Mort d'Alexeï Navalny : qui était l'ennemi numéro 1 de Vladimir Poutine ?

Mort d'Alexeï Navalny : qui était l'ennemi numéro 1 de Vladimir Poutine ? Alexeï Navalny est mort ce vendredi à l'âge de 47 ans. Retour sur une vie de lutte qui a fait de lui l'opposant principal au régime de Vladimir Poutine.

La mort d'Alexeï Navalny a été annoncée vendredi 16 février par l'administration pénitentiaire russe. L'homme de 47 ans a rendu son dernier souffle dans le centre pénitentiaire de Kharp, dit le "loup polaire", situé dans l'Arctique russe, où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme". Ce n'était que la dernière en date d'une longue série de condamnations par la justice russe qu'il dénonçait comme autant de procès politiques organisés pour réprimer son opposition au régime. Qui était l'ennemi numéro 1 de Vladimir Poutine ?

Né le 4 juin 1976, Alexeï Navalny grandit dans la banlieue de Moscou. Il passe une partie de ses vacances en Ukraine, d'où son père est originaire. Après des études de droit, notamment à l'université américaine de Yale, il est avocat dans une société de promotion immobilière. Il commence à s'engager contre la corruption en Russie, d'abord en tenant un blog, puis en créant en 2011 la Fondation anti-corruption.

Série d'arrestations et de séjours en prison

La même année, Navalny participe à la contestation des élections législatives russes, ce qui lui vaut de passer deux semaines en prison. A sa sortie, il s'engage pleinement dans l'opposition à Vladimir Poutine, un an avant la présidentielle, et s'impose très vite comme son principal opposant.

Dès lors, les arrestations, les procès et les séjours en prison vont s'enchainer dans la vie d'Alexeï Navalny. Un premier procès pour détournement de fonds le condamne à cinq ans de camp avec sursis en 2013. La même année, il se présente aux municipales à la mairie de Moscou et mène une campagne très anti-immigration. Il perd face au maire sortant, placé par Vladimir Poutine. En 2016, Navalny annonce sa candidature à la présidentielle 2018. Mais il est déclaré inéligible en raison d'une condamnation antérieure par la justice.

Empoisonnement au Novitchok

Le 20 août 2020, Alexeï Navalny est victime d'une tentative d'assassinat par empoisonnement, lors d'un vol reliant Tomsk à Moscou. Il est transféré et soigné en Allemagne, où des analyses confirment l'empoisonnement au Novitchok. L'épisode est source d'une montée de tensions entre l'Allemagne et la Russie. Dès le 17 janvier 2021, Navalny remonte délibérément dans un avion pour rentrer en Russie.

Il est arrêté dès son atterrissage et se voit reprocher de n'avoir pas honoré les convocations obligatoires dans le cadre de sa liberté conditionnelle, pendant tout le temps de sa convalescence en Allemagne. Pour ces manquements, il est condamné à trois ans et demi de prison. Le verdict est dénoncé à l'étranger, notamment par le président français Emmanuel Macron, et provoque d'importantes manifestations en Russie. 

En mars 2022, lors d'un nouveau procès, Alexeï Navalny écope de neuf années d'internement en "régime sévère" pour escroquerie. En juillet 2023, un autre tribunal le condamne à 19 ans de réclusion pour "extrémisme". En décembre, il est transféré dans la colonie pénitentiaire du "loup polaire", dans l'Arctique russe. C'est là qu'il finira ses jours, deux mois plus tard, ce vendredi 16 février 2023, dans des circonstances qui font encore l'objet de nombreux questionnements.