Ces départements ne sont pas prêts pour la fin de vie, leurs équipements en soins palliatifs sont préoccupants
Alors que la loi sur fin de vie fait son chemin au Parlement, plusieurs territoires sont encore dépourvus d'Unités de Soins Palliatifs (USP), ces services hospitaliers spécialisés dont les lits sont totalement dédiés à la prise en charge palliative et à l'accompagnement de la fin de vie.
Les soins palliatifs, encadrés par la loi du 9 juin 1999, peuvent être assurés à l'hôpital ou à domicile par des équipes spécialisées. Fin 2021, la France comptait 171 USP, avec un total de 1980 lits. Cela représente environ 2,9 lits pour 100 000 habitants, selon le bilan publié en mars 2023 par le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, alors qu'il faudrait au moins 5 lits pour 100 000 habitants pour répondre aux besoins.
À ces USP s'ajoutent 5566 "lits identifiés de soins palliatifs", installés de manière mobiles dans des services hospitaliers non spécialisés. Ces lits accueillent des patients en fin de vie, pris en charge par des équipes soignantes formées en complément aux soins palliatifs. Malgré ces chiffres, l'accès aux soins palliatifs est jugé insuffisant. "50% des patients qui ont besoin de soins palliatifs n'y ont pas accès", assurait il y a quelques jours seulement la médecin Claire Fourcade à Radio Classique.
Les inégalités territoriales sont particulièrement marquées. D'après les données de 2023, 21 départements ne disposaient d'aucune USP en fin 2021 : Ardennes, Cher, Corrèze, Creuse, Eure-et-Loir, Gers, Indre, Jura, Lot, Lozère, Haute-Marne, Mayenne, Meuse, Orne, Pyrénées-Orientales, Haute-Saône, Sarthe, Tarn-et-Garonne, Vosges, Guyane et Mayotte.
Depuis, des avancées ont eu lieu. À Bourges, dans le Cher, une unité de six lits a ouvert en septembre 2024. À Cahors, dans le Lot, un service est mis en place depuis octobre 2024. D'autres départements vont ouvrir leur première unité en 2025. Dans l'Orne, le centre hospitalier de Flers ouvrira une unité dans les prochaines semaines. Les premiers patients y sont attendus pour l'été 2025 d'après Ouest-France. Une unité est également prévue au centre hospitalier de Remiremont, dans les Vosges, courant 2025, rapporte Vosges Infos. Et dans les Ardennes, un service de dix lits est en construction à l'hôpital de Sedan, d'après L'Ardennais.
L'an dernier, 19 départements restaient cependant sans USP. Tous les départements de métropole disposent néanmoins en 2025 de "lits identifiés" de soins palliatifs en équipe mobile ou de complément, des services utiles lorsqu'il n'y a pas d'USP. Avec ce type de renforts, la situation s'améliore : l'an dernier déjà, la Corrèze, la Creuse, le Cher le Gers et l'Indre comptaient ainsi avec les unités mobiles plus de 14,9 lits pour 100 000 habitants. L'Eure-et-Loir, le Lot, l'Orne et la Sarthe disposaient de 12,1 à 14,9 lits pour 100 000 habitants. La Haute-Marne, la Mayenne, la Meuse et les Vosges affichaient un niveau plus faible, entre 9,4 et 12,1 lits.
Les Ardennes, le Jura, la Lozère, les Pyrénées-Orientales, la Haute-Saône, le Tarn-et-Garonne et la Guyane sont les départements où la situation est plus préoccupante, avec autour de 9,4 lits pour 100 000 habitants. Mayotte, enfin, est le seul département français totalement dépourvu, sans unité de soins palliatifs ni lit identifié d'équipe mobile.