Monique Olivier dit-elle tout ce qu'elle sait sur les crimes de Michel Fourniret ?

Monique Olivier dit-elle tout ce qu'elle sait sur les crimes de Michel Fourniret ? Monique Olivier est passée à la barre pour témoigner lors du procès sur les affaires Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin, le 5 décembre. Mais la cour semble avoir des doutes sur la sincérité de l'ex-femme de Michel Fourniret.

Il est le témoignage le plus attendu, celui de Monique Olivier. Au sixième jour du troisième procès dans l'affaire Michel Fourniret, l'ex-femme de "l'ogre des Ardennes" a été interrogée sur les disparitions de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish, le mardi 5 décembre. La première a disparu en juillet 1988 à Auxerre sur le chemin entre le foyer où elle vivait et la gare ; la seconde a été retrouvée morte, immergée dans l'Yonne, à quelques kilomètres d'Auxerre en mai 1990.

Après des années d'enquête, la juge d'instruction Sabine Khéris avait réussi à obtenir des aveux de Michel Fourniret dans ces deux affaires à la fin des années 2010. La magistrate avait également obtenu des déclarations de la femme de l'"ogre", mais cette dernière, qui a toujours minimisé son rôle dans les crimes de son ex-mari, a-t-elle dit tout ce qu'elle sait sur ces affaires… ou sur d'autres ?

"Si je le savais… Je le dirais"

Ce n'est pas la première fois que Monique Olivier est interrogée sur les affaires Domèce et Parrish : 22 interrogatoires ont eu lieu depuis 2018. Avant cela, l'"ogresse" des Ardennes avait tour à tour avoué les faits et démenti ses propres déclarations. "Est-ce que vous êtes prête à nous donner davantage de précisions ?", a alors demandé le président de la cour, Didier Safar, au procès le 5 décembre. Réponse de l'accusée : "Je vais essayer".

Monique Olivier a renouvelé sa version des faits sur la disparition de Marie-Angèle Domèce disant avoir servi d'appât pour faire monter la jeune fille dans le véhicule dans lequel se dissimulait Michel Fourniret, l'avoir conduite sur un chemin à l'écart puis avoir quitté la voiture sur ordre de son mari pour qu'elle "n'assiste pas à ce qu'il allait faire", rapporte la journaliste de franceinfo présente à l'audience Elle dit tout ignorer du reste des événements, notamment de l'emplacement du corps de Marie-Angèle Domèce. "Si je le savais je le dirais, pourquoi je ne le dirais pas ? Par méchanceté ? Je vais mourir en prison, pourquoi je ne le dirais pas ?", a déclaré à la barre l'accusée face à une cour pas convaincue de sa sincérité : "Est-ce qu'on doit vous croire lorsque vous dites que vous ne savez pas ?" Le discours de Monique Olivier est le même quand à la localisation du corps d'Estelle Mouzin, face à la famille de la victime elle a assuré : "Je ne fais pas exprès, c'est pas par méchanceté, cruauté mais je ne sais pas où est le corps d'Estelle".

Alors que le doute est permis et que certains sont persuadés que la femme de 75 ans ne dit pas tout, notamment les familles des victimes qui sont toujours en attente de réponses, la magistrate Sabine Khéris, également entendue à la barre, "pense que [Monique Olivier] est allée jusqu'où elle pouvait aller". La juge d'instruction se pose toutefois la question de possibles nouveaux aveux d'une Monique Olivier "insondable".

Des souvenirs qui s'embrouillent

Plus de trente ans après les disparitions de Marie-Angèle Domèce et de Joanna Parrish, vingt ans pour celle d'Estelle Mouzin, Monique Olivier a-t-elle toujours les détails du déroulé des faits en tête ? L'accusée a déjà justifié ses rétractations et ses contradictions par des "pertes de mémoire". Mais l'excuse de l'amnésie n'est pas acceptable pour Didier Safar qui a rappelé à la septuagénaire que ses "capacités mnésiques sont intactes" d'après les experts, comme l'indique 20Minutes. L'ex-femme de Michel Fourniret maintient tout de même que "certains souvenirs ont du mal à revenir, […] c'est embrouillé. Je ne peux pas répondre". Interrogée sur le nombre de meurtres elle a dit préférer ne pas s'en souvenir - "il y en a tellement eu" - quant aux noms et aux visages, ils s'embrouillent d'après elle.

Un des avocats des familles de victimes, Didier Seban, se montrait pourtant serein et optimiste quant à la coopération de Monique Olivier face à la presse au début du procès : "Je la vois différente, je pense qu'elle a acquis une certaine liberté d'expression, elle parle plus, elle répond davantage aux questions".

"Je ne peux pas dire que je participe"

"Je ne suis pas innocente" a lancé Monique Olivier au premier jours du procès, le 28 novembre. Une évidence qu'elle ne peut nier puisque déjà condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sureté de 28 ans en 2008 et à vingt ans de prison pour une autre affaire de complicité de meurtre en 2018.

L'ex-femme de Miche Fourniret n'a toutefois jamais cessé de minimiser son rôle ou d'évoquer une participation obligée par la crainte ou l'emprise qu'exerçait, selon ses dires, son mari sur elle. "Vous savez ce qu'il va se passer, vous êtes active", lui a rappelé un assesseur durant l'audience d'après le compte rendu de franceinfo, mais l'accusée, fidèle à sa version, a rétorqué : "Je ne peux pas dire que je participe. Il me demande de le faire. Je ne le fais pas par plaisir, c'est comme une obéissance." Et d'expliquer encore : "Je suis restée comme une idiote". Monique Olivier doit à nouveau être interrogée, cette fois sur l'affaire de la disparition d'Estelle Mouzin, lundi 11 décembre après le report de son interrogatoire initialement prévu le 8 décembre.