'abord, parce qu'il avait déjà annoncé l'an dernier qu'il comptait jouer en équipe de France jusqu'en 2016, ce qui coïncide avec les Jeux olympiques au Brésil. L'homme ajoute qu'il aimerait gagner d'autres titres, et pourquoi pas, "remporter une finale des Jeux contre les US". Parce qu'évidemment pour Tony, "même si le championnat d'Europe est plus difficile à gagner qu'un championnat du monde ou un titre olympique, une finale contre la meilleure équipe de basket au monde serait un rêve !".
Mais que les fans se rassurent, l'année 2016 ne marquera pas la fin du champion. Si ce dernier souhaite mettre un terme aux compétitions internationales dans 3 ans, il précise qu'il espère jouer en club "jusqu'à 38 ou 39 ans". Fidèle, Tony ajoute qu'il aimerait "finir sa carrière chez les Spurs. Car peu de joueurs sont restés dans le même club toute leur vie". Et lorsque la question d'un hypothétique retour en France à la tête d'un club tel que le Paris FC arrive sur la table, T.P. affirme qu'effectivement il a déjà rencontré "Nasser" (Nasser Al-Khelaifi, président du PSG), mais que, pour le moment, il est affilié aux San Antonio Spurs et à l'ASVEL Lyon-Villeurbanne (dont il est actionnaire).
Un homme passionné
"Tony est connu par un Chinois sur deux !"
L'entrée terminée, c'est le suprême de pintade qui prend le relais. Et l'occasion d'aborder une autre de ses passions : l'automobile. Nouvel ambassadeur de Renault depuis le mois d'août dernier, Tony Parker représente un petit coup de pouce du destin pour le constructeur au losange. Dans un marché morose, le champion a des airs d'ambassadeur idéal pour promouvoir Renault sur le marché européen et, par la même occasion, voir progresser la notoriété de la marque à l'étranger, à commencer par la Chine. Comme aime à le rappeler Jérôme Stoll, nouveau "numéro deux" du constructeur et directeur délégué à la performance, "Tony Parker est connu par un Chinois sur deux !". T.P. profite pour placer que, dans le cadre du partenariat, il recevra un Renault Koleos noir, et qu'il sera le seul aux Etats-Unis à rouler avec ce véhicule. Le jeune homme imagine déjà "la tête de [s]es coéquipiers quand [il] arrivera aux entraînements !".
Parce que T.P. n'est pas qu'un simple porte-drapeau, le Français est un vrai fan de voitures. Il confie timidement "j'essaye de me créer une petite collection". Tony explique que pour ses 30 ans, son entourage lui a offert "une DeLorean DMC12, comme celle de Retour vers le futur". Ce modèle mythique a ainsi rejoint son garage déjà bien fourni avec la Lamborghini LM02 qui appartenait à Eddie Van Halen, une Lamborghini Murcielago LP640, une Ferrari 599 GTB et une F430, et, comme tout fan de hiphop qui se respecte, un Cadillac Escalade customisé.
Au cours du déjeuner, Tony Parker s'exprime sur une autre de ses passions : le vin. Le champion avoue posséder "une cave de près de 2000 bouteilles avec plusieurs pépites tels qu'un Petrus 1966 offert par "Omar" (Omar Sy)". Le plus surprenant lorsqu'on discute avec le basketteur, c'est d'avoir à associer chaque prénom ou un surnom à une personnalité : "Titi" n'est autre que Thierry Henry, "Teddy" pour Teddy Riner, "Matthieu" pour Matthieu Valbuena, et "Tim" pour le géant Tim Duncan. Cette gymnastique intellectuelle devient rapidement un réflexe, au risque de ne plus suivre la conversation.
La perfection au masculin
Sportif mondialement connu, sympathique et plutôt discret... Tony Parker est en quelque sorte le gendre idéal du sport français. Si l'homme gagne très bien sa vie, son image n'est pas écornée par des scandales à répétition, ou par des écarts de conduite. A l'exception de sa rupture avec Eva Longoria, Tony reste discret sur sa vie privée. En discutant avec lui, on comprend très vite que sa famille, ses amis, et sa compagne (la journaliste Axelle Francine) ont un rôle important dans sa vie, et qu'il aime partager ses moments de gloire avec eux.
Le minestrone de fruits et le sorbet coco tout juste terminés, on se dit que l'entretien touche déjà à sa fin (malheureusement). Mais Tony Parker doit rejoindre son public pour une séance d'autographes. Des fans de tout âge et de tout milieu attendent patiemment leur idole dans le hall de l'atelier Renault. T.P. arrive enfin sur scène, encadré d'un Renault Koleos et d'une Renault Captur. Des applaudissements retentissent, et l'on peut alors entendre parmi la foule venue l'acclamer des : "Tipi président ! Tipi président !"
Si Tony affirme "ne jamais parler de politique", peut-être verra-t-on l'homme qui "n'abandonne jamais" se présenter aux élections présidentielles de 2017 ? Le slogan est déjà tout trouvé : "persévérer plus, pour gagner plus".