Retailleau accusé de racisme : ces phrases polémiques du ministre pointées du doigt

Retailleau accusé de racisme : ces phrases polémiques du ministre pointées du doigt Accusé de racisme par Manuel Bompard (LFI) le 23 septembre, le nouveau ministre de l'Intérieur s'est illustré ces derniers mois par des propos liant immigration et insécurité en des termes singuliers.

Aussitôt nommé, aussitôt attaqué. Les premières heures en tant que ministre de l'Intérieur pour Bruno Retailleau sont plus mouvementées qu'il l'avait sûrement espéré. Le nouveau locataire de la place Beauvau a en effet été accusé de racisme, ce lundi 23 septembre 2024 par le coordinateur de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard.

En cause, des propos tenus par l'ex-patron des sénateurs LR, plus d'un an en arrière, après les violences urbaines qui avaient frappé le pays français à la suite de la mort du jeune Nahel. Une nouvelle polémique pour l'élu vendéen, après plusieurs sorties médiatiques contestées par l'opposition et notamment la gauche depuis plusieurs années.

"Régression vers les origines ethniques"

En juillet 2023, alors patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau avait fait un lien entre les émeutes après la mort du jeune Nahel et l'immigration, parlant alors de "Français de papier". "C'est dans les quartiers ou il y a de forts taux migratoires" qu'on lieu les émeutes, avait-il expliqué sur France Info, assurant avoir "questionné de nombreux maires" qui "tous vous le disent". Il poursuivait : "Certes, ce sont des Français, mais ce sont des Français par leur identité et malheureusement pour la deuxième, la troisième génération, il y a des régressions vers les origines ethniques".

Des déclarations qui avaient déclenché un véritable tollé chez les élus de gauche. "Racisme crasse d'un président de groupe en déroute qui n'a plus de Républicain que le nom", déplorait Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale. "Ceci est un propos raciste. RIP la droite républicaine", réagissait de son côté Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise.

La députée (LFI) Clémentine Autain parlait elle de "racisme dégoulinant" au sujet des mots employés par le désormais ministre de l'Intérieur. Ce lundi 23 septembre 2024, Manuel Bompard est justement revenu sur les propos de Bruno Retailleau, au micro d'Europe 1 : "Bien sûr, quand on commence à classer les Français, quand on commence à considérer que la régression vers les origines ethniques, c'est-à-dire qu'il y aurait des races qui seraient inférieures, puisqu'on parle de régression, oui, ce sont des propos racistes". Un pavé dans la marre qui signe peut-être, déjà, le retour des ennuis pour celui qui vient tout juste d'être nommé place Beauvau dans le gouvernement Barnier.

"Je ne regrette rien du tout, je n'enlève rien du tout"

Le 5 juillet 2023, Bruno Retailleau était interrogé par Public Sénat à la sortie de l'hémicycle après ses déclarations au sujet des "régressions vers les origines ethniques". Ce dernier assurait maintenir "chacun de (ses) termes (...) Je ne regrette rien du tout, je n'enlève rien du tout. Ce que j'ai dit, c'est que dans ces quartiers, on voit bien que des gamins, ou des adolescents, qui sont issus de l'immigration, poursuivent un chemin inverse à celui qu'on attend d'eux, c'est-à-dire intégrer, complètement, le modèle républicain", affirmait-il. "Arrêtons la repentance, car cette repentance perpétuelle est une barrière qui empêche ces jeunes-là de s'assimiler complètement à notre modèle républicain, qui oublie les origines, qui oublie les croyances. C'est le citoyen universel plutôt que l'individu avec ses particularismes", regrettait-il. 

La colonisation, "c'est aussi des heures qui ont été belles"

Pour rappel, le 12 septembre 2023, Bruno Retailleau était également l'auteur de propos polémiques concernant la colonisation française en Afrique. "La colonisation c'est bien entendu des heures qui ont été noires, mais c'est aussi des heures qui on été belles, avec des mains tendues", expliquait-il au micro de Sud Radio. Un sujet venu sur la table après une discussion sur le "silence" du Maroc face à l'aide proposée par la France après le séisme meurtrier survenu dans la région de Marrakech. 

À gauche, cette déclaration du sénateur de Vendée a été accueillie avec stupéfaction. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure y voyait lui un retour au "temps ou l'Homme blanc apportait la civilisation à des indigènes pas encore entrés dans l'Histoire". Sandrine Rousseau, députée EELV avait-elle considéré que "la colonisation a été un envahissement, une prise de possession unilatérale de pays entiers".

Des réactions qui n'avaient pas dissuadé le principal intéressé à maintenir ses propos, et les assumer : "Ne rien occulter des excès et des erreurs de la colonisation, mais souligner aussi ce que la France a apporté de positif : la scolarisation des enfants, l'accès à la santé", constitue pour lui l'éclairage à apporter sur la colonisation. "La manipulation de l'histoire est la pire des manières de construire l'avenir", avait-il lancé, au sujet des réactions des élus des différentes forces politiques de gauche.

"Plus aucune expulsion n'est possible"

Fin 2022, lors d'une séance de questions au gouvernement, le députe du RN Grégoire de Fournas avait suscité une vive polémique en s'exprimant au sujet d'immigrés échoués en mer Méditerranée et du bateau Ocean Viking qui leur venait en aide : "Qu'il retourne en Afrique", a-t-il lancé après l'intervention du député insoumis noir Carlos Bilongo. À l'époque, François-Xavier Bellamy avait réfuté le caractère raciste de ses propos, avant que Bruno Retailleau ne lui emboite le pas : "Personne ne peut considérer comme raciste le fait de réclamer le retour de clandestins. Car si tel est le cas, l'idée même d'exécuter des OQTF est raciste : plus aucune expulsion n'est possible", avait-il écrit sur son blog.

"N'en déplaise à l'extrême gauche, adepte de la deconstruction nationale, la France est depuis 15 siècles une promesse de dépassement des origines de chacun vers une nation qui rassemble. On assiste bien chez beaucoup de jeunes issus de l'immigration à un refus de cette promesse et à un retour à des attachements ethniques ou nationaux extérieurs à la France", avait également déclaré le nouveau ministre de l'Intérieur.