Mort d'Amandine "nue dans le débarras" : sa mère, accusée de torture, n'admet qu'une seule faute
Dans le box des accusés, la mère d'Amandine, 13 ans, retrouvée morte en 2020 à Montblanc, proche de Béziers dans l'Hérault l'affirme : "je ne sais pas pourquoi elle ne mangeait pas (...) il n'y a pas d'explication, elle n'a pas été privée de nourriture, personne ne lui a fait ça".
Sandrine P., 54 ans, est jugée depuis ce lundi 20 janvier 2025 devant la cour d'assises de Montpellier et encourt la réclusion à perpétuité. Elle martèle "ne pas savoir" pourquoi Amandine a été retrouvée, quatre ans plus tôt, morte de faim, nue dans le débarras du domicile familial. Elle ne pesait plus que 28 kilos pour 1m55.
"Elle allait crever. C'était son sort, c'était gravé"
Des déclarations qui ont eu le don d'énerver le juge, Eric Emmanuelidis. "Le pourquoi, on le connaît. Le légiste a répondu qu'elle était morte de faim et de septicémie. Mais la question, c'est le comment : soit elle s'est suicidée, mais ce serait surprenant pour une enfant de 13 ans. Soit vous ne lui donnez pas à manger et vous refusez qu'elle mange !", a-t-il lancé. L'accusée évoque alors une période compliquée entre elle et son compagnon, indiquant assumer en même temps "le rôle de papa et de maman, j'étais dépassée" concède-t-elle.
Si ce genre de situation et de mauvaises passes sont monnaie courante dans la vie d'un couple et notamment pour les couples séparés, le juge précise que "ça ne se finit pas" nécessairement "par la décès d'un enfant, dans ces conditions, avec des plaies purulentes. De toute façon, pardonnez-moi l'expression, elle allait crever. C'était son sort, c'était gravé, inscrit. On est au-delà du dépassement, au-delà du 'j'ai un peu perdu la main'", explique-t-il.
La mère reconnaît "ne pas avoir su voir"
La demi-soeur d'Amandine, Cassandra, révèle qu'elle a déjà été "forcée à boire l'eau des WC", alors qu'un autre enfant de Sandrine P. reconnaît que leur mère avait bien "l'habitude de les punir", mais Amandine "non", abonde de son côté la mère de famille. Elle concède tout de même qu'il y a eu des punitions, "oui c'est vrai", mais "elle se comportait mal", dit-elle, comme pour justifier ses potentiels agissements.
Plusieurs éléments dérangent toujours le président lors de l'audience du lundi 20 janvier. "Pourquoi était-elle dans ce débarras ?", demande-t-il. Selon la mère, sa fille aurait "eu envie de s'y mettre". "Elle aurait eu envie de se mettre dans ce débarras toute nue ?", rétorque alors le président. Le moment pour Sandrine P. de reconnaître un premier et seul tort selon elle jusqu'à présent : "ne pas avoir su voir, ne pas avoir su réagir", concède-t-elle. Alors, comment expliquer de tels agissements contre sa fille, si elle venait à être condamnée pour les faits qui lui sont reprochés ? À savoir : des "actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort".
"La représentation diabolique du père au quotidien"
Marie-Chantal Bonnet-Cathala, psychologue qui a entendu Sandrine P. à quatre reprises met en avant sa relation délicate avec le père d'Amandine, Frédéric F., présent au premier rang ce jour-là. Elle l'a plusieurs fois qualifié de "l'homme de sa vie", et n'est "pas sûre" que cette dernière "ait fait le deuil de sa relation avec lui".
Sa "haine contre Frédéric F. s'est déplacée sur le corps de l'enfant, qui est devenu le lieu de projection du sentiment d'hostilité, de haine portée contre le père". L'enfant serait alors devenue "la représentation diabolique du père au quotidien" et leur relation "une lutte à mort entre la mère et l'enfant", jusqu'à la mort factuelle d'Amandine, dans des conditions atroces.