"Le peuple a peur" : le discours d'une évêque suscite la colère de Trump

"Le peuple a peur" : le discours d'une évêque suscite la colère de Trump Donald Trump réclame des excuses publiques après le sermon d'une évêque qui l'a appelé à la "miséricorde" envers les immigrés et les membres de la communauté LGBTQ+. Un discours qui n'a du tout plu au président américain.

Donald Trump n'a manifestement pas apprécié l'office religieux auquel il a assisté au lendemain de son investiture, le mardi 21 janvier. Et pour cause, le sermon prononcé par l'évêque n'est pas allé dans le sens politique du 47ème président des Etats-Unis. "Des millions de gens ont placé leur confiance en vous et au nom de notre Dieu, je vous demande d'être miséricordieux vis-à-vis de votre peuple, qui a peur à présent", a commencé l'évêque épiscopalienne de la cathédrale de Washington, Mariann Edgar Budde, face à un Donald Trump au visage fermé.

Un appel à la miséricorde surtout destiné aux migrants et aux membres de la communauté LGBTQ+ visés par des mesures liberticides prises par Donald Trump dès les premières heures de son mandat. "Il y a des enfants gays, lesbiennes et trans de familles démocrates, républicaines et indépendantes. Certains ont peur pour leur vie", a insisté l'évêque avant d'appeler à la pitié sur le sort des migrants insérés dans la société américaine : "Tous ne sont peut-être pas citoyens, ou n'ont peut-être pas les bons papiers, mais une vaste majorité de ces immigrés ne sont pas des criminels".

Difficile de ne pas faire le rapprochement entre le sermon et les décrets présidentiels signés la veille ou les précédentes annonces de Donald Trump. Le républicain a réaffirmé que "la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera qu'il n'y a que deux sexes, masculin et féminin" excluant la reconnaissance des personnes transgenres des possibilités. Quant aux migrants, le président américain compte lancer "le plus grand programme d'expulsions de l'histoire des Etats-Unis"

"Elle est méchante"

Donald Trump a également fait le rapprochement et a dénoncé un "acharnement" de la responsable religieuse à son égard sur son réseau Truth Social : "Cette pseudo-évêque qui a parlé lors du service national de prière mardi matin était une radicale de gauche, qui déteste Trump avec acharnement". Lui reprochant d'avoir tenu un discours politique, il l'a qualifiée de personne "ingrate" et "méchante", dont le sermon n'était "ni convaincant, ni intelligent". Mais plus que de se plaindre, le président américain a exigé des excuses : " Elle et son église doivent des excuses au public ! "

Avec son ton sûr de lui, Donald Trump n'a pas flanché après le sermon et a campé ses positions notamment sur la question des migrants "illégaux qui sont entrés dans notre pays et ont tué des gens". Le républicain continue de reprocher à cette tranche de la population une "vague de criminalité géante qui se produit aux États-Unis", un argument qui l'a porté jusqu'à la victoire lors de la campagne présidentielle. Malgré cet appel à la miséricorde, qui l'a visiblement agacé, Donald Trump semble penser que ce n'est pas à lui de revoir ses positions, mais à l'évêque de se remettre en question : "Outre ses déclarations inappropriées, le service était très ennuyeux et peu inspirant. Elle n'est pas très bonne dans son travail !"

L'évêque de 65 ans, première femme à diriger le diocèse épiscopal de Washington, n'a pas nié le caractère politique de son discours, mais elle a assuré au New York Times avoir écrit un sermon indépendamment du résultat de l'élection présidentielle. Il existe toutefois un précédent entre Mariann Budde et Donald Trump qui remonte à 2020 : l'évêque s'était dite "indignée" auprès du même journal américain de l'instrumentalisation de la Bible par Donald Trump. A l'époque, le président avait brandi l'ouvrage devant l'église St John après que des officiers ont lancé des gaz lacrymogènes contre des manifestants militant pour la justice raciale.