Hollande en Hitler : "honteux", "grotesque", ou défense de la liberté d'expression ?
C'est le journal Al Watan Al An qui est à l'origine de la bombe : François Hollande caricaturé en Adolf Hitler dans une large photo qui fait la une. Publié le 28 janvier, l'audace du journal a été d'abord repérée par Tel Quel, et fait désormais le tour du Web. Les réactions se multiplient sur les réseaux sociaux et témoignent du vif débat créé par ce choix éditorial. Sur Twitter, c'est surtout l'indignation qui prend le dessus. Eric Besson, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, juge cette une "grotesque" et "tellement peu marocain". D'autres commentateurs condamnent clairement le parallèle effectué entre le chef de l'Etat français et le dictateur allemand. "Absolument honteux", "affligeant" écrivent certains. Un twittos se demande si les Marocains "en ferait de même avec leur roi".
Abderrahim Ariri, le directeur de la publication d'Al Watan Al An, interrogé par FranceTv Info, considère qu'il s'agit là d'une "sonnette d'alarme pour la classe politique, au Maroc et en France", "Depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, nous avons beaucoup de témoignages qui nous indiquent que l'islamophobie a pris des proportions très inquiétantes en France" assure-t-il. De fait, l'explication de la caricature est toute trouvée. En une, le journal écrit à côté du photomontage : "Les Français vont-ils faire renaître les camps de concentration d'Hitler pour exterminer les musulmans ?". A Tel Quel, Abderrahim Ariri enfonce même le clou : "Plusieurs lieux de culte musulmans sont attaqués quotidiennement sans que cela n'alerte les autorités françaises. [...] "C'est très peu à l'encontre du président français, il mérite pire". Sur les réseaux sociaux, face à la consternation, il faut aussi constater d'autres messages qui prennent la défense du journal marocain, comme cette twittos, qui écrit : "Liberté d'expression, chacun son tour !".
Quelques jours après la vague de consternation contre l'attentat à Charlie Hebdo, la caricature du président français en Hitler place la polémique sur le terrain des limites de la liberté d'expression et de caricature. Et le débat n'a pas fini de faire des remous, alors que la France et le Maroc tentent de se rapprocher sur le terrain diplomatique.