Funérailles d'Alexeï Navalny : "Nous ne pardonnerons pas", proches et militants font bloc

Funérailles d'Alexeï Navalny : "Nous ne pardonnerons pas", proches et militants font bloc Les obsèques du principal opposant à Vladimir Poutine se sont déroulées sans heurts majeurs ce vendredi à Moscou (Russie). De nombreux sympathisants se sont rassemblés et une seule arrestation est à déplorer.

Ils étaient des milliers à attendre le cercueil d'Alexeï Navalny, ce vendredi 1er mars 2024 devant une église du sud-ouest de Moscou dans le district où il habitait malgré les risques qui pesaient sur la cérémonie, notamment d'arrestations de la part de la police russe. L'ambassadeur de France s'est rendu aux obsèques en présence de ses homologues allemands et américains.

Pour rappel, Alexeï Navalny, 47 ans, a rendu son dernier souffle le 16 février dernier dans le centre pénitentiaire de Kharp, dit le "loup polaire", situé dans l'Arctique russe, où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme". Ce n'était que la dernière en date d'une longue série de condamnations par la justice russe qu'il dénonçait, comme autant de procès politiques organisés pour réprimer son opposition au régime.

Des milliers de personnes présentes pour rendre hommage à Navalny

Dans un premier temps, le corps d'Alexeï Navalny a été exposé durant la cérémonie à Moscou, dans l'église, comme le veut la coutume orthodoxe. Après la courte cérémonie religieuse, la dépouille de l'opposant est arrivée au cimetière de Borissovo. Dès son arrivée au cimetière, des centaines de personnes scandaient le nom de l'opposant à Vladimir Poutine. Sur place, beaucoup de jeunes avec des fleurs étaient présents.

Devant le cimetière, la police a refoulé plusieurs personnes dont des journalistes comme indiqué par le média russe Mojem Obianist sur Telegram. Au cours de la cérémonie funéraire, la mère de l'opposant a pu se recueillir une dernière fois auprès de la dépouille de son fils. Sur les coups de 17h heure locale et 15h heure française, "un homme a été arrêté sur le pont Brateevsky" indique le média en ligne Sota. C'est, pour l'heure, la seule interpellation connue en marge des funérailles d'Alexeï Navalny. Par la suite, le cercueil a été mis en terre. "Au revoir mon ami" a-t-on pu entendre de la bouche d'Ivan Jdanov, un proche du défunt.

"Non à la guerre, nous ne pardonnerons pas"

Toujours selon Sota, une foule assez importante réunie devant l'entrée du cimetière a tenu à rester sur place pour saluer la mémoire de l'opposant à Vladimir Poutine. Les personnes présentes souhaitent se rendre sur sa tombe pour lui rendre un dernier hommage. "Non à la guerre", "Il n'avait pas peur et nous n'avons pas peur", "Nous ne pardonnerons pas" scande la foule. Sur son compte X, la veuve de l'opposant Ioulia Navalnaïa a salué la mémoire de son défunt mari : "26 ans de bonheur absolu, je ne sais pas comment je vais vivre sans toi, mais j'essaierai de faire en sorte que tu sois là-haut, heureux pour moi et fier de moi". Elle a également publié une vidéo d'hommage.

Des funérailles sous haute surveillance

Beaucoup de questions entouraient les funérailles de l'opposant jusqu'à ce vendredi midi. Les équipes d'Alexeï Navalny et sa famille redoutaient que les autorités russes profitent de la cérémonie pour arrêter des opposants au régime. "Je ne sais pas encore si elles seront paisibles ou si la police arrêtera ceux qui seront venus dire au revoir à mon mari" déclarait hier, Ioulia Navalnaïa, la veuve de l'opposant devant le Parlement européen de Strasbourg. En effet, les risques d'arrestations étaient élevées et la cérémonie placée sous haute surveillance. Ce lundi, l'avocat du défunt indiquait auprès de France Info "s'attendre à des persécutions très sévères". 

Un parcours du combattant pour organiser les obsèques

Depuis la remise du corps d'Alexeï Navalny à sa mère samedi dernier, son équipe a éprouvé toutes les peines du monde à trouver un corbillard pour transporter le corps. Impossible pour la famille de trouver un service de Pompes funèbres acceptant d'en fournir un selon les informations de France Info. Dans les colonnes de 20 minutes, l'équipe indique s'être vu "rejeter" toute demande lorsqu'elle cherchait un lieu pour lui rendre un "adieu public". Les autorités faisant, selon elle, pression sur les responsables des lieux proposés.

"Dans certains endroits, on nous a dit que c'était interdit" regrattait Ivan Jdanov, un proche collaborateur de Navalny. Jeudi, les chauffeurs de corbillard refusaient même d'emmener à l'église la dépouille de l'opposant. Jdanov dénonce des "appels d'inconnus menaçants, c'est une véritable honte" sur Telegram.

Et il n'était pas le seul à s'inquiéter concernant la tenue de la cérémonie. Devant le Parlement européen de Strasbourg, Ioulia Navalnaïa, la veuve de l'opposant s'en était vivement prise à Vladimir Poutine cette semaine : "Vous n'avez pas affaire à un politicien, mais à un monstre sanguinaire. Et c'est bien de le répéter : Poutine est le chef d'un gang criminel organisé. L'assassinat public de mon mari a montré une fois de plus à tout le monde que Poutine est capable de tout et qu'on ne peut pas négocier avec lui" avait-elle lancé.