Départements FN : les gros cartons du Front national

Départements FN : les gros cartons du Front national DÉPARTEMENTALES - Le FN espérait réaliser une percée dans une dizaine de départements à l'issue du premier tour des élections départementales. A-t-il réussi son coup ?

[Mis à jour le 23 mars 2015 à 10h15] Bien mais sans plus. Voilà comment on pourrait résumer le score du Front national après le premier tour des élections départementales. A l'échelle nationale, il arrive deuxième, à 25 %, alors que les sondages l'annonçaient plutôt 1er aux alentours des 30 %. Bref, le Font national ne peut pas se targuer d'être "le premier parti de France", comme il l'affirmait pourtant à l'envi. Reste que le parti frontiste se maintient dans 1 100 cantons sur 2 054 au total. Et, en dépit de résultats au final assez décevants, il consolide son ancrage local. Quelques départements pourraient même prendre une teinte bleu marine à l'issue du second tour, le 29 mars prochain.

 

Pour François Hollande et Manuel Valls, les yeux étaient surtout rivés sur les résultats du Front national au niveau local, après la victoire étriquée du PS face au parti de Marine Le Pen dans la législative partielle dans le Doubs. Après avoir constaté le score limité du FN au premier tour des départementales, le Premier ministre semblait soulagé, à tel point qu'il s'est offert un petit cigare pour fêter l'échec relatif du parti frontiste, contre qui il s'est personnellement engagé en fin de campagne. Dans un discours peu après 20 heures, il s'est d'ailleurs félicité d'avoir vu les Frontiste si bas. Mais le FN semble encore mesure de s'imposer dans plusieurs départements. Il arrive même en tête dans 43 d'entre eux. Selon les prévisions qui circulaient dans les états-majors avant les résultats, le FN  était en position de force dans au moins quatre départements : le Vaucluse, l'Aisne, l'Oise et le Var. Mais a-t-il réussi à percer dans les cantons qu'il visait ? 

FN dans le Var : présent partout au second tour, déjà gagnant à Fréjus

Au soir du premier tour, le FN peut déjà se féliciter de ses résultats aux départementales dans le Var : il arrive en tête avec 38,90 % des voix, devant la droite traditionnelle, à 34,77 %. Il a même d'ores et déjà remporté le canton de Fréjus puisque le binôme frontiste récolte plus de 50 % des suffrages (51 %). Le Front national se maintient dans tous les autres cantons du département. Il apparaît en position de force même si ses duels avec la droite risquent d'être serrés car la réserve de voix devrait bénéficier à la droite traditionnelle. S'il arrive en effet en tête dans la plupart des cantons, il ne dispose que de 40 % des suffrages, ce qui pourrait se révéler insuffisant pour battre la droite. Le PS a en effet déjà appelé à voter "contre le FN". Pas de quoi inquiéter le boss local, Frédéric Boccaletti, qui savoure : "J'avais prévu des surprises dans de nombreux cantons. Mais pas au moins d'en remporter un dès le premier tour."
Ce que nous disions avant les résultats

Pour ces départementales dans le Var, l'UMP Horace Lanfranchi ne sera pas candidat à sa succession. Alors que la droite doit se trouver une autre équipe, le FN compte bien bénéficier du poids grandissant de son parti dans les cantons du département. Rappelons que le parti de Marine Le Pen s'est imposé aux dernières municipales à Fréjus, le nouveau maire David Rachline ayant même réussi à se faire élire sénateur du Var, à tout juste 27 ans. Surtout, il s'agit d'un département où le parti frontiste apparaît comme particulièrement dynamique, sous la houlette du boss local, Frédéric Boccaletti. Le secrétaire départemental peut se vanter d'être à la tête de la plus grande fédération FN du pays, forte d'environ 4 400 adhérents. Et il a de grandes ambitions pour son parti, comme il l'a révélé à Linternaute.com le lundi 16 février : "Nous avons pour objectif de prendre au moins 12 cantons [sur 23, ndlr] pour avoir la majorité... [...] mais on peut gagner jusqu'à 16 cantons." Le but est clair pour le FN 83 : s'emparer du conseil départemental.

Le canton de Fréjus-Sud serait déjà assuré ou presque de voir des élus FN émerger. Mais compte tenu des résultats des dernières municipales et européennes, les cantons de Brignolles, Le Luc, Gareoult-la-Roquebrussanne, de la Seyne-Nord (où est candidat le chef de file Frédéric Boccaletti qui pourrait devenir le futur président frontiste du département), ou encore de Sillies-Pont seront très convoités en mars par le parti de Marine Le Pen.

FN dans le Vaucluse : triomphe frontiste, déjà gagnant au Pontet

Au premier tour, les résultats des élections départementales dans le Vaucluse donnent le FN grand gagnant. Le parti frontiste, sans surprise, triomphe avec 37,40 % des suffrages, devant la droite (UMP-Union de la droite-DVD), contenue à 26,57 %. Dans le canton du Pontet, le parti frontiste parvient même à qualifier dès le premier tour un binôme, qui a recueilli plus de 53 % des suffrages. Pouvait-il en être autrement dans de département, qui peut se targuer d'avoir une députée FN à l'Assemblée national, Marion Maréchal-Le Pen ? "L'objectif est atteint", a déclaré cette dernière, qui peut envisager le second tour avec sérénité, même si, au second tour, le report des voix de la gauche devrait bénéficier à la droite traditionnelle. 
Ce que nous disions avant les résultats

Dans le Vaucluse, le département dans lequel Marion Maréchal-Le Pen s'est fait élire députée en juin 2012, le FN a également des chances de faire un symbole. Cette fois, ce sont une dizaine de cantons (soit 20 élus) qui pourraient basculer dans les rangs du FN dont trois cantons d'Avignon (Sud-Ouest, Nord-Ouest et Est-Morières, Carpentras, Orange, Le Pontet, ou encore Cheval Blanc). Le département fait partie de la poignée de conseils généraux susceptibles de passer sous pavillon bleu marine. Dans le Vaucluse, les résultats des départementales devraient donc être, une fois encore, très observés.

FN dans l'Oise : le FN gagne son pari

Les résultats des élections départementales dans l'Oise, au soir du premier tour, voient le FN s'imposer à 35,11 %, devant la droite (UMP-UDI-DVD) à 31,78 % et le PS-DVG-UG à 31,54 %. Le FN sera bel et bien l'arbitre de ce second tour. Le chef local, Michel Guiniot, à qui nous avions donné la parole au début du mois de mars, triomphe dans le canton de Noyon où il recueille plus de 41 % des voix. Ce dernier s'est estimé "satisfait des résultats [dans le département], supérieurs à ceux des élections européennes." La droite reste en position de force en vue du second tour, programmé le 29 mars prochain.
Ce que nous disions avant les résultats

Comme le rappelle France TV info, l'Oise est une ancienne terre FN. Le parti de Marine Le Pen y a obtenu aux élections européennes de 2014 un score supérieur à 12,5 % des inscrits - synonyme de qualification pour le second tour - dans 34 des 41 cantons que comptait à l'époque le département (21 aujourd'hui). Bref, si on en croit les chiffres des dernières européennes, on pourrait assister à une triangulaire après les résultats du premier tour des départementales dans l'Oise. Pouvoir conduire, pourquoi pas, à une victoire FN. Le chef de file local, Michel Guiniot, y croit, en tout cas, puisqu'il nous a confié viser la victoire. Et c'est loin d'être un rêve pieu : l'Oise est un des départements les plus favorables au parti frontiste, et, en plus, le redécoupage des cantons, qui laisse une place plus large à la ruralité, l'avantage fortement. Le parti semble en mesure de l'emporter dans au moins 10 cantons. Et quand on sait qu'il en faut 11 pour remporter le départements...

FN dans le Pas-de-Calais : le parti frontiste s'impose

Les résultats des élections départementales dans le Pas-de-Calais sont favorables au FN. Le parti frontiste arrive en tête dans 22 cantons sur 39 et récolte 35,63 % des suffrages. Ce qui fait de lui la première force politique du département en voix. A Hénin-Beaumont 2, le FN a même frôlé la qualification dès le premier tour. Le Front s'est même montré mordant dans le canton du conseiller général sortant, Michel Dagbert, qui devance son adversaire frontiste de 11 voix seulement. 13 triangulaires sont annoncés dans le département. Difficile de connaître quelle sera sa couleur politique à l'issue du second tour. Tout dépendra, en fait, des consignes de vote des candidats de droite pour les duels FN/PS qui auront lieu là où ils ont été sortis. Il y a en outre plusieurs duels UMP-UDI/FN où la gauche devra donner une consigne de vote.
Ce que nous disions avant le vote

La chaîne France 3 Nord s'est livrée à une étude qui permet de définir une zone particulièrement frontiste dans le département du Pas-de-Calais. Il en résulte la désignation de 11 cantons, considérés comme les plus favorables au FN : Hénin-Beaumont (2 puis 1), Harnes, Wingles, Douvrin, Auchel, Noeux-les-Mines, Brebières, Carvin, Avion, Bully-les-Mines. Dans ces cantons, les intentions de vote FN dépassent au moins les 42 %. Ces prédictions s'appuient en fait sur les résultats dans le Pas-de-Calais du parti au dernières européennes, où il avait obtenu plus de 40 % des voix sur l'ensemble du département. Un score bien supérieur à la moyenne nationale, fixée à 24,9 %. 

FN dans l'Hérault : le Front national très fort

Le FN arrive en tête dans 19 des 25 cantons de l'Hérault. Au total, il recueille 31,89 % des suffrages, et devance le PS (16,97 %), mais aussi l'Union de la droite (12,28 %) et les candidats divers gauche, à 10,77 %. Les résultats des élections départementales dans l'Hérault profitent donc au Front national. A noter qu'à Béziers, ville dirigée par Robert Ménard, proche du FN, le parti de Marine Le Pen est arrivé en tête dans les trois cantons de la ville avec plus de 43 % des suffrages.
Ce que nous disions avant le vote

Dirigé par des socialistes depuis près de cent ans, l'Hérault pourrait voir son paysage politique bouleversé. En cause, le redécoupage des cantons qui handicape fortement le PS. Les cantons ruraux, qui votent traditionnellement à gauche, ont été affaiblis au profit des cantons urbains, plutôt acquis au vote FN et conservateur. En témoigne, par exemple, la récente élection Robert Ménard à la mairie de Béziers. L'homme d'ailleurs noué des alliances aux départementales avec le FN, un parti dont il est considéré comme proche. Concrètement, le FN devrait ainsi être présent au second tour sur plus de la moitié des cantons, et devrait pouvoir l'emporter dans 4 secteurs, analyse France 3 Languedoc-Roussillon. Les résultats des départementales dans l'Hérault devraient donc être favorables à la droite.

FN en Moselle : le FN s'installe

Le FN réalisé un quasi-sans faute de Moselle après le premier tour puisqu'il est en tête dans 24 des 27 cantons. Le Front national récolte 32,08 % des suffrages dans le département, devant le PS (17,98 %) et les candidats divers droite (14,13 %). Mais, si on réunit toutes les voix de la droite (UMP-Divers droite-Union de la droite-UDI), on atteint les 40 % de suffrages. 
Ce que nous disions avant le vote

En Moselle, tous les partis redoutent le FN. Il ne fait presque aucun doute que le département devrait rester à droite. Mais l'UMP s'inquiète quand même de la montée du FN. Un chiffre lui donne des sueurs froides  : 31,09 %, ou le score effectué par le parti frontiste aux dernières européennes. Ce qui lui avait offert la première place. Surtout que le FN, pour ces départementales, pourrait bien profiter de la désunion de la droite et de la gauche dans le département. Le FN pourrait l'emporter dans 8 des 27 cantons, notamment en Moselle-Est (Forbach) ou dans la vallée de la Fensch (comme à Hayange). FN ou UMP ? Les résultats en Moselle s'annoncent donc très incertains.

FN dans l'Aisne : le Front national dans un fauteuil

Fort d'un sondage qui lui attribuait 41 % des voix au premier tour (dans Le Parisien quelques jours avant le vote) le FN misait gros. Force est de constater que les résultats des élections départementales dans l'Aisne ont largement de quoi faire sourire le FN. Le parti de Marine Le Pen rafle 38,67% des voix, devant le PS à 26,06 % et l'UMP à 24,46 %. Comme un symbole, le parti frontiste dépasse même le président du conseil général sortant, le PS Yves Daudigny, dans le canton de Marle. Un canton où c'est d'ailleurs l'UMP qui est numéro 1. Au final, le FN arriverait en tête dans 15 cantons. Il est même parvenu à qualifier un binôme à Vic-sur-Aisne dès le premier tour puisque le duo a recueilli 53,81 % des suffrages.
Ce que nous disons avant le vote

Lors des derniers Européennes, les résultats dans l'Aisne étaient formels : le Front national a obtenu dans 40 des 41 cantons de l'Aisne un score supérieur à 12,5 % des inscrits. En clair, même si, depuis, un redécoupage des cantons a eu lieu, le parti frontiste devrait se maintenir au second tour dans presque toutes les circonscriptions, comme à Saint-Quentin, par exemple. Un sondage Odoxa pour Le Parisien, publié le 16 mars 2015, indique d'ailleurs que le parti de Marine Le Pen arrive très largement en tête dans ce département à l'issue du premier tour (41 %, contre 24 % pour l'UMP-UDI et 20 % pour le PS). Au sujet du parti frontiste, le président de l'institut de sondage, Gaël Sliman, parle même d'"une position extrêmement favorable pour remporter une victoire historique". 

FN dans le Gard : le Front a 22 sur 23

Et le gagnant est... le Front national. Le parti frontiste s'impose avec 35,54 % des suffrages à l'issue du premier tour. Il devance l'Union de la droite (22,20 %) et le PS, à la peine, avec 9,32 %. Au premier tour, les résultats des élections départementales dans le Gard permettent donc au FN d'envisager la suite avec une certaine sérénité. Il sera présent au second tour dans 22 cantons sur... 23. Seul le canton de La Grand Combe a résisté au Front national pour élire dès le premier tour le binôme PC-majorité présidentielle.
Ce que nous disions avant le vote

Le Gard FN ? Le parti de Marine Le Pen y croit dur comme fer. Le Conseil général sortant est dominé par la gauche (33 siège sur 46), et dirige le département depuis l'après-guerre. Pas de quoi impressionner le FN. Fort de son succès à Beaucaire aux municipales, le Front national va remporter ses premiers cantons dans le département. Au point, peut-être, de s'en emparer. Confiant, Julien Sanchez, maire frontiste de Beaucaire, assure que son parti va être largement en tête au premier tour. Et somme même l'UMP de "se positionner" en vue du second, qu'il espère bien évidemment remporter.

EN VIDEO - Le "front républicain" sera-t-il réactivé à l'avenir ? Pour Marine Le Pen, le FN est tout à fait républicain :

"Marine Le Pen considère que le Front national est un parti républicain"

Résultats FN élevé et départements visés : un constat partagé par les experts

Les experts aussi anticipaient des résultats FN très élevés dans les départements. Interrogé en février par FranceTV info, le chercheur en science politique Joël Combin s'est livré au jeu des pronostics. "Je verrais plutôt l'Aisne" remportée par le FN, faisait-il savoir. Car "il y a à la fois un niveau élevé du Front national et un rapport gauche/droite équilibré". Tout le contraire du Var, par exemple, où le niveau du Front national est équivalent, mais où l'UMP devrait l'emporter dans les duels face au Front national". Quant à une victoire dans l'Oise, le FN y croit dur comme fer. Dans ce département, le parti mise sur "la forte porosité" entre le FN et l'UMP, comme le faisait récemment savoir Sébastien Chenu dans le JDD. Et le candidat aux départementales à Beauvais sait de quoi il parle : il est passé du parti de Nicolas Sarkozy à celui de Marine Le Pen.En revanche, le FN ne semble pas en mesure de s'imposer en Ile-de-France. Aucun des 7 départements de la région ne devrait succomber aux sirènes frontistes, alors même le parti a le vent en poupe partout sur le territoire et que certains pourraient basculer à droite. Sur ces territoires, "la tradition du vote FN est plus faible qu'ailleurs", analysait dans 20 Minutes, le 23 février, Jean-Yves Camus, politologue spécialiste du parti frontiste. Mais, il conviendra "d'observer le comportement des élus UMP entre les deux tours", indiquait toute même l'expert.

Le FN présent dans tous les départements

Un baromètre TNS Sofres, publié lundi 16 février, ne faisait que confirmer, à sa façon, toutes ces hypothèse. Le niveau d'adhésion aux idées du FN ne cesse de progresser : 34 % des personnes interrogées se disaient favorables aux idées frontistes, alors qu'ils étaient 22 % en 2011, lors de la prise de fonction de Marine Le Pen. L'un des derniers sondages en date portant sur les départementales (Ifop pour le Figaro) rendait cette percée plus concrète encore : le FN était crédité de 30 % des voix, loin devant ses prétendants. Et si ce niveau, le plus haut mesuré par les sondeurs, est loin d'être atteint, la force de frappe du FN, en tout cas, est réelle : le parti a couver 93 % des cantons au premier tour, ce qui représente, selon lui, 98 % de la population de la France métropolitaine. Il en couvre au second 1100 sur un peu plus de 2000 au second tour, soit une très grand majorité.