Le RN téléguidé par Moscou ? Ce que dévoile le Washington Post

Le RN téléguidé par Moscou ? Ce que dévoile le Washington Post Le Rassemblement national est au cœur d'une nouvelle polémique sur ses liens avec la Russie. Voici ce que dévoile l'enquête d'une journaliste américaine.

Comme un air de déjà-vu pour les élus du Rassemblement national. Le parti d'extrême droite se voit de nouveau accusé d'être en lien avec le pouvoir politique russe. Mais cette fois-ci, les accusations viennent des Etats-Unis : dans une enquête publiée par le Washington Post, la journaliste Catherine Belton affirme que le RN est impliqué dans la stratégie de Moscou visant à "saper le soutien à l'Ukraine" et, plus largement, à déstabiliser l'Europe. Voici ce que dit l'enquête.

La journaliste s'appuie sur des  "documents du Kremlin obtenus par un service de sécurité européen" pour révéler une vaste stratégie mise en place par des proches de Vladimir Poutine dans le but d'influencer l'échiquier politique européen. Selon elle, Moscou s'appuie sur plusieurs partis d'extrême droite européens, dont le RN. Elle en veut pour preuve des éléments de langage qui seraient élaborés par "les stratèges du Kremlin" et repris par les élus du parti français. Des éléments de langage visant à discréditer l'Ukraine et son président tout en martelant la nécessité de rétablir des relations entre la France et la Russie.

Le Washington Post appuie son argumentation sur une figure politique française en particulier : l'ancien eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser, qui a siégé avec le Rassemblement national. C'est cet homme qui aurait négocié le prêt obtenu par le RN en 2014 auprès d'une banque tchéco-russe. Or, nous apprend l'enquête, Jean-Luc Schaffhauser "loue un étage de sa résidence" à Strasbourg au numéro 2 de l'ambassade de Russie en France, Ilya Subbotin. Preuve d'un lien étroit avec Moscou ? L'ancien eurodéputé parle d'un simple "arrangement commercial" avec le diplomate russe. Cependant, selon le Washington Post, Jean-Luc Schaffhauser serait impliqué dans une stratégie plus large de Moscou visant à déstabiliser l'Europe : "Tous les gouvernements d'Europe occidentale seront changés", aurait-il déclaré, cité par le média américain.

"Une cabale" ?

Les relations du Rassemblement national avec la Russie sont depuis longtemps l'objet de multiples suspicions de la part des adversaires du parti. Le prêt bancaire contracté en 2014 par ce qui était encore le Front National à une banque tchéco-russe lui a valu des attaques à répétition. Ce point est devenu particulièrement sensible après l'invasion russe en Ukraine. En septembre 2023, le parti a annoncé avoir remboursé l'intégralité de son prêt, une façon de se dégager définitivement de ce fardeau. Le camp de Marine Le Pen a également revu son discours sur la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, condamnant l'offensive russe. Mais ses adversaires ne lui pardonnent toujours pas les réserves gardées lors de l'annexion de la Crimée, en 2014. Pas plus que son obstination à s'opposer aux sanctions économiques prises contre la Russie.

Ces mêmes adversaires n'ont pas tardé à s'engouffrer dans cette nouvelle polémique autour des liens du RN avec la Russie. Sur X, le parti macroniste Renaissance a réagi à l'enquête du Washington Post en y voyant la preuve que le parti de Marine Le Pen était "bien le porte-parole du Kremlin en France" et jouait "un rôle prépondérant pour relayer la propagande de Poutine".

"Tout ça est une cabale", a protesté le porte-parole du RN Laurent Jacobelli sur Sud Radio. Il "n'y a pas de lien entre la Russie et le Rassemblement national", a martelé le député, tout en répétant l'opposition de son parti aux sanctions prises contre la Russie depuis son offensive en Ukraine : "Si demain nous avons la majorité à Bruxelles, ça veut dire un changement radical, notamment dans les sanctions imposées à certains pays à cause de leur politique", a-t-il prévenu.