Résultat du référendum en Tunisie : la nouvelle Constitution adoptée à la majorité
[Mis à jour mercredi 27 juillet à 17h09] Les premiers résultats officiels du référendum de Tunisie sont tombés. L'adoption de la nouvelle Constitution renforçant les prérogatives du président Kaïs Saïed est en bonne voie, pour ne pas dire déjà annoncée par les résultats partiels du vote publiés ce 27 juillet par l'autorité électorale tunisienne, l'Isie, qui donne le "oui" majoritaire avec 94,6% des suffrages. Les instituts de sondages prévoyaient un résultat semblable autour des 90% de votes favorables à la réforme constitutionnelle.
Le "oui" à la nouvelle Constitution imposée par le président Kais Saied en Tunisie, et qui lui octroie de vastes prérogatives, l'a emporté à une majorité écrasante de 94,6%, selon l'autorité électorale, sur la base de résultats officiels préliminaires #AFP #AFPGraphics pic.twitter.com/Bd7Qa6jARG
— Agence France-Presse (@afpfr) July 27, 2022
Quel est le résultat du référendum de Tunisie ?
Le résultat définitif du référendum organisé le 25 juillet en Tunisie n'est pas encore connu et devrait être officiellement communiqué dans le courant du mois d'août. Mais il n'est pas nécessaire d'attendre plus longtemps pour connaître l'issue du scrutin, le 27 juillet les premiers résultats officiels communiqués par l'Isie ont annoncé une écrasante majorité de "oui" : 94,6%. Si les sondages ne laissaient déjà pas beaucoup de place au doute, voilà que ces derniers disparaissent définitivement. La nouvelle Constitution tunisienne sera bientôt adoptée et la président tunisien en sera le premier gagnant.
Quel est le taux de participation au référendum en Tunisie ?
Le référendum de Tunisie soulevait des enjeux importants mais ils sont peu à s'être mobilisés dans les bureaux de vote le 25 juillet 2022. A peine 27,54%, soit 2,5 millions sur les 9,3 millions d'électeurs tunisiens, ont participé au scrutin souhaité par l'actuel président, Kaïs Saïed. Ce sont eux qui célébraient dès le fin du vote la grande majorité de "oui" annoncée dans les urnes par tous les sondages.
Le taux de participation à peine supérieur au quart des électeurs tunisiens a pourtant satisfait le président de l'Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (Isie), Farouk Bouasker. En dépit des chiffres officiels de l'abstention, le représentant de l'autorité se réjouissait devant les médias le 25 juillet rapporte le Figaro : "Les électeurs étaient au rendez-vous avec l'Histoire et se sont dirigés en nombre très respectable vers les bureaux de vote". Cette importante abstention est en partie due à l'appel au boycott et à la non-participation au scrutin émis par l'opposition et suivi par une partie des jeunes électeurs tunisiens. Les forces de l'opposition jugent le référendum "illégal" et conçu sans concertation.
Pourquoi le résultat du référendum et la nouvelle Constitution inquiètent ?
Le référendum de Tunisie est un événement car de l'issue du vote dépend la réforme constitutionnelle. La réforme propose l'adoption d'une nouvelle Constitution qui, si elle entre en vigueur, renforcera considérablement les pouvoirs du président tunisien, Kaïs Saïed. "Dans cette nouvelle Constitution, [le président] a tous les pouvoirs exécutifs, les pouvoirs législatifs, les pouvoirs judiciaires et les pouvoirs religieux", faisait remarquer le membre du parti des travailleurs tunisien Hamma Hamami, auprès de Franceinfo. Un scénario redouté par plus d'un qui voient déjà des dérives autoritaires se dessiner.
Les modifications qui seraient apportées à la Constitution par un "oui" au référendum seraient significatives : le président pourrait notamment révoquer le chef du gouvernement - qui assure le pouvoir exécutif avec lui - sans avoir à se justifier, ni besoin d'obtenir l'accord ou la confiance du Parlement. Grâce à cette réforme constitutionnelle, le chef de l'Etat pourrait aussi soumettre lui-même des projets de loi au Parlement et en fixer la priorité. Une manière de rendre le rôle de chef de gouvernement très accessoire et de faire du président la figure incontournable - voire intouchable - du régime, avec une concentration très importante du pouvoir. Le Parlement - dont les prérogatives seraient diminuées - serait par ailleurs mis en concurrence dans l'élaboration et le vote des lois par une autre instance, une chambre constituée de représentants des régions.
Le texte proposé aux Tunisiens est très critiqué par les observateurs politiques attachés à ce que la démocratie tunisienne, fragile, puisse fonctionner aussi sereinement que possible, avec des contre-pouvoirs solides. Sadok Belaïd, le juriste qui a été chargé d'élaborer la nouvelle Constitution avec le chef de l'Etat, s'est lui-même dit en désaccord profond avec la version du texte soumis au référendum : il a notamment estimé publiquement qu'un oui au référendum validant ces modifications de constitution pourraient "ouvrir la voie à un régime dictatorial".