Mort d'Alisha : témoignages et précisions sur le drame
[Mis à jour le 10 mars 2021 à 23h35] Que s'est-il passé, dans la soirée de lundi, sous le viaduc de l'autoroute A15 enjambant la Seine ? Le corps sans vie d'Alisha K. a été repêché à Argenteuil, dans le Val-d'Oise, alors qu'il se trouvait immergé dans un mètre d'eau. Lors de sa conférence de presse ce mercredi, le procureur de Pontoise est revenu sur les circonstances de la mort de la collégienne de 14 ans, scolarisée au lycée privé professionnel Cognacq-Jay, à Argenteuil. Les auteurs présumés des faits, une fille et un garçon de 15 ans, ont été déférés cet après-midi pour "l'ouverture d'une information judiciaire pour des faits d'assassinat avec réquisition de mandat de dépôt", a fait savoir Éric Corbaux. Ils ont ensuite été mis en examen pour assassinat, a annoncé le parquet de Pontoise dans la soirée ce mercredi. Le parquet a décidé de retenir la piste de "l'homicide volontaire avec préméditation". Les deux suspects encourent jusqu'à 20 ans de prison et non la perpétuité, en raison de leur minorité.
Au cours de leur interrogatoire, "ils n'ont pas fait part non plus d'un remords immédiat", a rapporté Eric Corbaux, qui a évoqué les "futilités" ayant entraîné le déferlement de violence dont a été victime Alisha. D'après l'autopsie, réalisée plus tôt dans la matinée, la jeune fille a perdu la vie des suites d'une asphyxie "pouvant s'accorder avec une mort par noyade". Les premiers éléments de l'enquête révèlent qu'elle a été frappée par l'adolescent, avec qui elle avait entretenu une histoire, puis jetée encore vivante dans la Seine, avec l'aide de la fille. La violence de l'altercation a été telle que des taches de sang étaient encore visible, le lendemain, sur la berge. Le corps d'Alisha a pu être retrouvé, en contrebas d'une petite rue menant aux berges d'Argenteuil, après un signalement de la mère du suspect.
Un acte violent et prémédité ? Des SMS accablants
La mort d'Alisha s'inscrit dans un contexte de rivalité amoureuse et de cyberharcèlement. Les trois mineurs fréquentaient la même classe. Un conflit aurait éclaté entre les trois adolescents en classe de Troisième, bons amis depuis leur rencontre en début d'année 2020. Alisha et le jeune suspect ont entretenu une brève relation avant que ce dernier ne s'entiche de l'autre fille. "Les deux jeunes filles gardent des relations amicales, ce que le jeune homme a du mal à accepter", a expliqué Éric Corbaux, qui a détaillé la succession d'événements ayant mené à cet acte violent et incompréhensible. En février dernier, une photo en sous-vêtements de la victime a été diffusée sur Snapchat, sans son consentement, après un piratage de son téléphone. Si aucune plainte n'a été déposée au commissariat d'Argenteuil, le jeune homme a tout de même été exclu provisoirement du lycée et devait passer en conseil de discipline le 9 mars. Les deux adolescentes ont ensuite eu une bagarre, dans les toilettes de l'établissement, et qui a donné lieu à l'expulsion de la suspecte.
Les faits se sont déroulés entre 13h35 et 17 heures. La préméditation du geste ne fait d'ailleurs guère de doute, si l'on en croit les SMS échangés entre les deux suspects au préalable. Ceux-ci ont évoqué "des choses à faire" avec la victime, selon le procureur de la République de Pontoise. Les deux jeunes filles se sont retrouvées à l'ombre du viaduc de l'autoroute A15, sur le quai Saint-Denis, un lieu familier à l'écart des regards. Puis, les coups sont tombés, par surprise. Dissimulé derrière un pilier, "il lui aurait donné par surprise des coups au visage, lui aurait tiré les cheveux puis lui aurait fait une balayette la faisant tomber au sol. Il lui aurait donné des coups de pied, alors qu'elle était au sol, dans le dos et la tête", avant de la jeter dans la Seine, a détaillé Éric Corbaux. Ils sont ensuite rentrés chez eux, ont changé leurs vêtements tachés de sang puis ont été se réfugier chez un ami à Argenteuil, avant d'être interpellé vers 2 heures du matin. Pour l'heure, les deux mineurs vont être vus par des éducateurs de l'unité éducative du tribunal. Le parquet ayant requis un mandat de dépôt, un juge des libertés devra statuer sur leur détention, dès ce mercredi soir.