Nouvelle-Calédonie : la mise sous tutelle possible, quelles conséquences pour les habitants ?

Nouvelle-Calédonie : la mise sous tutelle possible, quelles conséquences pour les habitants ? Le gouvernement de Louis Mapou a été renversé et les réformes qui devaient être votées ne pourront pas l'être. Sans celles-ci, les conséquences sur la population pourraient être graves.

Le gouvernement local indépendantiste, mené par Louis Mapou, a été renversé mardi 24 décembre, en Nouvelle-Calédonie. Cette déstabilisation politique du pays intervient après un mouvement d'insurrection, qui a débuté le 13 mai, contre la modification par l'État du corps électoral pour les élections provinciales. Ce mouvement a coûté la vie à treize personnes, causé plus de 2 milliards d'euros de dégâts, et un salarié sur sept, soit 9 250 personnes, a perdu son emploi entre mars et septembre, selon l'Institut de la statistique et des études économiques, comme le rapporte Le Parisien.

La Nouvelle-Calédonie a besoin d'une aide financière conséquente pour se reconstruire. Le ministère de l'Économie avait prévu de verser 231,2 millions d'euros aux collectivités pour terminer l'année et être en capacité de payer les salaires. Mais voilà, cette aide d'urgence avait une contrepartie : que le gouvernement vote plusieurs réformes, comme celle de la TGC, la taxe générale sur la consommation, équivalent de la TVA, qui devait être votée jeudi.

Pourquoi le gouvernement a-t-il été renversé ?

Depuis son arrivée au pouvoir en 2021, le premier mouvement indépendantiste à diriger la Nouvelle-Calédonie fait face à des oppositions féroces. En effet, Calédonie ensemble, affilié à Renaissance, et Rassemblement-Les Républicains estiment que le gouvernement collégial est déconnecté du congrès, dont il est directement issu et dont il reproduit les équilibres. "Le gouvernement procède du congrès, et pas l'inverse. On a appelé à plusieurs reprises à un changement de méthode", assure un élu de l'Éveil océanien.

Dans un courrier, le parti Calédonie ensemble a dénoncé ses désaccords sur le pan fiscal avec le chef du gouvernement. Les élus estiment que Louis Mapou n'aurait pas dû accepter que l'aide soit versée sous forme de prêt conditionné au vote de réformes. Il faut "arrêter de laisser Bercy dicter sa loi", estime Philippe Gomès, le chef de file du parti.

Alors, les groupes politiques se sont réunis pour démissionner de leurs fonctions, afin de provoquer la chute du gouvernement, comme prévu dans la loi kanak. Un "mauvais coup politique, irrationnel et irresponsable", pour Louis Mapou, qui s'est confié à Nouvelle-Calédonie La 1ʳᵉ.

En réponse à ces démissions, les deux groupes indépendantistes au congrès, l'Union nationale pour l'indépendance et l'UC-FLNKS, ont décidé de ne plus siéger, afin de mettre chacun devant ses responsabilités. "Puisqu'ils mettent en cause le plan de sauvetage du gouvernement, nous ne voterons pas les textes qui y sont liés en attendant que le prochain gouvernement fasse ses propositions", assure le président du groupe UNI, Jean-Pierre Djaïwé. Mais pour Philippe Blaise, élu Les Loyalistes, "la mise sous tutelle devient un scénario de plus en plus sérieux".

En réaction, Manuel Valls, le ministre d'État chargé des Outre-mer, a assuré : "La Nouvelle-Calédonie a besoin d'un gouvernement le plus vite possible. Il est difficile de construire un avenir sans gouvernement pour l'archipel."