Simon Fieschi : de quoi est mort le rescapé de Charlie Hebdo ?

Simon Fieschi : de quoi est mort le rescapé de Charlie Hebdo ? Simon Fieschi, première victime de l'attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, est décédé. Il souffrait de graves séquelles depuis l'attaque.

L'ancien webmaster de Charlie Hebdo et victime de l'attentat contre le journal satirique, Simon Fieschi, est décédé jeudi 17 octobre, ont indiqué le parquet de Paris et son avocate. Grièvement blessé par balle lors de l'attaque, survenue le 7 janvier 2015 et ayant fait 12 morts, Simon Fieschi souffrait de graves séquelles. Les circonstances de sa mort ne sont pour l'instant pas connues, relate Le Monde. Il avait 40 ans.

"Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte à la suite de la découverte du corps de Simon Fieschi le 17 octobre", a indiqué le parquet, qui a précisé qu'"aucune hypothèse" ne pouvait être privilégiée à ce stade. Selon le ministère public, "une autopsie a été ordonnée, dont les conclusions n'ont pas permis de déterminer la cause du décès". Et d'ajouter : "Les investigations se poursuivent." Le corps sans vie de Simon Fieschi a été retrouvé dans une chambre d'hôtel à Paris, a indiqué une source proche du dossier.

"J'ai découvert la sensation d'un os brisé, d'une chair blessée, d'un nerf qui crie"

Il y a presque dix ans, l'ancien webmaster avait été la première victime des frères Chérif et Saïd Kouachi quand ils étaient entrés dans les locaux de la rédaction. Simon Fieschi avait été touché par une balle de kalachnikov, tirée à bout portant. La balle avait perforé son poumon, heurté sa moelle épinière et était ressortie près de l'omoplate. Il lui avait fallu des années pour réapprendre à marcher - ce qu'il parvenait à faire avec l'aide d'une béquille. En septembre dernier, il avait assisté au procès du jihadiste Peter Cherif, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale de Paris.

Dans un récit publié en octobre 2020 dans Charlie Hebdo, il avait raconté son long cheminement - un récit glaçant, se remémore Libération. Dans "Se réveiller dans un sarcophage en janvier 2015", Simon Fieschi contait ses douleurs, les longues semaines à l'hôpital. "J'ai découvert la sensation d'un os brisé, d'une chair blessée, d'un nerf qui crie. La douleur d'être mal installé, qui commence comme un léger inconfort et qui devient insupportable au bout de quelques heures", avait-il écrit.

"J'ai ressenti le plus fort l'euphorie d'être vivant"

Il expliquait aussi ses pensées noires, parfois suicidaires. "J'ai beaucoup réfléchi dans ce lit et j'ai compris que mourir était ma seule solution. Mais comment ? Impossible de me suicider, paralysé sur un lit de réanimation et sous surveillance médicale constante. Être forcé à vivre me paraissait une intolérable négation de ma liberté. J'en ai conclu que pour récupérer cette liberté, je devais attendre mon heure, observer et aller mieux pour avoir enfin l'occasion de me tuer." Il avait toutefois fini son récit sur une note positive, qui laissait envisager de l'espoir pour le reste de sa vie. "J'ai une étrange nostalgie de 2015 car c'est là où j'ai été le plus vivant, où j'ai ressenti le plus fort l'euphorie d'être vivant."

Le survivant de l'attentat aurait-il mis fin à ses jours ? Selon l'avocate de Simon Fieschi, " il n'y a aucun élément en faveur d'un geste volontaire à ce stade des investigations et les causes de la mort sont encore actuellement ignorées". Me Nathalie Senyk appelle ainsi "chacun à être particulièrement vigilant avant le rendu définitif de l'enquête". En mai dernier, une autre victime d'attentat est décédée. Fred Dewilde, rescapé de l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan et dessinateur, s'était donné la mort.