Tir mortel à Nice : le policier mis en examen, la colère de la famille de Zied

Tir mortel à Nice : le policier mis en examen, la colère de la famille de Zied NICE. Le policier auteur du tir mortel à Nice a été mis en examen pour "violences volontaires ayant causé la mort sans intention de la donner". Une erreur policière est suspectée tandis que la famille du conducteur décédé dénonce un tir injustifié.

[Mis à jour le 12 septembre à 10h38] Y a-t-il eu une bavure policière ? C'est la question qui gravite autour du refus d'obtempérer qui s'est soldé par un mort, le 7 septembre à Nice. Le policier auteur du tir mortel a été mis en examen pour "violences volontaires ayant causé la mort sans intention de la donner" le 9 septembre et est depuis placé sous contrôle judiciaire avec l'interdiction de porter une arme. La décision du juge d'instruction a été en-deçà des réquisitions du parquet qui réclamait une mise en examen pour "homicide involontaire".  

L'homicide volontaire est aussi ce que cherchent à faire reconnaître les avocats de la famille de Zied B., le conducteur décédé. Pour Me Sefen Guez Guez et Me Ouadie Elhamamouchi, contacté par le Parisien, "il n'y a pas de doute sur l'intention du policier de tuer, compte tenu de la distance entre celui-ci et le conducteur". Tous les deux, comme la mère du conducteur décédé, assurent que la vidéo du tir policier atteste leur thèse et discrédite les explications avancées par certains syndicats de police pour qui la légitime défense et le "risque immédiat d'atteinte à l'intégrité physique du policier et à celle de son collègue" justifient l'ouverture du feu. Les images filmées de la scène montrent que l'auteur du tir se trouve à proximité de la fenêtre conducteur du véhicule interpellé tandis que son coéquipier est au volant de la voiture de police et que le suspect redémarre sa voiture pour tenter de fuir sans pour autant foncer dans le véhicule de la brigade dé sécurité routière. Quant au fait que le tir ait pu être un moyen d'arrêter Zied après ses refus d'obtempérer, la mère du jeune homme rétorque dans les colonnes du journal francilien : "Les policiers auraient pu arrêter mon fils différemment, en tirant sur la voiture, sur les pneus par exemple… Ils auraient pu l'avertir en tirant ailleurs que directement sur lui, à si courte distance".

Que s'est-il passé avant le tir policier à Nice ?

Un policier de 23 ans a ouvert le feu à Nice le mercredi 7 septembre. Il est autour de 16h30 quand la brigade de sécurité routière prend en chasse un véhicule à la conduite dangereuse sur la voie publique. La poursuite dure sur quelques kilomètres avant que la voiture suspecte conduite par Zieb B, un trentenaire d'origine tunisienne, soit coincée dans le flux de circulation. Le conducteur opère un demi-tour et se retrouve nez-à-nez avec la police. Dans un nouveau refus d'obtempérer, l'homme tente d'échapper aux forces de l'ordre en multipliant les manœuvres en vain. Selon la procureure de la République, Maud Marty, Zied a percuté à deux reprises le véhicule de police blessant légèrement deux policiers au moment des chocs. C'est pendant ce face à face que le policier auteur du tir est descendu de son véhicule prenant en joue le conducteur à seulement quelques centimètres de la fenêtre du véhicule avant de tirer et de le blesser mortellement au thorax.

La vidéo du tir policier à Nice

Les images de la vidéo de Nice-Matin montrent la scène où les véhicules se font face sous différents angles. L'on voit le policier à l'origine du tir en dehors de la voiture de police et proche de la fenêtre du SUV gris à l'intérieur duquel se trouve Zieb, le conducteur interpellé. Le SUV enclenche une marche arrière puis une marche pour essayer de contourner le véhicule de police sans foncer sur la brigade de sécurité routière, c'est après cette tentative que le policier ouvre le feu alors qu'il est proche de la fenêtre conducteur. 

Sur la vidéo, seul le jeune fonctionnaire de 23 ans se trouve en dehors du véhicule du police, son coéquipier semble au volant de la voiture de la brigade. Pourtant, un syndicat de police a avancé qu'un second policier se trouvait dehors et risquait d'être percuté voire écrasé par le véhicule suspect. Une ligne de défense immédiatement mise à mal lors de la publication de la vidéo.

Qui est le policier qui a tiré ?

Le policier auteur du tir est un jeune fonctionnaire de 23 ans selon les déclarations de Laurent Martin de Frémont, la secrétaire départemental d'Unité SGP Police qui a été interrogé par BFM Nice Côte d'Azur. Le représentant syndical ajoute que le policier "a fait feu pour protéger son collègue". "La police ne tue pas, la police se défend" a également réagi le syndicat de police auprès de Nice-Matin. Laurent Martin de Frémont a enfin déclaré être inquiet pour le policier tireur qui a été emmené par les sapeurs-pompiers avec les faits. Le jeune policier aurait été placé en garde à vue dans les heures qui ont suivi les faits et serait toujours auditionné ce jeudi 8 septembre selon les informations de RTL.

Deux enquêtes ouvertes

Quelques heures seulement après le refus d'obtempérer, la procureure de la République Maud Marty a annoncé l'ouverture de deux enquêtes. L'une a été confiée à la la brigade criminelle de la Sureté départementale pour tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique en plus de refus d'obtempérer et recel de véhicule volé. D'après les premières informations le véhicule que conduisait Zied B., était signalé volé.

L'Inspection générale de la police nationale a été saisie de la seconde enquête et doit "déterminer dans quelles circonstances le tir est survenu". Dans le cadre de la première enquête, le passage du véhicule a été placé en garde à vue. A l'issue de la garde à vu du policier, l'IGPN a mis en examen le fonctionnaire de 23 ans pour "violences volontaires ayant causé la mort sans intention de la donner" et non pour "homicide involontaire" comme souhaité par le parquet. Le policier est également placé sous contrôle judiciaire et interdit de port d'arme.