Qui d'Israël, du Hamas ou du Jihad a tiré sur l'hôpital à Gaza ? Des pays prennent position

Qui d'Israël, du Hamas ou du Jihad a tiré sur l'hôpital à Gaza ? Des pays prennent position Le bombardement de l'hôpital Al-Ahli Arabi à Gaza, mardi 17 octobre, a suscité un vif émoi dans la communauté internationale. Alors qu'Israël, le Hamas et le Jihad islamique se renvoient la balle, de nombreux pays ont choisi leur camp.

Le conflit israélo-palestinien entre dans une nouvelle séquence depuis le terrible bombardement d'un hôpital à Gaza. Israël et les groupes armés du Hamas et du Jihad islamique s'accusent mutuellement d'avoir tiré sur l'hôpital Al-Ahli Arabi et d'avoir fait plusieurs centaines de morts et de blessés. Le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, dresse un bilan de 471 morts et 314 blessés selon les derniers chiffres.

Des chiffres que semble toutefois remettre en question, mercredi soir, un responsable d'un service de renseignement européen. "Il n'y a pas 200 voire 500 morts, mais plutôt quelques dizaines, probablement entre 10 et 50", a-t-il affirmé auprès de l'AFP dont Le Figaro se fait notamment l'écho, mettant en avant le fait que "le bâtiment n'a pas été détruit" et que, de manière générale, l'hôpital avait "probablement été évacué précédemment" comme demandé par Israël. Enfin, cette source affirme qu'"aucun élément ne corrobore" l'information selon laquelle des centaines de personnes étaient sur le parking lorsqu'il a été touché par la frappe. 

Israël dit tenir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique

Dans une réaction quasi immédiate le Hamas a accusé l'armée israélienne d'être à l'origine de ce "nouveaux crimes de guerre". Israël a aussitôt et fermement démenti être l'auteur de la frappe et a renvoyé la faute au Jihad islamique, un autre groupe armé palestinien proche du Hamas. Alors que l'Etat hébreu et le groupe palestinien s'échangent des frappes aériennes depuis plus de dix jours, il est encore difficile de déterminer le responsable de la frappe ayant touché l'hôpital. Pourtant certains pays n'hésitent pas à dénoncer un coupable tandis que l'Etat hébreu avance avoir des "preuves" de l'implication du Jihad Islamique et du Hamas. 

La première réaction d'Israël a été la défense. "Nous n'avons pas frappé cet hôpital. Nous ne frappons intentionnellement aucune installation sensible, et certainement pas les hôpitaux. Nous sommes très conscients de la présence de civils", a ainsi déclaré auprès de CNN Jonathan Conricus, le porte-parole international de l'armée israélienne.

Non seulement de défendre son camp, Tsahal a assuré que la frappe sur l'hôpital Al-Ahli Arabi "a été causée par le tir d'une roquette du Jihad islamique ayant échoué". Le porte-parole Daniel Hagari dit appuyer son analyse "sur des renseignements, des systèmes opérationnels et des images aériennes, qui ont tous été recoupés" et avance que le tir de roquette a été lancé depuis un cimetière dans le but initial de s'abattre sur Israël.

Parmi les preuves qu'Israël indique disposer se trouve un enregistrement audio, et sa retranscription, entre deux dirigeants du Hamas qui évoquent un tir de roquette du Jihad islamique. Le tir en question aurait été lancé depuis un cimetière situé à l'arrière de l'hôpital Al-Ma'amadani (ancien nom de l'hôpital Al-Ahli touché par la frappe, ndlr), d'après l'échange. 

Israël estime d'ailleurs que l'hôpital n'a pas été touché par une frappe, mais par une explosion causée par l'échec du tir de roquette. L'armée israélienne a diffusé une vidéo censée prouver le bien fondé de son argument et la responsabilité du Jihad et du Hamas. Selon Tsahal, aucun cratère ou autre élément ne permet de prouver qu'une frappe aérienne est à l'origine de l'explosion de l'hôpital. Elle souligne également l'absence de dégâts structurel autour de l'établissement médical. Aucune vérification de ces éléments n'a été faite.

Israël soutenu par les Etats-Unis, tenu responsable par le monde arabe

Si Israël se défend, le pays est jugé coupable par plusieurs Etats, notamment les pays du monde arabe dont les relations avec Israël sont complexes. L'Arabie saoudite, qui a mis un terme aux discussions pour normaliser ses relations avec Israël après le début de la guerre le 7 octobre, estime que le bombardement de l'hôpital de Gaza est un "crime odieux commis par les forces d'occupation israéliennes". La Jordanie, voisine de l'Etat hébreu, juge également qu'Israël "porte la responsabilité de ce grave incident". Le Qatar, le Koweït ou encore Oman ont aussi qualifié la frappe sur l'hôpital d'"attaque israélienne". A noter que ces pays n'ont pas signé de traité de paix avec Israël.

D'autres prises de position sont moins franches comme celle de l'Egypte qui a décrété un deuil national de trois jours pour les victimes mortes ou blessées dans la frappe sur l'hôpital et a exprimé sa solidarité pour "tous les martyrs parmi le peuple palestinien frère". Le pays ne pointe toutefois pas directement la responsabilité d'Israël.

A l'inverse, le président américain Joe Biden a déclaré sans détour son soutien à Israël et a estimé que la frappe sur l'hôpital est du fait "de la partie adverse", depuis Tel-Aviv où il est en déplacement ce mercredi 18 octobre. Pour ce qui est du reste de la communauté internationale, elle ne prend pas partie mais dénonce l'horreur du drame. "Il n'y a aucune excuse pour frapper un hôpital rempli de personnel médical et de civils" a ainsi lancé la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, qui estime que la "terreur du Hamas" plonge le dans une nouvelle "spirale de violence". Dans ce sillage, Emmanuel Macron a rappelé le droit international qui interdit de s'en prendre aux hôpitaux et a appelé au "respect du droit humanitaire". 

Quel est l'hôpital touché à Gaza ?

C'est l'hôpital Al-Ahli Arabi, un des 22 établissements médicaux présents au nord de Gaza, qui a été touché. Anciennement connu sous le nom d'hôpital Al-Ma'amadani, l'établissement est dirigé par des chrétiens anglicans, notamment le diocèse épiscopal de Jérusalem, servait de refuge aux Palestiniens depuis le début des frappes. Le même hôpital avait déjà été touché par des tirs de roquette le 14 octobre selon un communiqué de l'archevêque de Canterbury