Ecole Stanislas : ce que contient le rapport accablant du ministère de l'Education nationale

Ecole Stanislas : ce que contient le rapport accablant du ministère de l'Education nationale Un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation nationale vise l'école Stanislas, établissement d'enseignement privé catholique où sont scolarisés les enfants d'Amélie Oudéa-Castéra. Homophobie, sexisme... Le document est accablant.

Mardi 16 janvier 2024, le journal Médiapart a décidé de publier en intégralité un rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale, daté de juillet 2023, au sujet d'une enquête administrative visant l'établissement d'enseignement privé catholique Stanislas, école dans laquelle la ministre de l'Education, Amélie Oudéa-Castéra avait reconnu avoir inscrit ses enfants. Ce document de 30 pages a été remis au ministère de l'éducation "le 1er août dernier" indique Médiapart.

La mission d'inspection a entendu ou rencontré pas moins de 106 personnes pour la conduite de cette enquête. Du directeur diocésain de l'enseignement catholique de Paris, aux personnels et étudiants de Stanislas, en passant par des préfets, documentalistes ou encore quatre inspecteurs du premier et du second degré de l'académie de Paris chargés du suivi du collège Stanislas. Un rapport qui fustige l'établissement qui accueille 3 500 élèves de la maternelle aux classes préparatoires. 

Des cours de catéchèse obligatoires

À Stanislas, tous les élèves doivent suivre une heure hebdomadaire de catéchèse, de la maternelle aux classes préparatoires, qu'ils soient catholiques ou non, sous peine d'exclusion. Ce qui représente une première dérive dans l'application du contrat d'association avec l'Etat. D'après la loi, les cours et les exercices religieux demeurent facultatifs dans le privé sous contrat. Or, le collège-lycée Stanislas impose dès l'inscription une "adhésion au volet "formation chrétienne" du projet éducatif". La mission d'inspection constate que les cours de formation chrétienne sont "présentés par la direction et l'encadrement de Stanislas comme un apport culturel dans la formation de l'élève". 

Des propos homophobes et anti-avortement

Des cours durant lesquels des intervenants tiennent des propos homophobes, anti-avortement et "font la promotion des thérapies de conversion", ce qui relève du code pénal. Certains catéchistes demandent à "pardonner aux violeurs". "L'avortement signifie (...) toujours tuer volontairement une personne humaine innocente" peut-on lire. Il est promis aux enfants qui ne sont pas baptisés qu'ils seront "damnés" et qu'ils iront "en enfer". C'est une "tendance au prosélytisme" selon certains parents interrogés. Un signalement a également été effectué auprès de la mission d'inspection pour des propos homophobes tenus par un catéchiste. En janvier 2023, il aurait parlé de "sodomie qui apporte le sida, de l'homosexualité qui est un péché, qui est une maladie qui vient du fait que maman a trompé papa". Un témoin indique également que "si on se sentait homosexuel, il fallait se faire soigner dans une structure religieuse au Canada".

Les inspecteurs ont constaté qu'un seul professeur de l'établissement respecte les programmes officiels en traitant de la contraception en classes de 4e et de 3e. Le contenu des enseignements en lien avec la sexualité n'est que partiellement renseigné sur la plateforme numérique de l'école. Certains cours d'éducation affective, qui remplacent les cours d'éducation sexuelle sont dispensés. C'est un "parti pris de mise à distance de la sexualité" pour la mission. Certains professeurs de SVT ne traitent pas non plus les questions inhérentes aux infections sexuellement transmissibles dénoncent les inspecteurs. Au même titre que l'absence de contraception d'urgence dans l'établissement.

Le sexisme grandement pointé du doigt

La pédagogie "violente" de Stanislas est également dénoncée dans le rapport. "Leur but est que les élèves donnent le meilleur d'eux-mêmes, non pas en les encourageant, mais en les rabaissant" explique un inspecteur. Une étudiante en classe préparatoire en 2020 et 2021 parle notamment de réflexions répétées sur sa tenue vestimentaire.

La mission estime également que la direction de Stanislas entretient des stéréotypes sexistes. "La mission relève sur vingt ans une préoccupation de l'apparence du corps féminin, qu'il faut cacher : vêtements opaques, épaules (couvertes), ventre (hauts sur le bas des hanches), cuisses (longueur des jupes et des robes), poitrine (pas de décolletés). Ce niveau de détails relève du sexisme". Enfin, la place des garçons et la culture de la non-mixité prônée à Stanislas pourrait "favoriser un climat propice à l'homophobie" selon les inspecteurs. Au lycée, la capacité d'accueil de l'internat des garçons est de 130 lits, seuls 26 lits sont dédiés aux filles. La proportion est de 473 pour 98 en classes préparatoires. Un membre du personnel interrogé reconnaît même que l'homophobie était "ouvertement assumée" au moment de la Manif pour tous.