Nominations à la tête de l'armée libanaise : vers un scénario d'apaisement ?

Aujourd'hui, à l'occasion de la fête de l'armée libanaise célébrée le 1er août, le président Michel Sleiman annoncera la reconduction dans leurs fonctions du commandant et du chef d'état-major de l'armée.

La mise à la retraite du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, et du chef d’état-major, le général Walid Salmane, a été reportée pour une période de deux ans. C’est ainsi que les craintes d’un vide au niveau de l’institution militaires se dissipent enfin.
Le maintien du général Kahwagi et de son chef d’état-major à leurs postes respectifs est intéressant dans la mesure où l’annonce officieuse de l’arrêté ministériel signé par le ministre de la Défense permettra de clôturer une polémique qui faisait monter la tension sur la scène politique locale.
Par ailleurs le ministre de la Défense, M. Ghosn, a déclaré à la presse que cette prorogation ne constitue nullement une remise en cause des compétences des officiers capables de prendre en charge de hautes fonctions au sein de l’armée. Il convient d’indiquer que le Liban a été victime de plusieurs tentatives de provoquer des conflits sur la scène locale et de torpiller la sécurité ce qui fait que l’accent a été mis sur la nécessité de protéger l’institution militaire.
Certes, les Libanais ont des points de vue divergents mais ils restent attachés à l’armée étant donné qu’elle est la garante de la sécurité et de l’Etat. De plus, les défis actuels rendent impératif l’appui à l’armée.
Dans ce cadre, les différents milieux politiques libanais ont tous, à l’exception du courant aouniste CPL (Courant Patriotique Libre), soutenu le report de la mise à la retraite des généraux Kahwagi et Salmane.
Pour le CPL, allié du Hezbollah, la mesure est « anticonstitutionnelle » et c’est une perte pour les fondements de l’édification de l’Etat.
Or, dans le camp du Hezbollah, l’accent a été mis sur le rôle de l’armée dans la confrontation « avec l’ennemi sioniste ». Mais le slogan « si tu aimes l’armée, livre-lui tes armes » a été vivement dénoncé.
En prenant ses distances avec le Hezbollah, le courant aouniste a brisé la polarisation ambiante.
Actuellement un débat interne a lieu à l’intérieur du CPL sur la ligne politique et les alliances du courant, selon un cadre aouniste. Le CPL adopterait alors une ligne indépendante dans les affaires quotidiennes, tout en préservant son alliance stratégique avec le Hezbollah en ce qui concerne la lutte contre Israël…