Prisons attaquées : qui sont les 21 suspects mis en examen ? Une piste privilégiée
Dix-neuf des 21 personnes mises en examen dans le cadre de l'enquête sur les attaques menées contre plusieurs prisons françaises ont été incarcérées. Parmi elles, deux mineurs, placés en centre éducatif fermé, a indiqué samedi 3 mai la procureure de Paris, Laure Beccuau. Tous les suspects avaient été présentés devant les juges vendredi et mis en examen, après avoir été interpellés lors des coups de filets réalisés par la sous-direction antiterroriste avec l'appui des forces de l'ordre depuis le lundi 28 avril. Les opérations avaient alors permis d'arrêter une trentaine de personnes. Les suspects ont entre 15 et 37 ans, explique Le Parisien.
La piste terroriste abandonnée
Après une série d'attaques coordonnées visant plusieurs prisons de France dans la nuit du dimanche 13 au lundi 14 avril, une enquête a été ouverte et confiée au Pnat était des chefs d’"association de malfaiteurs terroriste criminelle", "dégradation de biens" et "tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste". Les attaques consistaient à des dégradations des prisons et des incendies de voitures et autres matériels près des centres pénitentiaires. La prison de Toulon dans le Var avait été touchée par la plus grande violence, car visée par plusieurs coups de feu.
Mais le Pnat et la Junalco affirment le vendredi 2 mai qu’"au terme de cette opération, il n’apparaît pas que ces actions coordonnées procèdent d’une entreprise terroriste dont l’objet aurait été la commission d’infraction ayant pour seul but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur". "Aucune idéologie radicale violente, aucune ingérence étrangère, pistes pleinement explorées, n'ont pu être caractérisées", poursuivent-ils. "En revanche, les investigations ont permis d'inscrire résolument ces actions dans la très grande criminalité organisée", selon le communiqué. Des éléments qui justifient une déssaisie du Pnat au profit de la Junalco.
Les auteurs des tags "DDPF" visés
Selon les informations du journal Le Parisien, la police et la justice privilégiaient déjà la piste de la criminalité organisée lors des nombreuses interpellations. "Ces opérations d’intimidation coordonnées auraient ainsi été commanditées, notamment depuis l’intérieur même des prisons, par des détenus influents, avant d’être sous-traitées à des exécutants zélés, des 'petites mains' recrutées sur les réseaux sociaux et téléguidées contre quelques centaines d’euros", précise le journal.
Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, et le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, privilégiaient déjà cette piste au profit de celle de "l’ultra gauche". Il faut dire que le contexte pénitentiaire et judiciaire est tendu depuis le lancement de la campagne du garde des Sceaux sur la création de prisons hautement sécurisées et destinées à accueillir les narcotrafiquants les plus dangereux. Certains, comme le préfet de police de Paris, estiment par ailleurs que les inscriptions "DDPF", pour "droits des prisonniers français" ou "défense des prisonniers français" retrouvés sur plusieurs prisons attaques "donnent une indication quand même assez précise sur le fait qu'on est sur des gens qui veulent faire pression sur les autorités politiques, sur la politique de fermeté qui est menée".
Dans leur communiqué commun le Pnat et la Junalco assurent que "parmi les mis en cause" figure un suspect "susceptible d'être le créateur du premier compte Telegram intitulé DDPF" et "proche de la DZ Mafia", un groupe criminel marseillais connu pour sa violence.
13:41 - 19 suspects ont été incarcérés
Vendredi, 21 personnes ont été déférées devant la justice et mises en examen. Samedi, 19 d'entre elles, suspectées d'être impliquées dans les attaques contre les prisons, ont été incarcérées. Parmi elles, deux mineurs, placés en centre éducatif fermé, a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau.
02/05/25 - 14:31 - Les 21 suspects sont des "petites mains" du trafic de drogue
Les 21 personnes qui vont être déférées aujourd’hui ne sont pas ceux qui sont à l'initiative des attaques. Selon l’enquête, ils sont en fait des "petites mains" du trafic de drogue, confondus grâce à des traces ADN ou des recherches sur leur téléphone. En garde-à-vue, certains ont reconnu avoir été recrutés par des caïds, sans dévoiler leurs noms.
Ils sont nombreux à être mineurs et à avoir été attiré par les gains financiers possibles. Une main d’œuvre pratique, inépuisable et jetable pour les groupes criminels. Dans le cadre de cette série d’attaques, des "offres d’actions" ont été relayées sur les réseaux sociaux. Il leur était offert 1 000 euros pour une adresse de surveillant, 2 000 euros pour celle d’un gradé et 5 000 euros pour celle d’un directeur de prison.
02/05/25 - 12:51 - Qui sont les 21 suspects ?
Selon le Pnat et la Junalco, 21 personnes vont être présentées à des juges à Paris en vue de leur mise en examen dans l’affaire des attaques de prisons. Parmi eux figure "celui qui est susceptible d'être le créateur du premier compte Telegram intitulé 'DDPF' [pour "Droit des prisonniers français", ndlr] et rédacteur du texte de revendication diffusé sur cette chaîne, mettant en cause la condition carcérale". Il serait détenu et condamné "pour des infractions de droit commun, mis en examen et en outre sur le point d'être jugé pour des faits liés au narco-banditisme marseillais, proche de la DZ Mafia".
En tout, ce sont 7 personnes déjà détenues qui vont être présentées à des juges dans la journée. Trois d’entre eux feraient figure de "donneurs d’ordre en désignant des cibles", c’est-à-dire les établissements et les agents pénitentiaires attaqués. Ils "auraient sollicité des relais hors les murs, pour recruter des exécutants" et "les rémunérer à cette fin".
02/05/25 - 11:18 - 21 suspects vont être présentés à la justice
21 personnes vont être présentées à des juges à Paris aujourd’hui en vue de leur mise en examen pour les attaques des prisons et d'agents pénitentiaires survenues le mois dernier. La piste antiterroriste, qui était privilégiée jusqu’ici, a été abandonné au profit de celle de la criminalité organisée. Le parquet national antiterroriste (Pnat) s’est donc dessaisi de l’enquête, qui est aujourd’hui confiée à la Junalco (criminalité organisée).
28/04/25 - 08:41 - La DZ mafia marseillaise aux commandes ?
Outre la piste de la criminalité organisée privilégiée par les enquêteurs, ces derniers explorent une piste plus resserrée menant à la "puissante DZ Mafia marseillaise", selon les informations révélées par RTL, ce lundi matin, après les attaques qui visent les prisons ou les agents pénitentiaires depuis deux semaines. Plusieurs sources proches de l'enquête évoquent même auprès du média un possible nouveau phénomène : "le narco-terrorisme", visant à intimider et déstabiliser l'Etat.
28/04/25 - 08:26 - Des suspects "jeunes, peu expérimentés"
La vaste opération d'interpellations lancée ce matin vise "essentiellement des exécutants, des personnes soupçonnées d’avoir été missionnées pour commettre ces actions punitives, sans être décisionnaires des opérations", révèle Le Parisien. La majorité est très jeune, certains sont mineurs et connus pour des petits délits en lien avec la législation sur les stupéfiants. Selon le journal, plusieurs de ces suspects ont laissé des traces et indices rapidement exploités par la police technique et scientifique sur les scènes de crime. Ils sont décrits comme "peu expérimentés, loin d'être des criminels aguerris". Le quotidien évoque même un "mode d’action grossier et imprudent tant sur le terrain que dans les méthodes de communication de l’organisation criminelle".
18/04/25 - 17:25 - La sécurité des établissements pénitentiaires renforcée en Ile-de-France
"Des rondes et patrouilles renforcées autour des établissements pénitentiaires [ont eu lieu], significativement la nuit, mais aussi en journée. Elles permettent d'assurer une présence extrêmement importante autour des établissements pénitentiaires", annonce le préfet de Paris. En Ile-de-France, "des rondes et patrouilles mobiles dynamiques" ont été mises en place lors des entrées et de sorties des personnes sur la zone des prisons. Les directeurs d'établissements doivent également signaler toutes formes de menaces sur leur personnel.