Procès de Mehdi Nemmouche : condamnation à la peine maximale après une ultime prise de parole déroutante

Procès de Mehdi Nemmouche : condamnation à la peine maximale après une ultime prise de parole déroutante Mehdi Nemmouche a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans vendredi. Dans sa dernière prise de parole, il a affirmé avoir "été un terroriste" et qu'il ne s'en "excuserait jamais".

À l'issue de 10 heures de délibération et plus d'un mois de procès, le verdict a été rendu. Peu avant 21 heures ce vendredi soir, Mehdi Nemmouche a été reconnu coupable d'avoir été le geôlier de l'État islamique et d'avoir notamment eu sous sa surveillance plusieurs otages occidentaux et syriens en 2013 et 2014 alors qu'il se trouvait en Syrie. Vendredi 21 mars, Mehdi Nemmouche a été condamné par la cour d'assises spéciale de Paris à la réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. "Dans le box, il [a] écout[é] sans ciller sa condamnation à la peine maximale", a rapporté sur X la grand reporter police-justice Noémie Schulz. 

Mehdi Nemmouche était donc accusé d'avoir été le geôlier d'otages occidentaux qui ont passé dix mois dans les sous-sols d'Alep, en Syrie. Lors de ce procès, il a d'ailleurs formellement été identifié par les otages, notamment par sa photo mais aussi au son de sa voix, comme étant l'un de ceux qui les ont retenus en otage, torturé et humilié pendant près d'un an, entre 2013 et 2014. Une vingtaine d'otages étaient venus assister au procès, parmi lesquels les journalistes Didier François, Édouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres. Ils ont identifié le djihadiste après l'attentat du musée juif de Bruxelles, en mai 2014, lors duquel Mehdi Nemmouche avait abattu quatre personnes, comme le rappelle Le Figaro.

Une plaidoirie bruyante de la défense

L'avocat de Mehdi Nemmouche, Me Francis Vuillemin, a tenté de convaincre la cour d'assises spéciale de Paris que le djihadiste n'était pas l'un des geôliers, lors d'une plaidoirie de près de trois heures, faite en parlant très fort, jeudi 20 mars. Pour rappel, Mehdi Nemmouche reconnaît être un terroriste de l'État islamique, mais pas d'avoir participé à la privation de liberté des otages occidentaux. Selon son conseil, ce sont des "biais cognitifs" qui ont conduit les anciens otages à l'identifier comme un bourreau : "Il leur faut un coupable et celui-ci, c'est l'idéal."

À l'ouverture du procès, le 17 février, l'accusé assurait : "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni aucun autre, et je n'ai jamais rencontré ces personnes en Syrie." Pour autant, les otages sont sûrs "à 100 %" qu'il est bien leur geôlier : "C'est la voix qui m'emmerdait pendant des heures", qui "me terrorisait, qui me faisait chier en cellule". Celle de celui "qui parlait trop, qui parlait tout le temps", a décrit Édouard Elias à la barre.

Me Francis Vuillemin s'est enfin attaqué aux différents acteurs du procès. Selon lui, les parties civiles ont pris trop de place et ont "écrasé la parole de la défense". De plus, il reproche à la presse d'être venue "au soutien corporatiste de quatre victimes journalistes". Le conseil du terroriste s'en est pris aux anciens otages : "On peut être une vraie victime, qui a souffert là-bas, mais aussi être ridicule et de mauvaise foi", a-t-il lancé au sujet d'un ex-otage espagnol assis dans la salle, qui l'a quittée en cours de plaidoirie.

Un terroriste assumé

"J'ai été un terroriste et je ne m'en excuserai jamais", a assuré l'accusé vendredi lors d'une ultime prise de parole. "C'est par le terrorisme que le peuple syrien s'est libéré de la dictature et oui j'ai été un terroriste et je ne m'en excuserai jamais, je ne regrette pas un jour, pas une heure, pas un acte", a-t-il déclaré avant que la Cour d'assises spéciale ne se retire pour délibérer. Le djihadiste a également parlé de son incarcération : "Cela fait longtemps que je suis à l'isolement, mais je navigue sans difficulté, je ne perds pas le cap." Son conseil a également assuré que l'incarcération était devenue son "élément naturel" dans lequel il est "épanoui" après "une vie de tumulte".

Pour rappel, d'autres personnes étaient jugées lors de ce procès. Abdelmalek Tanner et Guillaume Kapo étaient ainsi accusés d'avoir également été geôliers des otages occidentaux. Présumés morts, Oussama Atar, déjà condamné à la perpétuité pour avoir commandité les attentats du 13-Novembre, qui "supervisait personnellement la gestion des otages", et Salim Benghalem, l'un des chefs des geôliers, étaient aussi jugés. Kais Al Abdallah, 41 ans, identifié comme l'ancien numéro 2 de l'EI à Raqqa, faisait aussi partie des accusés.

En direct

21/03/25 - 23:06 - Une page qui se tourne, mais aussi le début d'un "combat", estime l'ancien otage Nicolas Hénin

Après l'annonce de la condamnation de Mehdi Nemmouche, l'ex-otage Nicolas Hénin a jugé que le djihadiste avait "poursuivi son djihad à la barre" et comptait désormais "le poursuivre en détention". Quant à lui, c'est "la conclusion d'une page qui s'est ouverte il y a une douzaine d'années", mais aussi le début d'un "combat". "Des propos extrêmement toxiques ont été tenus à la barre et tout l'engagement que j'ai eu ces dernières années pour la prévention de la radicalisation, la prévention du terrorisme et des discours de haine prend son sens aujourd'hui", a-t-il expliqué, arguant quitter "cette salle d'audience plus convaincu que jamais de la nécessité de cet engagement". 

21/03/25 - 22:14 - "Un procès exceptionnel à tous les niveaux", pour l'ex-otage Didier François

À l'issue du procès de Mehdi Nemmouche, l'ancien otage Didier François a également pris la parole. "Je trouve que ça a été un procès exceptionnel, à tous les niveaux. Enfin, en tout cas, c'est comme ça que moi je l'ai vécu", a-t-il confié, ajoutant que le procès a été "très bien mené". "La défense a été respectée. [...] On a eu des vrais débats de fond. On a bien posé l'enjeu de ce procès, qui était la sécurité des Français face à la menace terroriste islamiste", a-t-il ajouté.

21/03/25 - 21:30 - Mehdi Nemmouche compte-t-il faire appel ? "Il sait que jamais il ne sera libéré", réagit son avocat

Revenant sur la réaction impassible de son client à l'annonce du verdict, l'avocat de Mehdi Nemmouche a estimé qu'"en réalité, le vrai suspense maintenant c'est : Mehdi Nemmouche va-t-il faire appel ?" Me Francis Vuillemin affirme qu'"en toute logique, il le devrait puisqu'il a clamé son innocence", avant de remarquer : "Mais un appel serait que théorique puisqu'il est déjà condamné de toute façon à la perpétuité pour le quadruple assassinats du musée juif de Bruxelles et il sait que jamais il ne sera libéré. Il sait qu'il mourra en prison". Selon l'avocat, Mehdi Nemmouche trouverait que le procès "a été magnifique". "Il trouve que son avocat et l'accusé ont tenu leur rang", a-t-il rapporté.

21/03/25 - 21:17 - Peine maximale pour Mehdi Nemmouche

Mehdi Nemmouche a été condamné ce vendredi soir à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. C'est la peine que réclamaient les avocats des anciens otages mais aussi les deux procureurs. Dans le box, Mehdi Nemmouche a écouté "sans ciller" sa condamnation à la peine maximale, rapporte la journaliste Noémie Schulz.