Ce que la démission d'Emmanuel Macron permettrait de changer (ou pas)
La démission d'Emmanuel Macron peut-elle solutionner la crise politique actuelle ? Eléments d'explication.
La chute du gouvernement Barnier a mis en évidence l'ampleur de crise institutionnelle que la France traverse. Comme il n'existe aucune majorité à l'Assemblée et puisque aucune force politique des trois blocs (NFP- Socle macroniste-LR - RN) ne veut travailler dans une coalition gouvernementale, il est impossible pour un Premier ministre, quel qu'il soit, d'apparaître légitime à une majorité de députés. Certes, celui-ci peut obtenir un soutien tacite d'une partie de l'opposition, comme on l'a vu avec le groupe RN ayant choisi de ne pas censurer préalablement Michel Barnier, mais cet assemblage est par nature éphémère.
L'expérience Barnier aura tenu trois mois et aura poussé le locataire de Matignon à une déférence inédite pour l'extrême droite. En vain. Et maintenant ? Comment sortir de l'impasse ? La question de la démission d'Emmanuel Macron n'est pas - ou n'est plus - une revendication pavlovienne de certains opposants frustrés. L'hypothèse est désormais considérée très sérieusement par des personnalités politiques n'étant ni de gauche ni d'extrême-droite. "Il n’y a plus qu’une solution, c’est une nouvelle élection présidentielle", martèle sur les plateau de télévision le LR Jean-François Copé.
De son côté, Emmanuel Macron a fermé la porte à une potentielle démission. "Le mandat que vous m'avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l'exercerai pleinement jusqu'à sont terme", a-t-il déclaré lors de sa prise de parole face aux Français, jeudi 5 décembre à 20 heures. Voici la réponse du gouvernement aux forces politiques qui appellent à sa démission, La France insoumise en tête. "Je n'assumerai jamais l'irresponsabilité des autres." Pour le chef de l'État, ce sont les députés du Rassemblement national, signataires de la motion de censure, qui ont avant tout "choisi le désordre", a-t-il martelé pendant son allocution.
Mais il faut en réalité sortir la question de la démission du président d'un prisme partisan ou militant. Elle se pose désormais de plus en plus sur le plan institutionnel, tout le monde cherchant un moyen d'assurer à nouveau de la stabilité au pays. "Qui est à l’origine du chaos politique ? C’est bien le président de la République lorsqu’il a fait cette dissolution que même ses propres amis n’ont pas comprise", s'est à ce titre interrogé le 27 novembre Charles de Courson, rapporteur général du budget, et cadre du groupe parlementaire Liot, pourtant représenté au gouvernement Barnier.
Une élection présidentielle en 2025 ?
La potentielle démission du chef de l'Etat peut-elle vraiment ouvrir un nouveau chapitre ? Il faut d'abord avoir en tête que rien ne l'oblige à mettre un terme à son mandat avant mai 2027. Il a même plusieurs fois fait savoir qu'il ne démissionnerait pas, se considérant comme garant de la stabilité des institutions. Le chef de l'Etat estime par ailleurs qu'alors que l'Europe fait face à la guerre en Ukraine et à des menaces internationales de plus en plus intenses, la voix de la France pourrait être affaiblie si la présidence de la République était démise.
A la presse qui lui posait ouvertement la question de son départ de l'Elysée, alors que le président était cette semaine en déplacement en Arabie saoudite, il a répondu : "Ça n’a pas de sens. C’est franchement pas à la hauteur de dire ces choses-là. Si je suis devant vous c’est que j’ai été élu deux fois par le peuple français".
Surtout, la démission du président ne changera en rien la composition de l'Assemblée nationale, qui ne peut être dissoute avant l'été 2025. A l'Elysée, les proches du président répètent à l'envi qu'un départ d'Emmanuel Macron n'apporterait pas de solution. Puisque les élus de l'Assemblée sont indéboulonnables jusqu'à mi juillet à minima, ils décident de qui ne gouverne pas - et par défaut, donc, de qui gouverne. Les élus LFI censureront tout gouvernement qui ne serait pas issu du NFP. Marine Le Pen et son groupe pourraient se satisfaire d'un nouveau Premier ministre qui leur promettrait une réforme instaurant la proportionnelle aux législatives et une loi Immigration. L'équation n'est pas hors de portée pour le chef de l'Etat.
Et si cela ne suffit pas ? Ou si un gouvernement est nommé mais ne tient que quelques semaines ? Alors le capital de légitimité du président sera très impacté, il sera perçu comme la source de cette crise sans fin. Si Emmanuel Macron change d'avis et décide de démissionner, il ouvrira alors une séquence pouvant apporter de la clarté : le nouveau président élu pourra revendiquer la victoire du suffrage universel et l'impulsion du suffrage pourrait bien faire fléchir la ténacité des députés, pour composer une nouvelle coalition.
Si Emmanuel Macron démissionne - ce qui apparaît désormais comme très peu probable après ses déclarations du 5 décembre devant les Français - il semble plutôt logique qu'il attende le début de l'année 2025. Le président du Sénat serait chargé de l'intérim en attendant l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle. Celle-ci doit être organisée "vingt jours au moins et cinquante jours au plus après l'ouverture de la vacance ou la déclaration du caractère définitif de l'empêchement". Par exemple, s'il démissionne le 20 janvier, le 1er tour pourrait se dérouler au plus tôt le 11 février. En revanche, le 2e tour ne pourrait pas avoir lieu plus tard que le 11 mars.
09:36 - Macron ira jusqu'au bout pour "veiller au bon fonctionnement de nos institutions"
Appelé à la démission par plusieurs personnalités politiques au cours de ces derniers jours, du LR Jean-François Copé en passant par Marine Le Pen, qui indiquait en début de semaine que le chef de l'Etat n'avait plus que trois solutions : la dissolution (qu'il ne peut décider qu'à partir de juin), un remaniement (qui selon elle ne servirait à rien) et sa propre démission.
Dans ces conditions, Emmanuel Macron a affirmé, jeudi 5 décembre, à 20 heures, qu'il irait jusqu'au bout de son mandat en 2027, pour lever tout doute. "Ma responsabilité exige de veiller à une continuité de l'État, au bon fonctionnement de nos institutions, à l'indépendance de notre pays et à votre protection à tous", a-t-il expliqué, pendant un discours d'une dizaine de minutes. Il n'a toutefois pas donné le nom du futur Premier ministre, il faudra patienter jusqu'à la semaine prochaine.
05/12/24 - 20:08 - Emmanuel Macron exclut de démissionner
Une nouvelle fois, Emmanuel Macron écarte fermement l'idée de démissionner face à la crise politique. Il l'a indiqué lors de son allocution télévisée ce jeudi 5 décembre à 20 heures : "Le mandat que vous m'avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l'exercerai pleinement jusqu'à sont terme". Voici la réponse du gouvernement aux forces politiques qui appellent à sa démission, La France insoumise en tête.
05/12/24 - 15:45 - Une majorité de Français favorables à une démission d'Emmanuel Macron
54% des Français souhaitent la démission du président Emmanuel Macron et une élection présidentielle anticipée dès 2025, selon un sondage effectué pour Le Point par l'institut Cluster17. L'étude pointe le fait que les électeurs le plus au centre sont les plus largement opposés au départ du président : 78% des électeurs PS, 69 % des électeurs LR et 96 % des électeurs Renaissance souhaitent qu'Emmanuel Macron reste à son poste jusqu'au terme de son mandat. Le sondage démontre par ailleurs que la censure du gouvernement Barnier divise les Français : 47% se disent favorables à cette décision contre 41% qui s'y opposent.
04/12/24 - 16:41 - Jordan Bardella n'appelle pas le président à démissionner
Jordan Bardella, interrogé ce mercredi sur France inter, s’est dit "respectueux" des institutions de la Ve République et des institutions. "Emmanuel Macron a été élu pour une durée de deux fois cinq ans et rien ne justifie au moment où l’on se parle que le président de la République s’en aille". Rappelons que Marine Le Pen n’a pas appelé à son départ, mais a tout de même laissé entendre que sa démission serait une porte de sortie à la crise que connait le pays. Le Monde révèle d'ailleurs ce mercredi que la patronne du groupe RN et leader de l'extrême n'a pas passé de consignes aux élus, chacun étant libre de donner son sentiment sur la présence d'Emmanuel Macron à l'Elysée.
03/12/24 - 12:12 - Jean-Luc Mélenchon appelle Emmanuel Macron à la démission
"Puisque le pays n’a pas voulu donner de majorité au parti d’Emmanuel Macron, puisque l’Assemblée nationale n’a pas donné sa confiance au gouvernement qu’il a nommé, puisqu’il n’y a pas de majorité pour adopter son budget, alors, […] il faut que le président démissionne", a écrit le leader de La France insoumise sur son blog, dans un long commentaire sur le 49.3 employé par Michel Barnier et sur la motion de censure qui sera votée - sauf surprise - ce mercredi. "Il faut que le président démissionne pour que l’on puisse voter, que le président démissionne parce que le seul souverain dans ce pays, c’est le peuple. Que le président démissionne parce qu’il faut bien que l’on tranche entre les grandes options qui se présentent à nous", plaide-t-il encore. "Combien d’autres Michel Barnier a-t-il l’intention d’user avant de tirer les conclusions qui s’imposent et assumer ses responsabilités personnelles ?", s'interroge-t-il ?
02/12/24 - 15:50 - "Jamais Macron ne démissionnera"
Un ministre interrogé par Le Parisien, veut croire que même si le gouvernement tombe avec une censure, le chef de l'Etat ne rendra pas son tablier. "Jamais Macron ne démissionnera. Il réfléchit à la trace qu’il va laisser dans l’histoire. Il nommera un gouvernement Barnier 2, 3, 4 ou 5 s’il le faut, dissoudra à nouveau l’Assemblée en septembre s’il le faut. Mais il voudra pouvoir dire : je suis le dernier rempart de la stabilité des institutions", anticipe-t-il.
28/11/24 - 11:54 - Pour Jean-Luc Mélenchon, "le départ de Macron est la solution pour clore la crise créée par lui"
Dans un long texte publié ce jeudi 28 novembre sur son site Internet, Jean-Luc Mélenchon considère que la démission d'Emmanuel Macron est désormais inéluctable. "Une pente est prise désormais. Dans les esprits non seulement le départ de Macron est la solution pour clore la crise créée par lui. Mais il y a aussi la certitude de voir ce dernier réduit à une totale impuissance parce qu’il n’a plus aucun crédit ou influence politique ni en France ni dans le monde", écrit le leader de La France insoumise, qui insiste : "Sauf nouvel imprévu, cette pente est irréversible. La débandade de ce qui reste du 'camp présidentiel' va donc s’accentuer. Elle va tout aggraver à mesure de sa décomposition selon une loi constante de ce type de situation". Jean-Luc Mélenchon se réjouit que désormais, sa démission soit réclamée par des voix de gauche, de l'extrême droite, mais aussi des rangs de la droite et du centre, avec les déclarations de De Courson et de Copé.