Les otages français maltraités ? Ce que l'on sait de leur détention à Gaza
Avec la libération des otages, le voile se lève petit à petit sur leurs conditions de détention dans les bases du Hamas. Plus de 70 otages - 61 Israéliens ou binationaux, dont trois avec la nationalité française, et 20 étrangers, parmi lesquels 19 travailleurs thaïlandais - ont été libérés lors des cinq premiers jours de la trêve humanitaire temporaire entre le Hamas et Israël. D'autres devraient suivre. Mais encore plus de 150 otages sont détenus pour le groupe islamiste palestinien et attendent d'être libérés sans avoir de garanties.
Les otages libérés commencent à se livrer sur leur plus de 40 ou 50 jours de détention. L'armée israélienne prend soin de ne laisser fuiter aucune information, mais quelques témoignages de proches sont parvenus jusqu'aux médias. Tous rendent compte d'un "enfer" et des "horreurs" vécues par les otages. "C'est inimaginable", s'est émue la tante d'un des trois adolescents franco-israéliens libérés le 27 novembre après avoir pris connaissances du quotidien dans les mains du Hamas.
Les otages violentés et maltraités ?
Sur les dizaines d'otages libérés rares sont ceux qui ont montré de graves blessures physiques. Les otages "n'ont pas été torturés ni maltraités" d'après Meirav Raviv, parente de trois otages libérés par le Hamas - sa cousine, son neveu et sa grand-mère - auprès de Ynet. Mais d'autres témoignages rapportent des scènes de tabassage par la population locale lors de l'arrivée des otages à Gaza, comme celui de Deborah Cohen, la tante du Franco-israélien Eitan libéré le 27 novembre, sur BFMTV. "Apparemment Eitan n'a pas été bien traité", selon la tante et la mère du garçon ajoute RTL. Sur tous les otages remis en liberté, une seule a été hospitalisée en soins intensifs à son arrivée en Israël "en raison d'une grave absence de soins durant sa détention", selon le directeur de l'hôpital Soroka de Beer Sheva, dans le sud d'Israël.
"Des infos indirectes que j'ai, oui. Il y a un suivi médical classique, mais ils ne semblent pas éprouvés au-delà que ce que cette terrible détention a pu provoquer de chocs psychologique. Pour le moment, tout va bien", a de son côté indiqué au micro de RTL mardi matin la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, au sujet des trois Franco-israéliens libérés la veille. La coordinatrice qui s'occupe des familles d'otages français, invitée, elle, sur BFM TV, a rapporté des nouvelles similaires, évoquant "leur état" de santé "stable". "Après plus de 50 jours de détention, vous imaginez l'impact en matière de nutrition, de sommeil", a toutefois souligné sur Europe 1 et CNews ce 28 novembre le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
L'incertitude plane donc encore sur les violences physiques subies par les otages durant la captivité, mais tous ont souffert des conditions de détention. Plusieurs proches d'otages ont indiqué avoir retrouvé les membres de leur famille amaigris, certains ayant perdu 7 kilos comme indiqué par Meirav Raviv. "Il y avait des jours où ils n'avaient pas de nourriture" assure-t-elle. Et lorsqu'il y avait des repas, ils étaient maigres essentiellement composés de pain ou de riz, de fromage et de concombres selon Yocheved Lifshitz, une octogénaire israélienne libérée le 23 octobre, avant l'accord entre Israël et le Hamas. Des repas très irréguliers et un accès à l'hygiène également limité : "Il fallait attendre une heure et demie à deux heures à partir du moment où on demandait à aller aux toilettes jusqu'à ce qu'ils l'autorisent", selon le témoignage de Meirav Raviv. Pourtant, l'octogénaire Yocheved Lifshitz expliquait après sa libération que les conditions de la captivité montraient une certaine préparation puisque les geôliers avaient prévu "du shampoing et de l'après-shampoing".
Des menaces et des "tortures mentales" contre les otages
La violence psychologique subie par les otages durant leur captivité ne fait en revanche aucune doute. L'adolescent français Eitan a "vécu des horreurs" selon ses proches et a été "obligé de regarder le film" de l'attaque du 7 octobre a affirmé sa mère. Les otages ont également été menacés durant leur détention d'après le même témoignage : "Chaque fois qu'un enfant pleurait, on le menaçait avec une arme". Meirav Raviv a elle aussi évoqué des menaces de geôliers contre les otages et leurs familles, selon elle, certains membres du Hamas accompagnaient leurs menaces de gestes mimant un égorgement.
"Les enfants ont vécu vraiment l'enfer. Ils ont subi une torture mentale, des expériences très, très dures" ont indiqué les familles des deux autres enfants français libérés, les frères et sœurs Erez et Sahar Kalderon, au Parisien. Concernant l'état de santé des enfants, la ministre des Affaires étrangères s'est tout de même voulu rassurante et a indiqué que les ex-otages "ne semblent pas éprouver au-delà que ce que cette terrible détention a pu provoquer de choc psychologique, pour le moment tout va bien". Et la coordinatrice qui s'occupent des familles d'otages de renchérir auprès de BFMTV sur leur état "stable" et le long "processus de réhabilitation difficile" qui attend les trois adolescents.
Où les otages étaient-ils détenus ?
Les otages capturés lors de l'attaque du 7 octobre ne seraient pas regroupés au même endroit selon les informations de l'armée israélienne et ces derniers jours des spécialistes rapportent dans les médias israéliens que les otages pourraient être répartis et détenus par différentes formations telles que le Hamas, le Jihad islamique ou encore d'autres groupes rebelles. Les otages seraient donc disséminés dans le nord de la bande de Gaza et ne seraient pas tous retenus dans les mêmes conditions. Mais tous semblent détenus sous terre, et peut-être dans les tunnels utilisés par le Hamas d'après les renseignements de l'armée israélienne. Yocheved Lifshitz a explicitement indiqué s'être retrouvée dans un tunnel étendu comme "une toile d'araignée" sous terre et un proche d'une autre otage libérée a indiqué au Time of Israël que cette dernière avait "dû s'adapter à la lumière du soleil" et "marchait les yeux baissés parce qu'elle était dans un tunnel". Des témoignages partagés par d'autres proches d'otages libérés.