La revanche "odieuse" et "violente" de Bernadette

La revanche "odieuse" et "violente" de Bernadette Longtemps reléguée au rôle de femme discrète, subissant le poids politique et les infidélités supposées de son mari, l'ancienne Première dame aurait pris l'ascendant sur l'ancien chef de l'Etat. Quitte à devenir "odieuse".

[Mis à jour le 27 février 2013 à 10h51] Bernadette Chirac est désormais une femme libre et elle compte bien en profiter. Longtemps restée dans l'ombre, elle aurait, selon plusieurs articles de presse, pris l'ascendant sur son mari, malade et affaibli à 80 ans. Une revanche pour l'ancienne Première dame, tant cette femme de bonne famille (née Chodron de Courcelle) a dû revoir ses ambitions pour ne pas gêner la carrière de Jacques Chirac et tant les humiliations furent nombreuses par le passé. N'a-t-on pas dépeint "Bernie" comme une femme effacée, que Chirac appelle "maman" dans les Guignols de l'Info ? La presse n'a-t-elle pas bruissé des nombreuses infidélités supposées de son mari ? Cantonnée à une carrière politique locale en Corrèze depuis 1979, Bernadette Chirac semble bien avoir pris désormais les habits de chef de famille. C'est en tout cas ce que décrit un article de "M", le magazine du Monde cette semaine.

Principale preuve avancée dans le magazine hebdomadaire : Bernadette Chirac n'hésite plus à rabrouer violement son époux en public. La propriétaire d'un hôtel renommé au Maroc raconte que le 31 octobre dernier, alors que le couple passait comme chaque année ses vacances de la Toussaint dans cet établissement luxueux, Bernadette Chirac a laissé exploser sa colère contre son mari. "Elisabeth et Robert Badinter ont mieux à faire ce soir que de dîner avec vous... Vous n'êtes que le bruissement des ailes d'un insecte", aurait elle-lâché plusieurs fois au beau milieu du restaurant, profitant malicieusement de la surdité de Jacques Chirac pour se faire entendre. Le Monde rapporte la liste des personnalités présentes à quelques tablées ce jour là : outre les Badinter, les avocats Richard Malka et Gilles August, le patron de France Inter Philippe Val, l'animateur Marc Olivier Fogiel ou encore la journaliste Audrey Pulvar ont tout entendu... Bernadette Chirac ne se prive d'ailleurs plus quand il s'agit, en privé ou en public, de s'appesantir sur la santé de son "vieillard" de mari. Sur Europe 1 dernièrement, elle affirmait que la "vieillesse est un naufrage", faisant clairement référence à la déchéance de l'ancien chef de l'Etat. Devant subir ses "multiples dérapages" (dont des blagues salaces précises Le Monde), Bernadette répète désormais à qui veut l'entendre que l'homme "n'a plus de surmoi".

Bernadette Chirac : un contrôle permanent 

Face à cet état de santé déclinant de Jacques Chirac, Bernadette a d'ailleurs décidé de prendre les choses en main. C'est elle qui désormais régit toute la vie publique de l'ancien président de la République avec sa fille Claude. Cette dernière, qui s'est longtemps chargée de la communication de l'Elysée, est revenue auprès du patriarche après avoir tenté une carrière dans le privé (dans le groupe PPR, détenu par un ami de la famille, François Pinault). Elle serait récemment allée jusqu'à annuler un séjour des Chirac au Maroc, quand la presse a révélé que le roi Mohammed VI payait la note... Bernadette et Claude tentent surtout de limiter les apparitions publiques du "grand Jacques" pour éviter le voyeurisme des journalistes, sur le qui-vive dès qu'il s'agit de parler de sa vieillesse et de son état de santé.

Depuis l'appel à voter Hollande en 2011, les deux femmes verrouillent toutes les portes et fenêtres, empêchant tous les journalistes, même les plus proches, de se faufiler rue de Lille, où Chirac dispose désormais d'un bureau. Elles se sont d'ailleurs arrangées pour faire taire Jacques Chirac à l'époque, parlant "d'humour corrézien" alors que, selon le Monde, ce dernier était bel et bien décidé à parler publiquement de son rejet de Sarkozy. Elles ont aussi organisé son vote par procuration. Un vote dont Bernadette, qui a elle-même glissé le bulletin dans l'urne, ne cache plus la nature dans les dîners mondains : par sa main, Jacques Chirac a bien voté Sarkozy. A son insu sans doute.

Un rejet de la "chiraquie"

Et il y a sans doute pire : Bernadette Chirac rejette désormais une bonne partie des proches de Jacques Chirac, ceux qui furent ses plus fidèles lieutenants politiques, isolant encore un peu plus son mari. En entrant au conseil d'administration de LVMH il y a quelques années, elle a fait une fleur à Bernard Arnault et un pied de nez à son rival François Pinault, grand ami de Chirac, sans doute le plus indéfectible. Bernadette affiche clairement son admiration pour Nicolas Sarkozy et sa détestation d'une bonne partie du clan chiraquien, de Juppé à Villepin qu'elle surnomme "Neron" en public. Elle ne prend plus de gants pour disperser d'un revers de la main les amis politiques qui s'approcheraient de trop près de leur ancien mentor. Dans le Canard Enchainé récemment, un proche de Jacques Chirac avouait incognito : "Bernie est une méchante. Une vraie méchante" [...]. On n'en peut plus d'elle, on ne peut plus la voir, elle nous emmerde." Le Monde Magazine résume : Bernadette Chirac entend désormais "mener sa vie comme elle l'entend, mondaine, parfois hautaine, enfin indépendante d'un homme qu'elle a toujours servi".

Dans le documentaire "Le clan Chirac, une famille au coeur du pouvoir", diffusé mardi 26 février 2013 sur France 2, le réalisateur Pierre Hurel est aussi revenu, entre autres, sur les difficultés rencontrées par Bernadette Chirac au sein de son couple, lorsque son mari était au pouvoir. Une femme dévouée qui s'est émancipée au fil des ans. Jusqu'à s'afficher en soutien de Nicolas Sarkozy, au premier rang de meeting, tandis que Jacques Chirac évolue désormais loin des projecteurs.

(Photo : Entretien entre Astrid, princesse de Belgique et Bernadette Chirac, membre du comité honoraire du Centre international pour enfants disparus et exploités, Union européenne)

EN VIDEO - Jacques Chirac, reconnu coupable en décembre 2011 de "détournement de fonds publics" et "abus de confiance", dans l'affaire des emplois ficitfs de la ville de Paris. Le "tueur" est depuis devenu un "animal blessé".

"Jacques Chirac, un animal politique blessé"