Valentin Marcone : qu'a avoué le suspect du double-meurtre lors de sa garde à vue ?

Valentin Marcone : qu'a avoué le suspect du double-meurtre lors de sa garde à vue ? Le suspect du double-meurtre dans les Cévennes est passé aux aveux, pendant sa garde à vue. Valentin Marcone s'était rendu aux autorités vendredi 14 mai, après plusieurs jours de traque dans la forêt. L'homme de 29 ans est a été mis en examen pour "assassinats".

[Mis à jour le 16 mai à 13h24] En garde à vue depuis son interpellation, vendredi, Valentin Marcone "a avoué son double-crime", a indiqué le procureur de la République de Nîmes, lors d'une conférence de presse dimanche. Le suspect a été mis en examen pour "assassinats", la qualification de préméditation étant donc retenue. L'homme de 29 ans risque ainsi la réclusion criminelle à perpétuité. Mardi 11 mai, dans le village des Plantiers où il réside et travaille, il aurait tiré à trois reprises sur son employeur et un collègue de travail, selon ses propres aveux, après une "altercation au sujet de ses conditions de travail et du paiement d'heures supplémentaires", a détaillé le procureur. Le drame serait arrivé après une "conversation entre son patron et son collègue sur un possible licenciement pour faute grave", a précisé Bertrand Michel, commandant de la Section de recherches de Nîmes. 

C'est la famille de Valentin Marcone qui aurait ensuite donné l'alerte aux forces de l'ordre. Valentin Marcone est parti en forêt avec deux armes, dont il se serait rapidement débarrassé. Le tueur présumé s'est terré dans un "trou à sanglier, qu'il a agrandi et masqué avec des feuillages". Vendredi 14 mai, vers 19 heures, Valentin Marcone s'est rendu aux autorités, en déclarant "excusez-moi, je me rends", près de l'église Saint-Marcel de Fontfouillouse, dans la commune des Plantiers. La traque du suspect aura duré en tout "83 heures", selon le commandant. Les recherches ont été très difficiles, plus de 350 gendarmes et hommes du GIGN ont été mobilisés dans un secteur de recherches décrit comme "extrêmement complexe d'accès, extrêmement dangereux et pratiquement impraticable la nuit", par le général de gendarmerie Philippe Ott. 

Qu'a avoué Valentin Marcone aux gendarmes ? 

Le suspect du double-meurtre est entendu par les forces de l'ordre depuis vendredi en début de soirée. Sa garde à vue doit être levée en début d'après-midi, dimanche 16 mai. Valentin Marcone s'est montré "extrêmement coopératif", selon les autorités. Il raconte qu'il est arrivé sur son lieu de travail, une scierie des Plantiers, dans le Gard, le mardi 11 mai au matin, "muni d'une arme approvisionnée", indique le procureur de Nîmes. Après une ""altercation au sujet de ses conditions de travail et du paiement d'heures supplémentaires", et un "échange de mots très rapide" avec son patron, il s'est "emparé de cette arme pour faire feu". Il aurait ainsi tiré à trois u quatre reprises sur les deux victimes, d'abord sur son employeur puis sur son collègue de travail. "Il n'a pas fait part de regret, puisqu'il se positionne comme une victime qui a réagi face à ce qu'il considère comme une agression", a expliqué Bertrand Michel, commandant de la Section de recherches de Nîmes. 

Comment Valentin Marcone s'est-il rendu ? 

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé que Valentin Marcone s'était "rendu", vendredi 14 mai, lors d'une "belle manœuvre dans un environnement très exigeant : dans les airs, dans la garrigue, de jour et de nuit". Cela s'est produit à 19h25, selon les sources du Parisien, autour de l'Église Saint-Marcel de Fontfouillouse, situé à environ 3 km du village des Plantiers, dans la forêt. Le suspect se serait rendu aux gendarmes, sans résister. Valentin Marcone était habillé d'une tenue de camouflage, "terré". "On venait de trouver sa cache quelques instants avant qu'il ne se rende", a précisé une source proche de l'enquête à l'AFP, citée par Le Monde. "Il est sorti d'une de ses caches, sans ses armes, et s'est présenté les mains en l'air devant une des patrouilles de gendarmerie", a expliqué le colonel Laurent Haas, commandant du groupement de gendarmerie du Gard. Le suspect du double-meurtre aurait déclaré "excusez-moi, je me rends". Il était apparemment "extrêmement affaibli, hagard. Il a fallu lui donner à manger et à boire", a précisé le commandant des opérations. 

Comment s'est organisé la traque dans les Cévennes ?

Des moyens importants ont été déployés pour diverses levées de doute, avec huit hélicoptères, des équipes cynophiles et le GIGN. Des spécialistes en négociation ont aussi été mobilisés. "On a aucun signe de lui depuis trois jours," avait indiqué le commandant de gendarmerie. Au cours de la traque, des habitants ont appelé la gendarmerie pour mentionner des coups de feu qu'ils auraient entendu mais jusqu'à présent, toutes les vérifications ont invalidé ces témoignages. En conférence de presse, les forces de l'ordre ont évoqué la possibilité d'une confusion avec le bruit des "claquements" des hélicoptères utilisés lors des fouilles, qui pourraient être confondus avec des tirs, pour des oreilles non habituées à ce son. Par ailleurs, quatre familles du village des Plantiers ont été évacuées et sécurisées par les forces de l'ordre, car elles étaient "potentiellement ciblées" par Valentin Marcone.

Où Valentin Marcone s'est-il réfugié pendant trois jours ?

Valentin Marcone s'est réfugié en forêt, il est parti avec deux armes, dont il s'est rapidement débarrassé, selon les autorités. Il s'est caché dans un "trou à sanglier", qu'il a agrandi et recouvert de feuillages. Il n'a pas préparé un "poste de combat", selon les gendarmes. Le secteur de recherche privilégié était celui de la forêt que Valentin Marcone connaît bien, sur un "secteur de 15km2". Au fur et à mesure des fouilles, des secteurs différents ont été examinés par les gendarmes, qui ont déplacé progressivement leur zone de recherche. "Le but, c'est de l'encercler dans un périmètre," a déclaré dans un entretien au Parisien Bernard Meunier, ancien négociateur qui a opéré pendant dix ans au GIGN.

Il s'agissait d'un terrain difficile, sur lequel Valentin Marcone avait un certain avantage puisqu'il le connaît bien, et qui présentait notamment de nombreuses grottes naturelles permettant de se cacher. Une hypothèse voulait que le fugitif ait installé dans la forêt cévenole un "poste de combat", avec cette précision que Valentin Marcone avait accumulé de nombreux "sacs de sable" qui pouvaient être utilisés dans ce but. De leur côté, les forces du GIGN étaient surentraînées et formées en milieux hostiles, avec ces dernières années une multiplication de leurs opérations face à des "forcenés improvisés", qui représentent 6 interventions sur 10, selon le Parisien.

Qui est Valentin Marcone ? Quel est son profil ?

Âgé de 29 ans, l'homme qui s'est rendu aux autorités est en couple et père d'une petite fille d'un an. Les forces de l'ordre avaient diffusé un appel à témoins et une photographie de Valentin Marcone, a priori armé d'une arme de poing et d'un fusil à lunette. Un véritable arsenal a été découvert à son domicile. "Cet individu s'entraînait très régulièrement au tir, notamment au tir à longue portée," a précisé le gendarme Philippe Ott en conférence de presse. Ce dernier a évoqué le terme de "survivaliste", mais cette déclaration a été relativisée par le procureur de la République de Nîmes, Eric Maurel, qui a évoqué lors de la même conférence de presse ce jeudi des "aptitudes de survie", sans lien a priori avec une organisation quelconque.

Valentin Marcone aurait par le passé souhaité intégrer l'armée en tant que tireur d'élite, sans succès. Il est dépeint comme un solitaire, éventuellement "paranoïaque", bien qu'il faille attendre qu'il soit vu par un psychiatre pour pouvoir l'affirmer. Selon le procureur de la République, Valentin Marcone présente une "véritable dangerosité". Un "basculement" avait été observé dans son comportement ces derniers jours. Il se rendait sur son lieu de travail avec un gilet pare-balles ces derniers temps. L'homme était également très procédurier et a déposé de nombreuses plaintes dont la plupart ont été classées sans suite. Valentin Marcone aurait également eu plusieurs conflits avec le maire du village des Plantiers, à l'Ouest d'Alès.

Lors d'une conférence de presse, dimanche 16 mai, le suspect du double-meurtre a été décrit comme "extrêmement coopératif". Le procureur de la République de Nîmes parle d'un "jeune homme calme, qui s'exprime et qui est cohérent". "Rien ne permet de dire s'il est paranoïaque. Ce sera aux experts de se prononcer. On sent que c'est quelqu'un qui avait peur et ressentait de la peur. C'est cette peur des habitants de son village qu'il l'avait conduit à porter un gilet par balles à son travail depuis trois ans. C'est aussi dans cet état d'esprit qu'il a mis un système de vidéoprotection autour de son domicile", a ajouté Éric Maurel. 

De quoi Valentin Marcone est-il suspecté ? Les faits

Aux alentours de 8h, mardi 11 mai, des coups de feu ont éclaté à la scierie des Plantiers, dans les Cévennes. Depuis quelques temps, les rapports de Valentin Marcone s'étaient dégradés avec son patron, Luc Teissonnière, en raison notamment de retards que celui-ci reprochait à son employé. Ce mardi, le chef d'entreprise aurait fait le reproche à Valentin Marcone de ne pas lui avoir dit bonjour, selon les précisions apportées par le Parisien. C'est alors que Valentin Marcone aurait sorti son pistolet et tiré sur son patron. Un autre employé aurait alors tenté de s'interposer, avant d'être ciblé à son tour par le suspect. Valentin Marcone serait ensuite rentré à son domicile, peut-être pour récupérer une arme à longue portée, avant de s'enfuir dans la forêt. Les deux victimes sont décédées.

L'appel d'un père à son fils

"Son entourage est plutôt dans l'incompréhension," a déclaré le procureur de la République. Pour convaincre Valentin Marcone de se rendre, son père, Frédéric Marcone, lui a adressé un message par le biais de la gendarmerie : "Valentin, c'est papa, je t'aime, on t'aime. (...) J'ai la garantie qu'il n'y aura pas feu si tu te rends maintenant, mon fils fais-moi confiance. (...) Iroise est magnifique, elle a dormi dans mes bras pendant deux heures, elle a besoin de toi, de son papa, Blandine a besoin de toi, elle est forte, elle a besoin de toi." Dimanche 16 mai, la gendarmerie a indiqué que Valentin Marcone n'avait pas entendu cet appel, car il ne disposait pas de moyen de communication.