Trêve à Gaza : de nouveaux combats annoncés pour samedi, à moins d'un revirement

Trêve à Gaza : de nouveaux combats annoncés pour samedi, à moins d'un revirement La trêve à Gaza a du plomb dans l'aile. Israël, soutenu par les Etats-Unis, a annoncé la reprise de "combats intenses" si les otages n'étaient pas libérés ce samedi 15 février après que le Hamas a décidé de reporter les libérations d'otages jusqu'à "nouvel ordre".

La trêve à Gaza a permis de libérer 21 otages du Hamas en échange d'environ 700 à 800 prisonniers palestiniens depuis le 19 janvier. Mais l'accord censé durer jusqu'au 1er mars et permettre encore la libération d'une dizaine d'autre Israéliens et des centaines d'autres Palestiniens risque de prendre fin plus tôt que prévu. Les deux belligérants s'accusent mutuellement de ne pas avoir respecté tous les termes de l'accord et les récentes déclarations de Donald Trump sur l'avenir et la prise de contrôle de la bande de Gaza par les Américains n'y sont pas étrangères. Résultat : les prochaines libérations qui doivent, théoriquement, avoir lieu le samedi 15 février pourraient finalement ne pas intervenir. Or, sans libération, c'est une reprise des combats qui s'annonce.

La Hamas a annoncé lundi 10 février reporter les libérations d'otages "jusqu'à nouvel ordre" après avoir dénoncé une "violation totale" de l'accord par le camp israélien et son allié américain. Une réponse aux menaces de Donald Trump sur un "nettoyage ethnique" selon plusieurs dirigeants du groupe islamiste palestinien : "Le langage des menaces est sans valeur et ne fait que compliquer les choses. [...] Trump doit se rappeler qu’il y a un accord qui doit être respecté par les deux parties et que c’est le seul moyen de faire revenir les prisonniers", a lancé Sami Abou Zouhri, un des chefs du Hamas. De son coté, le Hamas assure être "attaché" au respect de l'accord de trêve.

Israël a répondu au Hamas le mardi 11 février par la voix de son Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui a promis une reprise des combats en l'absence de nouvelles libérations d'otages. "Si le Hamas ne libère pas nos otages d’ici à samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin et [l’armée israélienne] reprendra des combats intenses jusqu’à ce que le Hamas soit définitivement battu", a-t-il déclaré. Le chef du gouvernement israélien n'a toutefois pas décidé de quels otages il attendait la libération : des quelques individus devant être normalement libérés, des 12 derniers otages faisant partie des personnes libérables pendant la première phase de la trêve ou de tous les otages restants. Donald Trump a pour sa part exigé les libérations de "tous les otages" retenus à Gaza d'ici samedi midi et a promis "l'enfer" si cette condition n'était pas respectée.

Ce que prévoit l'accord sur les libérations d'otages

L'accord de trêve conclu entre Israël et le Hamas prévoit une première phase de cessez-le-feu entre le 19 janvier et le 1er mars. Période durant laquelle 33 otages du Hamas doivent être libérés en échange de 1 900 prisonniers palestiniens. Ce début de trêve n'assurait donc la libération que d'une partie des 73 otages retenus par le Hamas, dont 34 sont morts selon les informations de l'armée israélienne. Les autres Israéliens captifs devaient être libérés lors d'une deuxième et d'une troisième phase dont les conditions devaient être négociées cette semaine et jusqu'à la fin de l'accord.

Mais le Hamas a pointé "un retard et un manque d'engagement" d'Israël et des Etats-Unis "dans la mise en œuvre de la première phase" de la trêve "ainsi qu'une tentative de créer un environnement politique, diplomatique et médiatique destiné à faire pression sur les négociateurs palestiniens avant l'entrée dans la deuxième phase" a rapporté Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas auprès de l'AFP. Selon ce responsable, "cela met clairement l'accord en danger et pourrait mener à son arrêt ou son effondrement".

Avant l'annonce du Hamas sur le report des libérations jusqu'à nouvel ordre, le dernier échange d'otages et de prisonniers organisé le samedi 8 février avait déjà souffert de complications dues à des tensions dans les négociations. A l'issue des libérations, l'Etat hébreu avait dénoncé un "spectacle cruel" lors de la libération des otages aux visages émaciés et entourés de drapeaux palestiniens, tandis que le Club des prisonniers palestiniens avait révélé des agressions de familles civiles par l'armée israélienne.

Une reprise du conflit après la trêve ?

Outre la libération des otages et de prisonniers, la première phase de la trêve à Gaza  prévoit aussi le retrait des troupes israéliennes de certains corridors et espaces pour permettre le retour des civils gazaouis. "Une livraison d'aide humanitaire partout dans la bande de Gaza permettant l'entrée d'équipements de première nécessité notamment pour les personnes déplacées qui ont perdu leur logement à la suite de la guerre, ainsi que la réhabilitation des hôpitaux, centres de santé et autres" sont également au programme de cette première phase. Des conditions préalables devant permettre un retrait définitif d'Israël dans l'enclave palestinienne. Mais l'Etat hébreu s'est toujours opposé à l'idée de mettre fin au conflit avant "l'extermination" du Hamas et cette position a été réaffirmée ces derniers jours par Benyamin Nétanyhaou le 8 février dans une interview sur Fox news : "Nous éliminerons le Hamas et ramènerons nos otages. C'est l'ordre. Et c'est ce que nous ferons." Un objectif également poursuivi par Donald Trump. 

Dernières mises à jour

14:18 - Le Qatar et l'Egypte travaillent "intensément" à "résoudre la crise"

Alors que l'accord de cessez-le-feu est en péril, "les médiateurs du Qatar et d'Egypte sont en contact avec la partie américaine" pour tenter de sauvegarder la trêve à Gaza a indiqué une source palestinienne à l’AFP ce mercredi 12 février. "Ils travaillent intensément pour résoudre la crise et pousser Israël à appliquer le protocole humanitaire de l’accord de trêve et à entamer les négociations pour la deuxième phase", a précisé la même source sous couvert de l’anonymat. Cette dernière va dans le sens du Hamas qui rapproche à Israël de ne pas respecter les conditions de l'accord et menace lui-même de ne plus s'y tenir, notamment pour les libérations d'otages. 

12:10 - Israël promet la reprise des combats en l'absence de nouvelles libérations d'otages

"Si le Hamas ne libère pas nos otages d’ici à samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin et [l’armée israélienne] reprendra des combats intenses jusqu’à ce que le Hamas soit définitivement battu", a annoncé le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou dans la soirée du mardi 11 février. Une déclaration faite en réponse à l'annonce du Hamas de suspendre les libérations d'otages jusqu'à "nouvel ordre". Donald Trump de son côté a promis "l'enfer" si "tous les otages" n'étaient pas libérés ce samedi.