Morale à l'école : que va-t-on enseigner exactement ?
Les enfants vont-ils devoir se lever lorsqu'un adulte entre dans la classe ? Devront-ils chanter la Marseillaise le matin ? Dans un entretien au Journal du dimanche, le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon déclare vouloir le retour de la "morale laïque" à l'école mais celle-ci, selon lui, ne doit pas s'apparenter à un "ordre moral" ou à l'instruction civique : "Le but de la morale laïque est de permettre à chaque élève de s'émanciper, car le point de départ de la laïcité c'est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix". Avec une mission de réflexion qui doit travailler dès septembre et pour plusieurs mois sur ces questions, Vincent Peillon veut harmoniser la "morale laïque" de l'école primaire jusqu'à la terminale. Cette mission devra "déboucher sur une refonte des programmes" avec trois objectifs annoncés par le ministre au Journal du dimanche : "qu'il y ait une cohérence depuis le primaire jusqu'à la terminale, que cet enseignement soit évalué, qu'il trouve un véritable espace". Il faudra donc attendre quelques mois avant de savoir précisément ce que contiendra cet enseignement de "morale laïque" dans les classes.
Vincent Peillon entend harmoniser tout ce qui a déjà été fait : "Il y a eu beaucoup de petits dispositifs. Je veux créer un consensus car cela va très au-delà du clivage gauche-droite", a-t-il expliqué lors de sa conférence de presse de rentrée. En 1985, le ministre Jean-Pierre Chevènement avait inscrit l'éducation civique au programme de la primaire, les paroles de la Marseillaise devant alors être enseignées aux enfants en classe. En 1999, Xavier Darcos remplace cette éducation civique par "l'instruction civique et morale". Les enseignants doivent alors expliquer des maximes à leurs élèves : "Ne pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu'il me fasse" ou "La liberté de l'un s'arrête où commence celle d'autrui". Le président de la République Nicolas Sarkozy donne alors les objectifs de ces enseignements : "Cette instruction civique et morale prévoit notamment l'apprentissage des règles de politesse, la connaissance et le respect des valeurs et emblèmes de la République française." En 2011, Luc Chatel, le deuxième et dernier ministre de l'Education nationale sous Nicolas Sarkozy, annonce quant à lui le retour de leçons de morale en primaire basées sur des "petits débats philosophiques".
EN VIDEO - Vincent Peillon a annoncé que 22 000 postes seraient ouverts au prochain concours des professeurs.