Donald Trump dit n'importe quoi sur les armes nucléaires, la Chine n'apprécie pas du tout
Ce jeudi 30 octobre, Donald Trump a rencontré le président chinois, Xi Jinping, en Corée du Sud. L'échange avait pour but d'apaiser la guerre commerciale entre les deux pays. La dernière entrevue des deux chefs d'Etat remontait à 2019. Lors de ce rendez-vous, le président américain a convenu d'une baisse des droits de douane pour la Chine, en échange d'un accord sur l'exportation de terres rares. A la sortie du rendez-vous, Donald Trump a qualifié Xi Jinping de "dirigeant exceptionnel d'un pays très puissant", assurant que "de nombreux points" auraient été finalisés. Il a même affirmé que le différend entre les deux pays était "résolu".
Quelques minutes auparavant, le président américain avait pris une toute autre décision : ordonner au ministère de la Défense de "commencer à tester" les armes nucléaires américaines. Il a justifié ce choix, sur son réseau Truth Social, par "les programmes d'essais menés par d'autres pays" et veut donc se placer sur un "pied d'égalité". C'est notamment une réponse au test d'un drone sous-marin russe, nommé Poséidon, doté d'un système de propulsion nucléaire et capable de transporter des charges atomiques. Vladimir Poutine a également fait une série d'annonces sur le développement de nouvelles armes atomiques russes. Dimanche 26 octobre, ce dernier s'était félicité de l'essai réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik.
"Compte tenu de leur immense pouvoir destructeur, j'ai détesté prendre cette décision, mais je n'avais pas le choix", a ajouté Donald Trump. "Les États-Unis possèdent plus d'armes nucléaires que tout autre pays. La Russie arrive en deuxième position et la Chine loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d'ici cinq ans", a-t-il affirmé, comme s'il se faisait à l'idée que Pékin avait comme objectif d'augmenter son arsenal. Le président américain dit n'importe quoi. Selon le dernier rapport de l'Institut de recherche internationale pour la paix de Stockholm, les Russes affichent 5489 ogives nucléaires contre 5177 américaines. La Chine est, c'est vrai, bien derrière avec 600, selon l'AFP. Dans le monde, ce chiffre monte à 12 200, réparties entre les neufs pays disposant de l'arme atomique. Par ailleurs, la Chine n'est pas du tout engagé dans une démarche d'augmentation significative de son arsenal nucléaire : l'objectif militaire du pays est d'atteindre les 1000 têtes opérationnelles en 2030, loin de ses concurrents. Le président américain est manifestement très mal renseigné et aborde ce sujet avec beaucoup de légèreté.
Le retour du nucléaire américain ?
Interrogé sur le sujet juste avant sa rencontre avec le président chinois, Donald Trump a refusé de répondre. Cela peut toutefois apparaitre comme une déclaration de force avant sa rencontre avec le président chinois à Busan. La Chine a, pour sa part, exigé que les Etats-Unis respectent "sérieusement" l'interdiction internationale des essais nucléaires. Il faut davantage prendre "des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires et pour préserver l'équilibre et la stabilité stratégiques mondiaux", a commenté Guo Jiakun, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'un point presse.
Le dernier essai nucléaire des Etats-Unis remonte à 1992. Il en avait alors conduit 1054 depuis 1945. Washington a ensuite signé en 1996 le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, mais n'a pour autant jamais ratifié le texte. Le pays est aussi concerné par le traité de désarmement New Start, tout comme la Russie, qui limite à 1550 ogives stratégiques offensives déployées. Ce traité doit expirer en février prochain, mais Vladimir Poutine aurait proposé début octobre de le prolonger d'un an.