Mosquée menacée de fermeture à Marseille : l'imam accusé d'incitation à la haine dénonce "une décision politique"
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a signalé mardi 20 août dans un communiqué lancer une procédure de fermeture administrative à l'encontre de la mosquée des Bleuets à Marseille suite à des "propos légitimant la violence" qui y auraient été tenus depuis des années. La mosquée a dix jours pour se défendre et tenter d'éviter la fermeture. De tels propos sont notamment attribués à l'imam français Ismaïl. Il est accusé par le ministère de l'Intérieur de tenir "un discours incitant à la discrimination et à la haine contre les femmes, notamment par des prêches légitimant le viol conjugal ou la polygamie". Il aurait notamment déclaré en 2017 que "la femme n'a pas le droit de se refuser à l'homme" et que "l'homme n'a pas le droit de se refuser à son épouse".
L'imam de 43 ans, qui opérerait dans la mosquée depuis 14 ans, est surveillé par les services de renseignements depuis 2017 et plusieurs de ses conférences ont déjà été interdites. Très suivi sur les réseaux sociaux, le religieux y prêcherait une pratique radicale de l'islam. "La question, ce n'est pas que dans un texte écrit il y a mille ans, il y ait des textes forcément datés. Le problème, c'est de postuler sur les réseaux sociaux en 2020 que le viol conjugal est légitime. C'est ça le problème, pas des textes anciens", a expliqué à l'AFP le préfet de police Pierre-Édouard Colliex
L'imam se défend
L'accusé a réagi auprès de BFMTV, niant les faits qui lui sont reprochés. Il assure qu'il s'agit d'un "ramassis de mensonges". Il se justifie en expliquant qu'il exposait à l'époque les "droits et devoirs entre époux et épouse" et évoquait le principe "d'équité". Rappelant que c'est "interdit en France", il conteste légitimer la polygamie. "Il faudrait arrêter l'hypocrisie. On vit dans un pays où les hommes et les femmes de n'importe quelle confession ont plusieurs relations amoureuses", a-t-il déclaré en relevant que le "polyamour est légitime". Discours assez similaire concernant l'appel à la violence : "En aucun cas on a appelé à la haine, à la violence, on a tout le temps condamné ce qui a été fait au nom de l'islam, comme les événements de 2015 et avant et après", a-t-il affirmé.
Il plaide alors pour la non-fermeture de la mosquée et estime même qu'il s'agit d'un geste "complètement" politique, mettant en exergue un "acharnement du ministre de l'Intérieur" voulant "attirer un certain électorat d'extrême-droite". "C'est une décision politique dictée par un calendrier précis, où le ministre démissionnaire va commencer sa campagne présidentielle en tentant de séduire l'électorat de l'extrême droite, il est dans sa position la plus minable qui existe", a-t-il complété auprès de France 3 Provence-Alpes.
Sur BFMTV, son avocat a assuré qu'un recours sera lancé pour contrecarrer la décision de la préfecture, la mosquée étant aussi accusée de donner la parole à des prédicateurs légitimant l'attaque du Hamas contre Israël. La fermeture de la mosquée, qui accueille 350 fidèles chaque vendredi, pourrait durer six mois, selon ce dernier.