Ces raisons pour lesquelles le détenu Georges Ibrahim Abdallah n'a pas été libéré avant

Ces raisons pour lesquelles le détenu Georges Ibrahim Abdallah n'a pas été libéré avant Emprisonné en France depuis plus de 40 ans, le détenu libanais Georges Ibrahim Abdallah doit être libéré le 25 juillet 2025. Condamné pour complicité d'assassinat, l'homme a vu toutes ses demandes de libération refusées depuis 25 ans.

L'un des plus anciens détenus de France va être remis en liberté. Après plus de 40 années passées derrière les barreaux, Georges Ibrahim Abdallah va quitter sa cellule de la prison de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, le 25 juillet 2025. Une décision prise ce jeudi 17 juillet par la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Paris.

Incarcéré en 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987 pour complicité d'assassinats de diplomates américain et israélien à Paris en 1982, le détenu libanais, qui était membre d'un groupuscule de chrétiens libanais marxistes pro-palestiniens, est libérable depuis 1999. En 25 ans, Georges Ibrahim Abdallah a formulé 10 demandes de libération systématiquement refusées pour des raisons diverses. Avant la décision de la cour d'appel de Paris, quelques procédures de libération ont failli aboutir avant d'être empêchées par des échelons supérieurs et parfois gouvernementaux.

L'opposition du gouvernement et une absence de repentir

En 2013, la libération de Georges Ibrahim Abdallah avait été acceptée, mais conditionnée à la publication d'un arrêté d'expulsion vers le Liban le concernant. Un document que le ministre de l'Intérieur de l'époque, un certain Manuel Valls, avait refusé de signer s'opposant à la remise en liberté du détenu. En 2022, le militant libanais s'était tourné vers le tribunal administratif pour que son expulsion soit ordonnée, mais l'instance avait refusé sa requête estimant ne pas être en mesure de contraindre le ministère de l'Intérieur, alors dirigé par Gérald Darmanin, à prendre une telle décision.

Georges Ibrahim Abdallah a eu un nouvel espoir en novembre 2024 lorsque le tribunal d'application des peines a accepté sa énième demande de libération. L'instance jugeait que la condamnation et la durée de détention du Libanais étaient "disproportionnées au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle". C'est alors le parquet national terroriste qui a fait appel de la décision pour s'opposer à la libération arguant que les Etats-Unis, partie civile au procès de 1987, refusaient toujours la remise en liberté du détenu. Le pays s'était déjà opposé à toutes les précédentes demandes de libération.

Le Libanais, aujourd'hui âgé de 74 ans, a finalement vu sa libération conditionnée à des indemnisations et un repenti lors des dernières audiences, en février et juin 2025. La cour d'appel de Paris demandait à Georges Ibrahim Abdallah de faire un "effort conséquent" pour indemniser les victimes. L'homme qui avait toujours refusé de verser le moindre centime aux victimes, se considérant comme un prisonnier politique, a finalement indiqué que 16 000 euros se trouvaient sur son compte en prison et pouvaient être mis à disposition des victimes. Un effort toujours insuffisant pour les Etats-Unis et le parquet général qui regrettent encore à ce jour l'absence de repentir de la part de Georges Ibrahim Abdallah. Des objections ignorées cette fois ignorée, après 25 ans de batailles juridiques.

Le souvenir de l'ancien ennemi public n°1

Si l'ancien, et supposé, responsable des FARL en Europe est resté en prison plus de 40 ans c'est aussi en raison du souvenir qu'il laisse aux autorités. Georges Ibrahim Abdallah était devenu l'ennemi public n°1 dans les années 80. Il était soupçonné, à tort, d'être à l'origine de la vague d'attentats survenue entre 1985 et 1986 et lors de laquelle treize personnes sont mortes, dont sept au magasin Tati de la rue de Rennes à Paris. Mais les soupçons concernant le Libanais s'étaient effondrés quand les véritables responsables des attentats, des pro-Iraniens, avaient été identifiés deux mois après sa condamnation à la perpétuité.

Georges Ibrahim Abdallah est, en revanche, toujours soupçonné d'avoir été le responsable des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), le groupuscule libanais pro-palestinien ayant mené des actions violentes pour dénoncer le régime israéliens et ses actes en Palestine. A l'époque, la guerre faisait rage entre le Liban et l'Etat hébreu, notamment après l'invasion israélienne dans le sud du Liban en 1978. Lors de l'enquête sur les assassinats de deux diplomates, en 1985, des armes et des explosifs, notamment un pistolet ayant servi au double meurtre, avaient été découverts dans un appartement qu'il louait. L'homme bien que condamné, n'a jamais reconnu son implication dans les assassinats, mais il les a toujours qualifiés d'"actes de résistance" contre "l'oppression israélienne et américaine".