Charles Sobhraj dit "Le Serpent" libéré : ce qu'on sait vraiment de son passé criminel
Charles Sobhraj. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant. Surnommé "Le Serpent", on attribue à ce Français de 78 ans, détenu jusqu'ici dans la prison centrale népalaise de Katmandou, de nombreux meurtres. Escroc et tueur en série notoire, il a sévi durant les années 70 sur les routes d'Asie, s'attaquant en particulier à des jeunes routards qu'il droguait, détroussait et tuait. Mercredi 21 décembre 2022, la Cour suprême du Népal a jugé que l'homme emprisonné dans la république himalayenne depuis près de 20 ans devait être libéré pour raisons médicales. Le document officiel explique ainsi que "le maintenir continuellement en prison n'est pas conforme aux droits humains du prisonnier. S'il n'y a pas d'autres affaires en cours contre lui pour le maintenir en prison, cette cour ordonne sa libération aujourd'hui et [...] le retour dans son pays dans les quinze jours".
Reconnu coupable de plusieurs assassinats en Asie donc, Charles Sobhraj a également été accusé de nombreux autres meurtres pour lesquels sa culpabilité n'a pas été démontrée. Outre les crimes qui lui sont attribués, le personnage s'est fait connaître comme un escroc et un expert en poison. Charles Sobhraj a débuté ses méfaits par de petits vols avant d'être apparenté au grand banditisme en faisant de sa spécialité le vol des touristes en Asie qu'il droguait au préalable.
Charles Sobhraj "Le Serpent" accusé d'une vingtaine de meurtres
De 1975, date du premier meurtre dans lequel il est impliqué, à 2003, sa dernière arrestation, "Le Serpent" n'a pas connu beaucoup de répit. Il est d'abord relié au meurtre d'une touriste américaine, Teresa Ann Knowlton, retrouvée morte en bikini et privée de ses papiers et de son argent sur une plage thaïlandaise. Une vingtaine d'autres meurtres est attribuée à Charles Sobhraj grâce à un mode opératoire propre au tueur découvert en 1976 mais sans que la culpabilité du "Serpent" n'ait été démontrée. L'homme et sa compagne de l'époque, avaient alors pris l'habitude de sympathiser avec des routards et des touristes occidentaux pour pouvoir les droguer avant de voler leurs papiers et de les assassiner. Les victimes, hommes ou femmes, pouvaient être étranglées, brûlées, battues ou empoisonnées. Les passeports des victimes masculines servaient ensuite à Charles Sobhraj pour se déplacer de pays en pays, car Le Serpent a sévi entre la Thaïlande, l'Inde et le Népal.
L'histoire du "Serpent"
"Le Serpent" a en partie grandi en France. Né à Saïgon, en Indochine française, en 1944, d'une mère vietnamienne et d'un père Indien qui ont divorcé alors qu'il avait 3 ans, Charles Sobhraj est d'abord resté avec son père au Vietnam. L'enfant a obtenu la nationalité française lorsque sa mère s'est mariée avec un militaire français qui a adopté le jeune Charles à Marseille. Il commettra plusieurs vols et délits en France qui l'enverront en prison pour quelques années et à deux reprises.
En 1970, accompagné de son épouse de l'époque, il se dirige vers l'Inde où il ciblera principalement les touristes pour les dépouiller. Traqué par les autorités en Inde et un temps emprisonné, Charles Sobhraj parvient à s'évader en droguant le gardien et quitte le pays avant d'y retourner en 1974 pour établir un nouveau réseau. C'est l'année suivante que de nombreux meurtres lui sont attribués, dont les "meurtres en bikini". Le premier qui lui est attribué est celui de Teresa Ann Knowlton, une jeune touriste américaine qu'il a droguée puis habillée en bikini avant de l'étrangler sur une plage Thaïlandaise. Une vingtaine lui seront ensuite attribués.
Arrêté à Katmandou en 2004, la capitale népalaise, Charles Sobhraj sera condamné par la plus haute juridiction une première fois à une peine à perpétuité pour le meurtre de l'américain Connie Joe Bronzich, au Népal, en 1975. Dix ans plus tard, La Cour suprême du pays a condamné le tueur en série une deuxième fois à la prison à vie pour le meurtre de Laurent Carrière, un voyageur canadien.
Charles Sobhraj, un voisin pas comme les autres
Dans les colonnes du Petit Journal, en avril 2021, la Française Nadine Gires, qui a contribué à l'arrestation du tueur en série, était revenue sur la personnalité de Charles Sobhraj. "Il a été notre voisin entre octobre 1975 et avril 1976", rappelait-elle, faisant allusion à son ex-mari, avant de décrire un individu tout à fait charmant et cultivé à première vue. "Quand on ne sait pas que c'est un assassin, c'est un homme agréable en société, il parle plusieurs langues, il est cultivé, c'était intéressant de l'avoir comme voisin", expliquait-elle, avant de nuancer : "Mais le jour où l'on a compris qu'il commettait des meurtres, cela a été difficile de garder la face devant lui, j'ai eu des moments d'angoisses terribles."
"Mon ex-mari avait compris très tôt que ce gars n'était pas clair, mais de là à imaginer qu'il tuait des gens…", racontait encore Nadine Gires. Et d'ajouter : "C'est vrai que c'était bizarre, car toutes les personnes qui venaient chez lui tombaient malades." Auprès du Petit Journal, elle avait confié même une anecdote : "Un jour, je lui ai demandé : 'Mais qu'est-ce qu'il se passe chez toi Charles, tout le monde tombe malade ?' Il m'a simplement répondu : 'Oh tu sais, ce sont des routards, ils mangent dans la rue, avalent et boivent n'importe quoi, c'est la tourista'."
Une histoire médiatisée sur Netflix par la série "Le Serpent"
Outre plusieurs livres retraçant son parcours, c'est grâce à la série Netflix "Le Serpent" que l'effroyable parcours de cet homme s'est plus largement fait connaître. Co-produite par la BBC, cette série avait explosé le compteur les visionnages à sa sortie. Rien que sur l'application BBC iPalyer, en février 2021, la série comptabilisait plus de 31 millions de visionnages selon le Dailymail. Tout au long de huit épisodes d'une heure c'est l'acteur Tahar Rahim qui prête ses traits au criminel. Le succès de la série sur Netflix mais également sur la BBC semble être remonté aux oreilles du criminel qui selon Franceinfo devrait cette fois-ci faire adapter son histoire au cinéma.
Charles Sobhraj, bientôt de retour en France ?
Un "retour dans son pays dans les quinze jours". Tels sont les mots des autorités népalaises. En somme, à moins d'un incroyable rebondissement, Charles Sobhraj devrait prochainement rejoindre le trottoir français. Qu'en disent les autorités ? La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a réagi à la nouvelle ce jeudi 22 décembre, reconnaissant avoir "été informé[e] que la Cour suprême du Népal avait accepté le recours de M. Charles Sobhraj en demandant sa libération compte tenu de son âge et de son état de santé, et son expulsion vers la France". Pour autant, elle a affirmé n'avoir, à ce stade, encore rien reçu de la part des autorités népalaises. "Si une demande d'expulsion leur est notifiée, la France serait tenue d'y faire droit puisque M. Sobhraj est un ressortissant français", a-t-elle cependant concédé.