Guerre Israël-Hamas : la libération des otages soumise à quelles conditions ? Un accord "proche" mais pas acté
Les négociations sur la libération des otages seraient entrées dans leur "phase finale" ce mardi 21 novembre selon le Qatar. Mais quelles sont les conditions d'Israël et du Hamas ? Et seront-elles respectées ?
Les négociations sont entrées dans leur "phase finale" selon le Qatar. Cela signifie-t-il que les otages de la guerre entre Israël et le Hamas seront bientôt libérés ? L'espoir est permis, car les deux camps n'ont "jamais été aussi proches d'un accord" d'après le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari. À l'aube, mardi 21 novembre, c'est le chef du Hamas qui a assuré dans un message relayé sur Telegram : "Nous nous approchons de la conclusion d'un accord de trêve."
Les discussions en cours prévoiraient à la fois la libération d'une cinquantaine d'otages et un arrêt temporaire des affrontements durant quatre à cinq jours. Deux sources proches du dossier ont indiqué à l'AFP que les termes de l'accord impliquaient la libération uniquement des femmes et des enfants, en échange de la remise en liberté de 300 prisonniers palestiniens détenus en Israël. Les libérations se feraient au compte-gouttes, à raison de 10 otages contre 30 prisonniers par jour. Mais ces conditions vont-elles satisfaire toutes les parties ? Pas tout à fait, le gouvernement israélien souhaite que le "regroupement familial" soit pris en compte et que pour chaque civil libéré, ses enfants et son partenaire le soient également même lorsqu'il s'agit d'un militaire. Mais le Hamas s'oppose encore à la libération des soldats. L'accord sur la libération des otages prévoirait également une trêve humanitaire de cinq jours et potentiellement renouvelable. Avec cet arrêt des affrontements, ce sont aussi les transferts de vivres, d'eau, d'aides médicales et de carburant qui sont entendus.
Mardi soir, le gouvernement israélien était réuni avec pour objectif de faire approuver l'accord sur la libération des otages du Hamas. En ouverture de cette réunion, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a tenu à faire passer un message. Si des négociations ont bien lieu, "nous sommes en guerre et nous continuerons la guerre", a insisté le chef du gouvernement, avant de déclarer que cet accord est toutefois "la bonne décision" à prendre, précisant que "l'ensemble de l'appareil sécuritaire le soutient entièrement". Pour rappel 240 otages sont retenus par le Hamas depuis l'attaque du 7 octobre et parmi eux se trouvent huit Français.
La Croix-Rouge milite pour la santé des otages
Alors que le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis œuvrent auprès d'Israël et du Hamas pour faire avancer les négociations sur le sort des otages, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est également en contact avec les dirigeants du Qatar et ceux du Hamas. L'ONG ne participe pas aux négociations, mais échange pour "avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza". Elle milite pour que ses équipes puissent "rendre visite aux otages afin de s'assurer de leur bien-être et pour leur administrer des médicaments, et afin que les otages soient en mesure de communiquer avec leurs familles".
Les familles des otages vivent dans la crainte de ne jamais voir leurs proches revenir depuis plus de 40 jours et elles étaient reçue, le 20 novembre par le Parlement de l'Etat d'Israël, la Knesset, pour une audition devant la commission de la Sécurité nationale. Le gouvernement a plusieurs fois mentionné la libération des otages comme une priorité.
L'hôpital Al-Shifa évacué, et bien utilisé par le Hamas ?
Les otages enlevés par le Hamas ont-ils occupés les sous-sols de l'hôpital Al-Shifa ? L'armée israélienne qui a mené l'assaut et fouille l'établissement depuis le 15 novembre assure que l'organisation islamique se sert de l'hôpital comme d'une base militaire. Pour appuyer ses propos, Tsahal a diffusé des images qui montreraient, selon elle, des miliciens du Hamas conduire de force des otages dans les couloirs de l'hôpital Al-Shifa à la date du 7 octobre, jour de l'assaut contre l'Etat hébreu. L'armée israélienne a également indiqué avoir découvert l'entrée d'un tunnel sous un hangar de l'hôpital rempli d'armes comme des "lance-grenades, des explosifs et des fusils Kalasnikov". Le tunnel serait profond de 10 mètres, long de 55 mètres et équipé de moyens de défense dont une porte blindée selon le communiqué de l'armée. Ces éléments servent de preuves selon Tsahal, mais tous sont difficiles à authentifier et ne peuvent être considérés comme des preuves solides.
Alors que les fouilles se poursuivent, l'hôpital a été vidé des milliers de civils, patients comme personnels, qui se trouvaient à l'intérieur du complexe hospitalier. Mais plusieurs malades ou blessés sont décédés entre le 15 et le 18 novembre "en raison de la fermeture des services médicaux" a fait savoir l'OMS qui compare l'établissement à une "zone de mort". Parmi les personnes évacuées 33 sont des bébés prématurés, deux d'entre eux sont morts durant l'évacuation, trois se trouvent dans l'hôpital des Emirats dans le sud de Gaza et 28 ont été conduits par-delà la frontière avec l'Egypte pour être pris en charge.
Les hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnent au-delà de leurs capacités et 47 et 72 centres de soins primaires sont hors-service a prévenu l'OMS qui demande de mettre fin aux hostilités et à la catastrophe humanitaire à Gaza. "Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat, à un flux soutenu d'aide humanitaire à grande échelle, à un accès humanitaire sans entrave à tous ceux qui en ont besoin, à la libération inconditionnelle de tous les otages et à la cessation des attaques contre les soins de santé et autres infrastructures vitales".
De "trop nombreuses pertes civiles" selon Macron
Emmanuel Macron s'est entretenu avec Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, et Benyamin Nétanyahou, ce dimanche 19 novembre. Il a interpellé le Premier ministre israélien sur les "trop nombreuses pertes civiles" à Gaza. "Il lui a rappelé la nécessité absolue de distinguer les terroristes de la population et d'apporter une protection efficace aux civils", selon un communiqué de l'Elysée. Côté palestinien, le chef de l'Etat a "condamné les violences contre les civils palestiniens" en Cisjordanie. "Les deux présidents sont convenus de l'importance de ne rien faire pour affaiblir la Cisjordanie. Le chef de l'Etat a rappelé le soutien de la France à l'Autorité palestinienne, seule autorité légitime à représenter le peuple palestinien", a poursuivi l'Elysée.
À la suite de cela, Emmanuel Macron a confirmé, dimanche 19 novembre, l'envoi d'un quatrième avion d'aide médicale à Gaza. L'Élysée a aussi indiqué que des enfants malades de Gaza seront accueillis en France. "La France mobilise tous les moyens à sa disposition pour contribuer à évacuer depuis la bande de Gaza vers ses hôpitaux des enfants blessés ou malades et qui ont besoin de soins urgents", rapporte BFMTV. Jusqu'à 50 enfants pourront ainsi être accueillis en France. Le président français a précisé sur X (ex-Twitter) que le pays "mobilisait tous les moyens à sa disposition, pour que des enfants gazaouis blessés puissent être soignés en France, si cela est utile et nécessaire."
Le bilan de la guerre
Le bilan de la guerre qui se déroule à Gaza est difficile à établir, les chiffres livrés par le Hamas ne pouvant être vérifiés de manière indépendante et donc distingués de la propagande. Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas communiqué lundi 20 novembre, 13 300 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont plus de 5 600 enfants, depuis le début du conflit le 7 octobre. Le mouvement palestinien a également fait état de plus de 31 000 blessés. Questionné sur ce bilan, le porte-parole du Pentagone a admis que, concernant les victimes civiles à Gaza, "il faut compter en milliers".
Du côté israélien, le bilan de l'attaque du Hamas du 7 octobre a en revanche été revu à la baisse, vendredi 10 novembre, passant de 1 400 à 1 200 morts. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, après identification des corps, il semblerait que nombre d'entre eux appartenaient à des hommes du Hamas. Avant cela, l'armée israélienne avait par ailleurs précisé que 46 soldats étaient morts depuis l'attaque du 7 octobre dernier, selon son dernier bilan.
Parmi les victimes, il faut aussi compter les otages retenus par le Hamas et dont le nombre serait compris en 200 et 250. Ils sont 239 selon l'armée israélienne. Selon une estimation du Times of Israël, environ 180 otages seraient retenus par le Hamas, 40 par le Jihad islamique palestinien et une vingtaine par plusieurs organisations locales.
Quarante Français morts en Israël
Quarante Français ont été tués en Israël lors des attaques du Hamas le 7 octobre, d'après le bilan communiqué par la Première ministre, Élisabeth Borne, lundi 6 novembre. Elle compte également huit ressortissants portés disparus. "Il est désormais confirmé que certains d'entre eux sont otages du Hamas", a indiqué le gouvernement le 6 novembre.
Paris assure tout mettre en œuvre pour sauver les otages et rapatrier les ressortissants qui le souhaitent. Le Quai d'Orsay a annoncé le 14 novembre qu'au total, 112 Français ont pu être à ce jour évacués de la bande de Gaza. "Ce bilan marque la fin d'une première phase de nos opérations d'évacuation, qui a permis à la quasi-totalité de nos compatriotes souhaitant quitter Gaza de le faire", a fait savoir la porte-parole du ministère dans un communiqué, précisant que ces personnes avaient pu être évacuées par le post-frontière de Rafah qui mène à l'Égypte.
La guerre entre Israël et le Hamas a commencé le 7 octobre 2023 avec une frappe surprise et massive lancée par le groupe islamiste palestinien Hamas sur l'État hébreu. De nombreux combattants ont mené des incursions près de la frontière de la bande de Gaza tandis que des frappes aériennes ont été lancées. Ces attaques à caractère terroriste ont donné lieu à des scènes d'horreur et des massacres dans plusieurs kibboutz juifs d'Israël.
Israël a ordonné la riposte dans les heures qui ont suivi l'attaque avant d'imposer le siège de Gaza le lundi 9 octobre. La même journée, l'armée israélienne a annoncé avoir repris le contrôle de la frontière avec la bande de Gaza. Depuis, elle a lancé une attaque terrestre sur le territoire palestinien.