Helene Hegemann "J'ai envie d'interagir avec ce que je vois, ce que j'entends, ce que je lis"

Votre livre a fait couler beaucoup d'encre, d'abord de manière extrêmement élogieuse, puis de manière très critique, lorsque des journalistes ont découvert que vous vous étiez inspirée d'autres écrits. On parle de plagiat et les accusations sont souvent dures. Comment défendez-vous votre travail de "réécriture" ?

Ce n'est pas de la réécriture. Quand je prends une phrase lue sur un blog ou dans un livre, ou bien que j'ai écoutée dans une chanson -et je précise que ce n'est qu'une phrase, pas plus-, je l'intègre dans un autre contexte, une autre histoire, qui m'est propre. Et quand je m'approprie une phrase, ce n'est parce que je la trouve belle, mais parce qu'elle m'inspire de nombreuses réflexions, parce que j'ai envie de l'analyser, de l'enrichir. C'est une manière d'interagir avec ce que je vois, ce que l'entends, ce que je lis.

Comprenez-vous que la critique littéraire ait réagi avec une telle véhémence ?

Non, pas du tout. D'abord les journalistes font tous la même chose, ils ne font que récupérer des phrases et ils ne font pas preuve de beaucoup de culture. Ce débat-là, autour de ce qu'est le plagiat et la liberté de s'inspirer, de s'enrichir d'autres auteurs, date de plus de 500 ans ! Pour moi, c'est plutôt dépassé. Et puis, la manière dont toutes ces discussions ont été menées montrent qu'il s'agissait surtout d'attaques personnelles, et qu'il ne s'agissait pas d'un vrai débat intellectuel.

Il y a finalement très très peu de phrases que qu'ai utilisées, sur un livre de 250 pages, mais personne ne le dit. C'est regrettable.

Vous êtes très jeune. Comment avez-vous vécu cet emballement médiatique ?  

Je n'accorde pas énormément d'importance aux médias. Je ne m'intéresse qu'au jugement des personnes à qui j'accorde du crédit. Il faut vraiment relativiser la légitimité de certains journaux.