Cette petite ville va tripler sa population du fait d'une immigration soudaine, le maire se réjouit
Figueruelas, petite ville d'Aragon de 1 273 habitants située à une trentaine de minutes de Saragosse, s'apprête à vivre un bouleversement démographique : l'arrivée de milliers de travailleurs asiatiques d'ici l'an prochain fera presque tripler sa population. "Nous aurons 2 200 Chinois qui travailleront dans l'usine, je le répète, 2 200 personnes", s'est exclamé le maire de la ville, Luis Bertol, au micro Cadena SER de Saragosse, cité par El Pais.
Leur venue s'inscrit dans un projet industriel d'envergure : la construction de la plus grande usine de batteries lithium-phosphate d'Europe, portée par la multinationale automobile Stellantis, et le géant chinois de la technologie électrique, CATL. "Personne ne connaît cette technologie, ni en Aragon, ni en Espagne, ni même en Europe", a expliqué un expert du secteur automobile sous couvert d'anonymat. Soutenu par 133 millions d'euros d'aides publiques européennes, ce chantier colossal prévoit 4,1 milliards d'euros d'investissement et 3 000 emplois d'ici 2027. Les travailleurs venus de Chine poseront les premières pierres de ce projet d'ici l'année prochaine. L'expert a estimé "avoir la chance en Aragon" que l'usine soit construite par l'entreprise chinoise CATL, "car elle est la seule à posséder ce niveau d'expertise dans cette technologie, et c'est ainsi que nous pouvons apprendre."
Un village de mobil homes pour les loger
Avec une offre de logement quasi "nulle" selon le maire, la question se pose : où logeront ces travailleurs étrangers ? "La solution est de construire des mobil-homes". Comme l'a expliqué Luis Bertol à l'agence de presse, une réunion a eu lieu en avril dernier avec les représentants de l'entreprise afin d'informer sur la disponibilité de terrains à Figueruelas. "Je pense que l'option la plus viable est que ce soit à Figueruelas", a-t-il affirmé, en raison de la proximité avec l'usine en devenir et la disponibilité des terrains, bien que d'autres options sont envisagées et aucune décision n'ait encore été prise.
Il a souligné que la mairie mettra tous les moyens à la disposition de l'entreprise pour que ces travailleurs se sentent "à l'aise et en sécurité", afin qu'ils puissent réaliser leur travail. Le but ? Que le projet, "très bonne nouvelle" pour leur ville, se développe "de la meilleure façon possible". Ce village provisoire ne concernera toutefois que les ouvriers de la phase de construction. Les 3 000 salariés permanents qui rejoindront l'usine par la suite ne seront pas logés dans ces habitations préfabriquées.
"Nous souhaitons une immigration légale et ordonnée"
Compte tenu de l'ampleur du projet et du nombre de travailleurs à embaucher, c'est l'Unité des Entreprises et des Groupes Stratégiques du Ministère des Migrations et de la Sécurité Sociale qui se charge des démarches administratives, et non les délégations gouvernementales. "Le processus de sélection sera effectué sur le lieu d'origine, en bloc et avec la documentation réglementée et organisée depuis la Chine", a explique le délégué du gouvernement espagnol en Aragon, Fernando Beltrán. Premier processus de ce type dans la région, l'arrivée de ces travailleurs se fera par étapes, à partir de cette année et de l'année prochaine, jusqu'à la fin de la construction de l'usine.
Côté législation du travail, le secrétaire régional de l'UGT d'Aragon, José Juan Arceiz est catégorique : "Ils devront respecter les mêmes lois, accords et conditions espagnoles qu'ici, et nous veillerons à ce que ce soit le cas." Le président de l'Aragon, Jorge Azcón, lui aussi suit attentivement le processus. "Nous souhaitons une immigration légale et ordonnée, et que les gens puissent venir dans notre région pour trouver du travail, trouver leur place et contribuer à l'Aragon", a-t-il affirmé lors de la dernière Conférence des présidents, le 6 juin.
Pour lui, la coopération avec le gouvernement central autour des 2 000 permis de travail est un exemple à suivre, d'autant plus que l'Aragon est actuellement en désaccord avec Madrid sur la répartition des mineurs migrants. Ce projet industriel fait écho à un autre moment de l'histoire : il y a plus de quarante ans, c'était General Motors qui s'installait à Figueruelas, apportant avec elle des ouvriers américains, allemands et japonais. Aujourd'hui, selon El País, "une révolution sociale est assurée" dans cette commune rurale où l'on ne trouve qu'un seul bar, et à peine une centaine d'élèves à l'unique école du village.