Piotr Pavlenski : qui est l'artiste russe à l'origine du retrait de Benjamin Griveaux ?
[Mis à jour le 14 février 2020 à 16:51] Vendredi 14 février, coup de théâtre dans la campagne des municipales à Paris. Benjamin Griveaux de La République en marche retire sa candidature après la diffusion d'une vidéo intime sur les réseaux sociaux. Derrière le scandale, il y a l'artiste russe contestataire Piotr Pavlenski. C'est sur son site baptisé "pornopolitique.com" que les images à caractère sexuel ont été mises en ligne le 1er février avant d'être relayées sur les réseaux sociaux. Né à Léningrad, en Russie en 1984, Piotr Pavlenski est connu pour ses performances en public spectaculaires contre la répression et l'ordre établi.
Le militant réfugié en France se revendiquant de l'"art politique" entend à travers cette vidéo "dénoncer l'hypocrisie" de Benjamin Griveaux, a-t-il expliqué à Libération. "C'est quelqu'un qui s'appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu'il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire. Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu'ils veulent, ils peuvent même baiser des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes. Mais lui veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs", déclare Piotr Pavlenski.
Son site internet "pornopolitique.com" se présente comme "la première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques". L'idée est de récolter des contenus à caractère sexuels d'hommes et de femmes politiques "qui mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu'ils le méprisent eux-mêmes", peut-on lire sur le site. La vidéo concernant Benjamin Griveaux viendrait d'une source non-identifiée qui entretenait une relation consentie avec l'ancien porte-parole du gouvernement.
Automutilations et déboires judiciaires
Piotr Pavlenski s'est fait connaître par des actions automutilatoires. En 2012, il s'est ainsi cousu la bouche pour soutenir les Pussy Riot, arrêtées après une "prière punk" contre Vladimir Poutine chantée dans une cathédrale moscovite. L'année suivante, il s'était cloué le scrotum sur les pavés de la place Rouge pour protester contre le pouvoir russe. En 2014, il a découpé un bout de son oreille pour critiquer le "retour de la psychiatrie à des fins politiques" dans son pays. Il a également mis le feu aux portes du siège de l'ex-KGB à Moscou.
Exilé politique en France depuis 2017, il a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis en janvier 2019 pour avoir incendié la façade d'une succursale de la Banque de France à Paris. "La Banque de France a pris la place de la Bastille. Les banquiers ont pris la place des monarques", expliquait-il. Cette fois, à travers son site "pornopolitique.com", il veut "dénoncer puritanisme en politique et l'hypocrisie des responsables", détaille Piotr Pavlenski à LCI. "L'activité de mon site ne fait que commencer. Les responsables politiques doivent être honnêtes. Ils doivent être clairs vis-à-vis de leurs électeurs. Notre objectif a été atteint avec Benjamin Griveaux et nous allons continuer", affirme l'activiste.
Piotr Pavlenski serait recherché par la police depuis le mois de janvier, selon Mediapart. Le site explique qu'il aurait blessé deux personnes avec un couteau lors d'une soirée parisienne. L'artiste russe réfute les accusation d'utilisation de l'arme blanche mais confirme l'avoir prise dans ses mains. Mediapart évoque également une accusation pour violences sexuelles en réunion contre une actrice en 2016 en Russie. Piotr Pavlenski nie les faits et affirme qu'il s'agit d'une tentative de déstabilisation de la part du Kremlin.