Macron présent "en tant que président" à la messe du pape François à Marseille, en a-t-il le droit ?

Macron présent "en tant que président" à la messe du pape François à Marseille, en a-t-il le droit ? Emmanuel Macron assistera à la messe donnée par le pape François a Marseille, le 23 septembre 2023. Critiqué par les politiques de gauche, il assure être "à [sa] place" de chef d'Etat en se rendant à l'événement pourtant religieux.

"Je n'irai pas en tant que catholique mais en tant que président". Emmanuel Macron persiste et signe : il se rendra à la messe célébrée par le pape François au stade Vélodrome, à Marseille, le 23 septembre, quoi qu'en dise la classe politique.

La confirmation de la présence du chef de l'Etat à la célébration chrétienne par l'Elysée le 14 septembre n'a pas été bien accueillie par les politiques de gauche. Le maître à penser de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon est allé jusqu'à dire sur X (feu Twitter) qu'Emmanuel Macron se "tape l'incruste sans respecter pour sa fonction" à un événement religieux, dénonçant un acte contraire à la laïcité. Une critique balayée par le Président le vendredi 15 septembre lors d'un déplacement en Côte d'Or : "C'est ma place". Mais l'est-ce vraiment ? Le pape François a plusieurs fois répété que sa venue à Marseille n'était pas une visite d'Etat et Emmanuel Macron, qui va finalement avoir plusieurs entretien avec le souverain pontife, n'était initialement pas convié à la messe.

Des relations avec tous les cultes non exclues

Face à la polémique naissante, l'Elysée a tenté de désamorcer la situation en décrivant la venue du pape comme un "événement populaire" et "festif" et suffisamment rare pour justifier la présence du chef de l'Etat. Lequel "ne participer[a] pas à l'eucharistie en tant que croyant" du fait de ses fonctions, avait encore précisé le palais. Mais cet argument ne parvenant pas à faire taire les critiques la présidence a invoqué la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'État qui "n'exclut pas les relations avec tous les cultes". 

Des explications qui ne lèvent pas tous les doutes sur le droit pour Emmanuel Macron de se rendre à une messe en tant que président de la République. Ses prédécesseurs l'avaient fait et l'un d'entre eux avait même assisté à une messe papale, la dernière fois remonte à 43 ans : Valéry Giscard d'Estaing avait assisté à la célébration de Jean-Paul II devant Notre-Dame. Si dans le cadre privé, le chef de l'Etat peut pratiquer un culte, en tant que représentant de l'Etat il doit être le premier défenseur du principe de laïcité selon lequel l'Etat doit être neutre vis-à-vis des religions.

Seule une condition peut expliquer la présence d'un Président à une messe ou autre service religieux selon le philosophe Lucien Jaume, directeur de recherche au CNRS et membre du Cevipof, interrogé par TF1 Info : "Un chef de l'État n'a pas, en tant que tel, à participer à un service religieux, sauf dans le cas précis où la République à travers lui manifeste un hommage national à un grand personnage". Un cas de figure qui ne correspond pas à la messe du pape François.

Une rencontre entre deux chefs d'Etat

Si le pape est le patron de l'Eglise, il est aussi le chef d'Etat du Vatican. En ce sens, une rencontre politique entre les deux hommes s'entend parfaitement. Mais la dimension politique entre en collision avec la religion quand il d'agit d'assister à une messe. Revient alors la position de l'Elysée qui assure qu'Emmanuel Macron se rend sans considérations religieuses à un événement "populaire". Une réponse qui laisse le débat ouvert.