Motion de censure : les résultats détaillés du 12 juin, Borne tient bon

Motion de censure : les résultats détaillés du 12 juin, Borne tient bon Élisabeth Borne est sortie gagnante face à une 17ème motion de censure depuis juin 2022. Le groupe Nupes était à l'initiative pour renverser le gouvernement. Le groupe Liot a enjoint la Première ministre de démissionner.

L'essentiel
  • Élisabeth Borne et son gouvernement restent en place ! Visés par une 17ème motion de censure depuis juin 2022, la Première ministre a vu la tentative de la Nupes échouer, faute d'avoir réuni 289 voix à minima ce lundi 12 juin 2023. Elle a en effet été votée par seulement 239 députés.
  •  La précédente motion de censure, déposée par le groupe Liot, avait échoué à neuf voix près le 20 mars dernier.
  • La tentative de la Nupes avait peu de chances d'aboutir. Malgré leurs voix et le soutien des députés du Rassemblement national, il était nécessaire de compter sur le groupe Les Républicains. Mais celui-ci à décider de ne pas voter cette motion de censure.
  • Le secrétaire général de Renaissance a convoqué les cadres de la majorité pour "discuter d'une éventuelle alliance avec LR", selon franceinfo. Ce coup de poker pourrait permettre d'éviter tout risque de nouvelle motion de censure.

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À l'issue du vote, Fadila Khattabi, députée Renaissance et présidente de la Commission des Affaires Sociales, a réagi sur le plateau de LCP au rejet de la motion de censure. "Il n'y a pas eu de soulagement, je n'étais pas particulièrement inquiète au regard du sujet qui a été soulevé par le biais de cette motion de censure", a-t-elle d'emblée balayé. À son tour questionné sur le résultat du vote, le député insoumis de Haute-Garonne, Hadrien Clouet, également présent sur le plateau de LCP, a constaté : "Je préférais que ça passe. Maintenant, ça manque à 50 voix, donc à 9% [de l'Assemblée nationale]. Je pense que se dire que madame Borne ne tient plus qu'avec 9% sa majorité par rapport à l'ensemble des sièges, ce n'est pas grand-chose."

Du côté du Rassemblement national, le député du Loiret Thomas Ménagé a confié que son parti avait finalement "peu d'espoir". "On savait très bien que Les Républicains sont depuis quelques mois la bouée de sauvetage de la Macronie", a-t-il souligné auprès de LCP, avant que Fadila Khattabi ne tente : "J'aimerais bien, après 17 motions de censure, que nous puissions passer à autre chose."

Peu de députés présents au sein du Palais-Bourbon 

Avant le vote, Valérie Rabault, députée "Socialistes et apparentés-NUPES" du Tarn-et-Garonne, avait défendu à la tribune la motion de censure visant Élisabeth Borne. Elle a déclaré que : "Nous ne pouvons accepter le discrédit que le gouvernement jette sur l'Assemblée nationale. Cette décision est un très grave précédent", en faisant référence au rejet du premier article de la proposition de loi du groupe Liot.

La Première ministre avait ensuite pris la parole en étant particulièrement virulente contre les signataires de la motion de censure. Elle a affirmé ressentir "une forme de perplexité dans des temps d'incohérence, de contradictions et de démagogie." Elle a dénoncé la tentative de la NUPES qui s'allie avec le RN pour renverser son gouvernement. 

Le député Louis Boyard (LFI) a été sanctionné d'un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal par la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël-Braun Pivet, lors de la prise de parole de la Première ministre. "J'ai pas de leçons à recevoir de la part d'un agent de l'Élysée", a crié à plusieurs reprises l'un des plus jeunes députés de l'hémicycle.

Le débat s'est ensuite poursuivi avec la prise de parole d'un député par groupe parlementaire inscrit à l'Assemblée nationale. Les opposants à la réforme des retraites ont profité de cette tribune pour exposer leurs critiques à l'encontre du gouvernement. Cet examen de la motion de censure s'est déroulée dans un hémicycle très clairsemée avec très peu de députés de la majorité et du groupe Les Républicains.

Laurent Marcangeli, président du groupe "Horizons et apparentés", a ensuite pris la parole. Le député de la Corse-du-Sud a regretté que la réforme des retraites occupe encore l'attention au Palais-Bourbon. Il a ensuite taclé la Nupes : "Certains semblent avoir du mal avec nos institutions quand ils perdent et préfèrent mentir." Au nom de son groupe, il a rappelé son "soutien au gouvernement".

Cyrielle Chatelain, présidente du groupe "Écologistes-Nupes", est également montée à la tribune face à une Assemblée nationale qui s'est vidée en attendant le scrutin. La députée de l'Isère a profité de ce moment pour lister les dernières manifestations d'extrême-droite et apporter son soutien à Élisabeth Borne lorsque cette dernière affirmait que le RN était "héritier de Pétain".

Hubert Wulfranc, député "Gauche démocrate et républicaine-Nupes" de Seine-Maritime, s'est exprimé à son tour. Il a affirmé que la décision de Yaël Braun-Pivet est "un acte d'anti-parlementarisme pur". Selon lui, elle a cédé face à "la pression du président et du gouvernement". 

Julie Lechanteux, députée "Rassemblement national" du Var, a pris la parole. Elle a affirmé qu'en "2027, Marine Le Pen abrogera la retraite à 64 ans". "'Pourquoi avez-vous peur du vote, du peuple et donc finalement des Français ?", a-t-elle demandé à Élisabeth Borne.

Bertrand Pancher, président du groupe Liot, a indiqué que le gouvernement a mené "une attaque frontale contre l'Assemblée nationale, du jamais-vu dans la Vème République." Selon lui, "le meilleur service à rendre au pays" pour Élisabeth Borne serait de "démissionner".

Amélia Lakrafi, députée "Renaissance" des Français établis hors de France, a défendu le gouvernement d'Élisabeth Borne. Selon elle, ces motions de censure "visent à bloquer le fonctionnement de l'Assemblée nationale".

Mathilde Panot, présidente du groupe "La France Insoumise-Nupes", a vigoureusement taclé le gouvernement qui a usé de nombreux outils constitutionnels pour faire passer le texte de la réforme des retraites. En utilisant l'anaphore, elle a plusieurs fois posé cette question : "Sommes-nous encore en démocratie en Macronie ?"

Jean-Louis Thiériot , député de Seine-et-Marne du groupe "Les Républicains", a lancé à la Nupes qu'il "fallait savoir terminer une contestation". Il faut souligner que ce député fait partie des membres de LR soutenant une alliance avec Emmanuel Macron. Il souhaite "tourner la page" pour avancer sur d'autres sujets comme l'immigration et la réindustrialisation. Il a indiqué que son "groupe ne prêtera pas la main à la manœuvre politicienne qui nous occupe".

Jean-Louis Bourlanges, député "Démocrate (Modem et indépendants)" des Hauts-de-Seine, a longuement attaqué la Nupes. Pour lui, la PPL du groupe Liot "était incontestablement anticonstitutionnelle" et Éric Coquerel, en tant que président de la commission des finances, a "failli" à sa mission.

Nicolas Dupont-Aignan, député non-inscrit de l'Essonne, a conclu les prises de paroles avant le vote de cette motion de censure. Le multiple candidat à la présidentielle a souligné à Élisabeth Borne "un déni permanent de démocratie que l'on vit sous [son] gouvernement".

La contestation de la réforme des retraites est au cœur de la tentative de la Nupes. L'alliance de gauche ne digère pas l'irrecevabilité, prononcée par Yaël Braun-Pivet, d'un texte porté par le groupe indépendant Liot le jeudi 8 juin. Ce projet de loi visait à abroger la retraite à 64 ans.

Le détail du vote par groupe : 

Dans le détail, voici les votes par groupe politique en faveur de la motion de censure déposée par le groupe Nupes : 

  •  députés RN : 88
  •  députés LFI : 75
  • députés LR
  • députés socialistes : 31
  •  députés écologistes : 23
  •  députés GDR : 18
  •  députés LIOT : 2
  •  députés non inscrits : 2

Deux options sont possibles pour chaque député : a voté pour ou n'a pas voté. Conformément à l'article 154 du chapitre XI du règlement de l'Assemblée nationale, "seuls les députés favorables à la motion de censure participent au scrutin". Ainsi, l'opposition a la motion de rejet est marquée par une absence de vote de l'élu et non pas par un choix explicite du "contre".