En une phrase sur la création d'Israël, Macron ravive les tensions avec Netanyahou

En une phrase sur la création d'Israël, Macron ravive les tensions avec Netanyahou Dix jours après avoir provoqué la colère de Netanyahou, Macron a ravivé les tensions ce mardi en lâchant en plein Conseil des ministres que "Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU".

Rien ne va plus entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien. Comme l'a révélé Le Parisien, ce mardi 15 octobre, en plein Conseil des ministres, le président de la République français a déclaré que "M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU". Des propos confirmés au quotidien de la capitale par plusieurs participants, qui font référence aux frappes israéliennes répétées contre des casques bleus de l'ONU au Liban (Finul) ces derniers jours. "Par conséquent il ne devrait pas s'affranchir des décisions de l'ONU", a estimé Emmanuel Macron lors de cette même réunion. 

Des propos qui n'avaient pas vocation à être rendus publics, mais qui sont finalement vite parvenus aux oreilles du principal intéressé. "Un rappel au président de la France : ce n'est pas la résolution de l'ONU qui a établi l'État d'Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d'indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l'Holocauste - notamment du régime de Vichy en France", a taclé le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, dans un communiqué publié mardi soir.

Une relation déjà tendue entre Macron et Netanyahou

Ce nouvel épisode ne risque pas de rabibocher Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou, dont la relation s'était déjà tendue le 5 octobre dernier. Lors d'une interview accordée à France Inter, le président français s'était prononcé en faveur de l'arrêt des livraisons d'armes à Israël utilisées dans la bande de Gaza. "Je pense qu'aujourd'hui, la priorité, c'est qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza", avait déclaré Emmanuel Macron. Et d'assurer : "La France n'en livre pas."

Des mots qui avaient suscité l'ire du Premier ministre israélien. "Alors qu'Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l'Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés" de l'État hébreu", avait réagi Benyamin Netanyahou dans une vidéo, ajoutant : "Pourtant, le président Macron et d'autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à des embargos sur les armes contre Israël. Ils devraient avoir honte !" Malgré les tentatives de l'Élysée pour calmer le jeu, avec notamment la publication d'un communiqué dans lequel il était question d'une France "amie indéfectible d'Israël", le nom d'Emmanuel Macron avait été copieusement hué lors du discours de son Premier ministre, Michel Barnier, à la cérémonie d'hommage aux victimes du 7-Octobre organisée par le Crif.

En fin de semaine dernière, Emmanuel Macron avait déjà qualifié de "tout à fait inacceptable" que des casques bleus de l'ONU aient été blessés "délibérément par les forces armées israéliennes", haussant clairement le ton contre l'État hébreu : "La France ne tolérera pas de nouveau tir." Et de renchérir samedi, en faisant cette fois-ci part de "sa grande inquiétude quant à l'intensification des frappes israéliennes au Liban et leurs conséquences dramatiques pour les populations civile".

Dernières mises à jour

08:47 - Le président du CRIF consterné par la phrase d'Emmanuel Macron

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, a réagi dans un message posté sur son réseau social X. Il considère que "les propos attribués au Président de la République, s’ils sont confirmés, sont une faute à la fois historique et politique". "Laisser penser que la création de l'Etat d'Israël est le fruit d'une décision politique de l'ONU, c'est méconnaître à la fois l'histoire centenaire du sionisme, l'aspiration millénaire des Juifs au retour à Sion et le sacrifice de milliers d'entre eux pour établir l'Etat d'Israël. [...] A l'heure où l'antisémitisme se nourrit de l'antisionisme, ces propos renforcent dangereusement le camp de ceux qui contestent la légitimité du droit à l'existence d'Israël", ajoute-t-il. Le président du Crif rappelle que "c'est la France qui le 4 juin 1917 exprime dans la déclaration Cambon son soutien au projet de création d'un Etat juif", est espère qu'"au-delà de ces propos regrettables, l'amitié entre la France et Israël continuera, je l'espère, à l'emporter".