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Un défi logistique 

Avec un objectif affiché de plus de 1 million de votants, la primaire socialiste est un défi électoral mais aussi un défi logistique. Dans chaque fédération, un Comité départemental d'organisation des Primaires (CDOP), une Commission départementale de recensement des votes (CDRV) et une subdivision de la la Haute Autorité chargée de la bonne tenue des primaires ont été constitués. Chacun des 11 000 bureaux de vote recevra, le vendredi 7 octobre, des kits pour l'organisation du scrutin comportant entre autres 30 000 bulletins, 5000 enveloppes, ainsi que le matériel nécessaire au vote, dont un stylo numérique, plusieurs fois mentionné dans ce dossier. Au total, ce sont 33,6 millions de bulletins de vote qui seront édités pour le vote du 9 octobre. Coût de l'ensemble du processus : 3,6 millions d'euros.

La collecte d'argent réalisée lors de la primaire pour participer aux frais d'organisation est une contrainte logistique supplémentaire. L'argent récolté lors du scrutin sera mis sous la responsabilité des présidents de bureaux de vote dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 octobre. Ces derniers devront ensuite impérativement déposer l'argent liquide issu de leur bureau à la Banque postale le lundi matin. Le tout sous peine d'annulation du vote. 

Les points chauds

Plusieurs points chauds ont été relevés par la droite mais aussi par les simulations effectuées dans les semaines précédant le vote.


L'utilisation des listes électorales

En obtenant une copie des listes électorales par les préfectures, le PS peut en toute logique savoir qui a voté ou non lors des primaires et donc qui est ou non sympathisant de gauche. Intolérable selon la droite qui a dénoncé une opération de fichage. La Cnil, qui a validé le mode opératoire des primaires, a donc exigé qu'un "service d'opposition" soit mis en place pour permettre à chacun de demander le retrait de son nom du corps électoral des primaires. Un formulaire a été mis en place jusqu'à la rentrée. Mais des demandes "in-situ", le jour du vote, restent toujours possibles sous conditions et font la frayeur de certains présidents de bureau de vote. Par ailleurs, le PS s'est engagé à détruire ses listes d'émargement (papier et informatisées) immédiatement après la proclamation des résultats, en présence d'un huissier de justice.


Le nombre de bureaux de vote

Le PS dispose de 11 000 bureaux de vote pour la primaire, contre 45 000 environ pour un scrutin "classique". De 1000 électeurs inscrits par bureau lors des élections nationales "classiques", on passe donc à 5000 en moyenne pour les primaires. Dans certaines fédérations, comme en Seine-Saint-Denis, on craint donc des files d'attente importantes en cas de forte participation. Des participants pourraient même être empêchés de voter, faute de temps, les bureaux de vote devant fermer à 19h.


Le vote des étrangers non-membres du PS

Conformément à ses engagements sur le droit de vote des étrangers, le PS a décidé d'ouvrir le scrutin des primaires aux personnes n'ayant pas la nationalité française. Mais pour participer, celles-ci doivent être membres d'un parti ou d'un mouvement qui organise les primaires (PS ou MJS) et inscrites sur le site des primaires avant le 13 juillet. Une contrainte que certains pourraient juger injuste et, finalement, discriminatoire tandis que les Français n'ont pas l'obligation d'être socialistes pour voter.


Les problèmes de monnaie lors du don

Pour éviter d'avoir des "fonds de caisses" dans les bureaux de vote, potentiellement sujettes à suspicions, l'urne récoltant la contribution pour les primaires sera opaque et fermée, et aucun rendu de monnaie ne sera possible lors du don. Mais comment faire si un électeur n'a qu'un billet de 10 euros et souhaite ne donner que 1 euro ? Dans la fédération de Seine-Saint-Denis, on estime que le "bon sens" permet à un autre votant ou à un assesseur de faire de la monnaie sur ses fonds personnels si besoin. Une solution qui reste limitée. Un conseil donc : prévoyez l'appoint.


Le refus de signer la charte

Lors des simulations qui ont précédé la primaire socialiste, le problème d'un électeur refusant de signer la charte s'est posé. En aucun cas il ne lui sera possible de voter alors même qu'il a déjà versé sa contribution. L'urne étant fermée et intouchable, l'argent ne pourra pas non plus lui être rendu.


La méfiance vis-à-vis du stylo électronique

Outre les craintes de bugs qu'il suscite (il serait particulièrement fragile et on conseille de le laisser branché en permanence pour éviter les pannes), le stylo numérique alimente certaines critiques de la droite qui décrivent les primaires comme une gigantesque opération de fichage, visant à se constituer une liste de sympathisants à leur insu. Le coût des stylos est aussi pointé du doigt : 300 000 euros pour leur simple location.


Les effectifs des bureaux de vote

D'après nos calculs, l'ensemble des étapes par lesquelles un votant doit passer nécessite 7 personnes présentes en permanence dans le bureau de vote. Or le règlement du PS en prévoit 4 minimum (un président et trois assesseurs). Dans beaucoup de sections, certains assesseurs devront jouer plusieurs rôles (ce qui est prévu par le code électoral). Pour les présidents des bureaux de votes, dont certains travaillent, les primaires nécessiteront 4 jours de mobilisation du vendredi au lundi.


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