Mariage gay : bagarre à l'Assemblée, qui a fait quoi ?
L'incident est surréaliste. Au sein de l'hémicycle de l'Assemblée nationale, des députés étaient cette nuit à deux doigts de provoquer une bagarre générale. Lors d'une séance consacrée à l'examen du texte de loi sur le mariage pour tous, la tension est montée à niveau inédit, vers minuit, à tel point que de nombreux députés se sont retrouvés devant le perchoir, dans l'intention probable d'en venir aux mains. Un événement qui fait monter d'un cran le climat de nervosité autour de l'adoption du texte sur le mariage gay. Que s'est-il passé ?
Acte I - Le député UMP Marc Le Fur explique devant l'Assemblée qu'il a été témoin de violences de la part des CRS à l'égard de manifestants contre le mariage pour tous sur l'esplanade des Invalides. Il affirme avoir vue une fille "trainée" par les forces de l'ordre, qui aurait perdu sa ballerine. A cet instant, un fonctionnaire assis derrière Christiane Taubira aurait, selon différents témoignages, "ricané" ou "rigolé" des dires du député UMP.
Acte II - Plusieurs députés de l'opposition s'énervent de la grimace du fonctionnaire. Le député UMP Yves Albarello descend immédiatement pour s'en prendre à lui. D'autres députés le suivent, une bagarre générale est à deux doigts de se déclencher. Dans l'Assemblée, d'autres parlementaires crient "Ce n'est pas le lobby LGBT qui gouverne !". Le député PS Bernard Roman affirmera après les événements qu'à cet instant, "quelques coups de poings sont partis". En voulant s'interposer, un huissier aurait reçu un coup. Yves Albarello déclarera par la suite avoir été "agressé par les socialistes". Selon lui, ses lunettes auraient été cassées. La confusion semble totale, la séance ayant été levée, les caméras n'étaient pas autorisées à filmer la scène.
Acte III - les députés tentent de se justifier devant la presse. Plusieurs parlementaires de gauche indiquent que M. Albarello aurait trop bu. Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée, a mis en avant "l'attitude pas acceptable de la part de collaborateurs" de Christiane Taubira. Le député PS Jean-Jaques Urvoas tient lui un autre discours : selon lui, les élus UMP "ont pris prétexte d'un soupir d'un collaborateur, qui sans doute comme nous était un peu fatigué, pour créer un incident dans un climat qui rappelait plus le Parlement russe".
Des sanctions à prévoir ? "Rien ne peut justifier la descente qu'il y a eu pour menacer un membre du cabinet de la garde des Sceaux" a déclaré Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale. Celui-ci a fait savoir que les images de l'incident seront présentées à la prochaine réunion de bureau de l'Assemblée. "Je demanderai qu'il puisse y avoir des sanctions car il y a des choses qui ne peuvent pas être acceptées" a-t-il poursuivi.
Acte IV - Epilogue : Les débats à l'Assemblée reprennent tôt ce matin. L'UMP a encore plus d'une heure de temps de parole à écouler. Moment fort de la matinée : Philippe Meunier, député UMP, brandit la ballerine dont il avait été fait mention quelques heures plus tôt. Il l'a présente comme appartenant à une manifestante qui a été bousculée par les CRS et en fait un symbole de la répression de l'opposition au texte de loi.
EN VIDEO : Preuve des tensions et de la violence des propos échangés à l'Assemblée, jeudi, le député Yves Cochet avait accusé la gauche d'être "en train d'assassiner des enfants".