Groupe Wagner : des mercenaires russes chargés d'assassiner le président ukrainien ?
Créée en 2014, Wagner est la première société militaire privée russe (SMP) au Moyen-Orient. De 250 combattants à ses débuts, elle en comptait 2500 en 2020 pour 5000 aujourd'hui, le chiffre variant selon les sources les plus informées. Déjà il y a 8 ans, ses liens étroits avec l'armée régulière russe ne faisaient pas de doute, comme l'affirme une une note de l'Institut français des relations internationales. De fait, son fondateur, l'ancien membre des forces spéciales russes Dimitri Outkine, a été décoré par Vladimir Poutine en 2016. Mr Outkine qui a d'ailleurs choisi de reprendre un nom de code un peu spécial : celui du compositeur Wagner, idole d'Hitler. Une manière pour ce groupuscule de s'associer indirectement à la dimension guerrière du IIIe Reich. Ce qui en dit long sur ce groupe que le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU soupçonnait en mars 2021 d'être derrière des "exécutions massives, des détentions arbitraires (…) et des attaques croissantes contre les acteurs humanitaires". Récemment, c'est l'Union Européenne qui s'est prononcée en accusant le groupe Wagner d'envoyer des agents militaires privés dans des zones de conflit afin d'alimenter la violence, de piller les ressources naturelles et d'intimider les civils. Tout ceci en "violation du droit international des droits humains", précise le communiqué de décembre dernier.
Le lien avec Mr Poutine ne se limite pas à cette amitié : les financements aussi sont en jeu, notamment ceux de l'oligarque russe Evgueni Prigojine, très proche du Kremlin pour avoir été son traiteur officiel. En outre, les liens logistiques et militaires entre les deux abondent, l'entrainement du groupe se déroulant dans une base militaire appartenant aux forces armées russe. Enfin, l'engagement dans des pays d'Afrique subsaharienne, notamment sur les marchés financiers, a définitivement entériné ce rôle de relai officieux entre la Russie et les Etats locaux.
Avantageux pour Moscou
Wagner, en sa qualité de SMP russe, est avantageux pour Moscou parce qu'elle lui permet de recourir au "déni plausible" afin de contester son implication dans des conflits qui dépassent les frontières russes, et ainsi de se défaire de toute responsabilité pour les éventuelles exactions sur le terrain. Ce déni est possible grâce à l'absence d'existence légale du groupe, qui, à défaut d'être enregistré comme une société commerciale, ne peut être défini que comme une nébuleuse ou une entité informelle, comme le rappelait le chercheur Emmanuel Dreyfus dans une interview pour l'Institut Montaigne.
Faisant fi des rappels à l'ordre occidentaux, les prérogatives à moitié officielles du groupe se sont étendues au fil des ans : en plus de missions de formation, de renseignement et de sécurité, il participe désormais, d'après Ouest France, à des actions offensives, toujours alignées sur les volontés du pouvoir russe.
Le zèle de Volodymyr Zelensky en rempart à l'offensive Russe
A l'heure où Vladimir Poutine appelle les militaires ukrainiens à se rebeller contre un gouvernement qu'il qualifie de "bande de nazis et de toxicomanes" dans une vidéo publiée le 24 février 2022 sur le site de la présidence russe, l'assassinat du président ukrainien devient une sérieuse probabilité.
Wagner aurait, d'après les révélations du Times, fait venir des mercenaires d'Afrique avec pour mission de renverser le gouvernement de Volodymyr Zelensky, en échange d'une importante prime financière. Il est évoqué dans le journal l'hypothèse d'un assassinat commandité. Lorsque le gouvernement ukrainien a eu vent de l'objectif de cette mission, il a été décrété un couvre-feu de 36 heures ce samedi 26 février, bien déterminé à ce que la police ukrainienne ratisse la ville à la recherche de ces tueurs à gage.
Il apparait toutefois ardu de déloger Volodymyr Zelensky, plus téméraire que jamais, qui répondait aux américains proposant de l'exfiltrer de Kiev par : "c'est ici qu'est le combat, j'ai besoin de munitions, pas d'un taxi", d'après un haut responsable du renseignement américain (info reléguée par La Nouvelle Tribune). C'est avec la même opiniâtreté qu'il a demandé à rejoindre l'Union Européenne lors d'une visioconférence avec le Parlement Européen ce mardi midi, lançant même, dans un dernier espoir : "Ne nous lâchez pas ! Prouvez-nous que vous êtes européen !". La demande officielle d'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne avait d'ailleurs été signée la veille, lundi 28 mars au soir.
Alors qu'on dénombre déjà 352 pertes coté civil ukrainien, un chiffre annoncé par le ministère de la santé, l'Union européenne craint pour la survie de Volodymyr Zelensky face à un Vladimir Poutine offensif et à un groupe Wagner surentrainé.