Sécurité renforcée, santé mentale... Après l'attaque au couteau à Nantes, la classe politique se scinde en deux

Sécurité renforcée, santé mentale... Après l'attaque au couteau à Nantes, la classe politique se scinde en deux Justin P., un adolescent de quinze ans, a poignardé quatre de ses camarades, tuant une adolescente. Après ce drame dans un lycée nantais, la classe politique se divise autour des mesures prioritaires à mettre en place.

L'attaque au couteau dans le lycée Notre-Dame de Toutes-Aides, à Nantes, est-elle le reflet de "l'ensauvagement" de la société, ou de la détresse psychologique des plus jeunes ? Cette question fait débat dans la classe politique depuis l'arrestation de Justin P., auteur d'une attaque au couteau dans son lycée qui a fait un mort et trois blessés. L'adolescent de quinze ans a été maîtrisé par des membres du personnel de l'établissement, avant d'être interpellé par les forces de l'ordre. D'abord placé en garde à vue, son état a été jugé incompatible. Il a donc été hospitalisé en psychiatrie. Parmi la classe politique, deux problématiques sont soulevées : la sécurité et la santé mentale. Deux visions qui illustrent le clivage droite-gauche.

Selon les chiffres avancés par Élisabeth Borne, la ministre de l'Éducation nationale, les signalements d'élèves arrivant avec un couteau dans leur établissement ont augmenté de 15 % entre février 2024 et février 2025. En réaction à cette attaque, le Premier ministre a missionné cette dernière, ainsi que Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, d'engager "une intensification des contrôles mis en place aux abords et au sein des établissements scolaires", ainsi qu'à lui faire "des propositions concrètes en matière de prévention, de réglementation et de répression", d'ici un mois.

François Bayrou a également évoqué l'idée d'installer des portiques de sécurité à l'entrée des établissements scolaires. Une proposition appréciée par la droite de l'échiquier politique. Laurent Wauquiez, patron des députés LR, rappelle avoir mis en place cette mesure dans les lycées d'Auvergne-Rhône-Alpes "dès 2015". Éric Ciotti abonde dans le même sens en assurant, jeudi 24 avril, qu'il ne fallait "rien s'interdire" dans le domaine de la sécurité : "La sécurité des établissements scolaires doit être absolue, c'est un sanctuaire. Portiques de sécurité, vidéo-protection avec reconnaissance faciale, il ne faut rien s'interdire", explique-t-il sur X.


Certains membres du gouvernement, comme le ministre de l'Intérieur, parlent d'"ensauvagement" et de "laxisme" : "Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme et qui a accouché finalement de toute cette violence. On va vers une société d'ensauvagement. Il faut reconstruire l'autorité. C'est une question qui nous est posée collectivement. Il y a une société à reconstruire, des repères à rebâtir, une autorité à restaurer, des hiérarchies à refaire."

La santé mentale des plus jeunes aussi questionnée

Mais un renforcement de la sécurité ne serait-il pas l'arbre qui cache la forêt ? Ou pire, une mesure contre-productive ? C'est ce qu'affirme une partie de la gauche de l'échiquier politique. Il faut dire que Justin P. est présenté comme "dépressif" et "solitaire", ayant déjà manifesté des "tendances suicidaires".

L'eurodéputée insoumise Manon Aubry s'oppose, par exemple, aux portiques de sécurité devant les écoles. "Ça coûte 100 000 euros par établissement scolaire. Il y a 12 000 établissements scolaires dans notre pays, donc vous faites rapidement le calcul. Sans compter qu'en termes d'efficacité, on va demander aux enfants de venir une heure plus tôt à l'école pour pouvoir faire la queue, donc il va y avoir des attroupements devant les établissements scolaires, attroupements qui peuvent être la cible d'un déséquilibré", explique-t-elle au micro de Franceinfo. L'eurodéputée préfère alors parler de "la santé mentale des jeunes" comme un "enjeu fondamental" : "On ne peut le traiter avec un psychologue pour 1 500 élèves".


La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, a estimé sur Franceinfo qu'"il y a des questions à poser sur la santé mentale de la jeunesse de ce pays". Sandrine Rousseau, de son côté, a assuré auprès de Sud Radio que "derrière les couteaux, il faut voir les enfants. Les enfants en France vont très mal. [...] Le taux de suicide ou de tentatives de suicides chez les jeunes femmes de neuf à vingt ans a augmenté de 570 % depuis 2006 (chez les femmes âgées de dix à dix-neuf ans entre 2007 et 2024, ndlr) ", rappelle l'élue écologiste. Un discours partagé par l'ancien Premier ministre socialiste, Bernard Cazeneuve, qui parle d'un "très profond malaise de la jeunesse". Une inquiétude autour de la santé mentale des jeunes qui a été partagée par François Bayrou lors de son discours de politique générale, lorsqu'il parlait de la santé mentale comme d'une "grande cause" en 2025.