Guerre en Ukraine : qui sont ces Français qui combattent avec l'armée russe, selon Poutine ?
Une révélation choc. Mercredi 30 avril, Vladimir Poutine a affirmé que des citoyens français prêtent actuellement main-forte à l'armée russe en Ukraine. "Certains citoyens français combattent sur le front aux côtés de la Russie. Leur unité est baptisée 'Normandie-Niémen'", a précisé le maître du Kremlin. Des propos relayés par l'agence de presse officielle russe Tass.
Et si le nom de cette unité vous dit quelque chose, c'est normal. Créée pendant la Seconde Guerre mondiale, cette unité composée de pilotes volontaires français envoyés sur le front de l'Est aux côtés de l'armée soviétique a été formée en 1942 pour faire face à l'avancée de l'Allemagne nazie. Le président de la Russie s'est même félicité que "de tels gens existent encore aujourd'hui". Selon lui, "il y a toujours eu en France des gens qui partagent les valeurs de la Russie".
L'unité "Normandie-Niémen" est spécialisée dans l'usage de drones, abonde une émission de la chaîne de télévision publique russe RIA. "C'est la seule (...) unité occidentale qui a participé à la victoire de la Russie sur l'Allemagne nazie", révèle Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France à Moscou, dans les colonnes du journal Le Parisien. La révélation de Vladimir Poutine permet au Kremlin de légitimer l'action de la Russie sur le front ukrainien, en mettant en parallèle la Seconde Guerre mondiale et celle qu'il mène avec Kiev. "C'est du pain bénit pour Poutine (...) C'est aussi une manière pour (lui) de dire aux Européens, et notamment à Emmanuel Macron, 'je suis du bon côté de l'Histoire, le peuple français est avec moi, il est aligné avec la Russie'", détaille Ulrich Bounat, analyste géopolitique spécialiste de l'Ukraine auprès du Parisien.
Des cadres qui ne sont pas envoyés au front
Qui sont ces Français qui participent à des opérations militaires en faveur de l'armée russe ? "Très probablement d'anciens militaires, notamment de la Légion étrangère", révèle Ulrich Bounat. Selon la chaîne de télévision RIA - dont les propos ont été repris par Le Figaro - deux anciens officiers de l'armée française, "Padre" et "Gauthier", ont récemment rejoint les soldats russes dans le Donbass. L'un d'entre eux aurait été instructeur dans la Légion étrangère, précise le média russe.
Le prénommé "Gauthier", révèle auprès du média russe que cette "guerre des drones" est totalement nouvelle pour lui. "Je profite de l'expérience des Russes (...) C'est très différent de ce qui se passe dans les armées occidentales", concède-t-il. En revanche, il l'assure : "Russes et Français doivent lutter ensemble contre les 'idées dégénérées' de l'Occident et le mouvement LGBT, qui sont moralement destructeurs", toujours au micro de RIA.
Alors, la présence de ces Français aux côtés de l'armée russe est-elle déterminante pour le Kremlin ? Difficile à dire. S'ils sont déjà formés en France et qu'ils ne figurent pas en "première ligne" en Ukraine, leurs compétences peuvent être un vrai atout pour l'armée de Vladimir Poutine : "ce sont plutôt des cadres dans la logistique, le génie ou les drones", analyse l'ex-colonel et vice-président de l'institut Thémis, Peer de Jong. Toutefois, il convient de rester prudents avec ce genre de collaborations et de déclarations de la part du président de la Russie. En effet, Peer de Jong voit plutôt cela comme "du soft power bien utilisé car, évidemment, la Russie n'a pas besoin de cent Français pour gagner la guerre. C'est de la communication", conclut-il dans Le Parisien.
Un combattant français a toutefois été clairement identifié. Il s'agit de Serguei Munier. Né à Lugansk, dans le Donbass, il a été élevé en France. Cet ancien colonel dans l'armée française se trouve dans l'est de l'Ukraine depuis 2014, année du début de la guerre du Donbass. Il est instructeur de drones. Il y a quelques jours, il expliquait avoir reçu un passeport russe dans un reportage de la chaîne Vesti, présentée par Dimitri Kisseliev, un proche de Vladimir Poutine. RTL estime le nombre de "combattants" Français pour la Russie sur le sol ukrainien à "une poignée". La chaîne Vesti, elle, en dénombre une trentaine.