Borne contrainte d'annoncer la "remise en chantier" de sa principale réforme

Borne contrainte d'annoncer la "remise en chantier" de sa principale réforme L'ancienne Première ministre a été choisie par François Bayrou pour lire sa déclaration de politique générale devant le Sénat. Elle a dû se plier à une annonce difficile.

L'ancienne Première ministre le sait : on retiendra de son action, et de ses quelques mois passés à Matignon, deux textes pour lesquels elle aura bataillé avec difficulté. Le premier : la réforme de l'immigration, qui aura brusqué jusque dans les camp de la majorité présidentielle. Le deuxième : la réforme des retraites, si impopulaire et si largement rejetée par les Français, selon les sondages. L'ancienne socialiste a pourtant tenu bon, en première ligne sur ce dossier brûlant, usant même de l'article 49.3 pour faire adopter la mesure.

Pourtant, ce mardi 14 janvier 2025, Elisabeth Borne a dû se faire violence. C'est elle, comme numéro 2 du gouvernement, qui a été choisie par François Bayrou pour lire le discours de politique générale au Sénat - alors que ce dernier le prononçait à l'Assemblée, simultanément. Cocasserie de la vie politique, l'ancienne Première ministre a donc annoncé la remise en question de la réforme des retraites, sans doute le combat politique le plus ardu de sa vie publique.

"Nous devons remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps bref et dans des conditions transparentes", a-t-elle déclaré. "Je vais demander à la Cour des comptes, hormis une mission flash de quelques semaines, de nous donner l'état actuel et précis du financement du système de retraites", a-t-elle ajouté à la tribune, reprenant mot pour mot le texte du Premier ministre. "Nous pouvons rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou. Pas même l'âge de la retraite, à condition qu'elle réponde à l'exigence fixée et à la seule exigence fixée que nous ne pouvons pas laisser dégrader l'équilibre financier que nous cherchons et sur lequel presque tout le monde s'accorde", a-t-elle ajouté.

L'actuel Premier ministre a fixé une ligne qui ne ravit pas Elisabeth Borne, mais elle peut sans doute se rassurer avec une annonce de fond : "Si les partenaires ne s'accordent pas, c'est la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer', a annoncé François Bayrou. Et sur la forme, l'ancienne locataire de Matignon a sans doute apprécié cette délicatesse : "La réforme des retraites est vitale pour notre pays et pour notre modèle social fort, celle portée par le courageux gouvernement d'Elisabeth Borne". Une jolie formule qui n'empêchera pas son détricotage si un accord nouveau est trouvé.