Julien Bayou mis hors de cause : l'ex-député critique vivement les Ecologistes
Julien Bayou s'est exprimé ce vendredi 21 février lors d'une conférence de presse à Paris. Avec un phrasé mesuré et une voix posée, l'ancien responsable des Écologistes a vivement critiqué son ex-parti, au lendemain de l'abandon des poursuites liées à la plainte de son ancienne compagne pour abus de faiblesse et harcèlement moral.
Il pointe du doigt la gestion de cette affaire par la direction du mouvement, un dossier qui avait éclaté fin 2022 et l'avait conduit à renoncer à ses fonctions de secrétaire national et de co-président du groupe écologiste à l'Assemblée. Désormais tourné vers sa carrière d'avocat après avoir choisi de ne pas briguer de nouveau mandat en 2024, il ne cache pas son amertume.
"Par peur de je ne sais quoi (...) ils étaient frappés de fragilité, de médiocrité, de lâcheté de bassesse. Ce n'est pas très grave quand il s'agit de la vie d'un homme (...) mais mesurons ce que ça signifie, alors que notre pays est au-devant de grands dangers, d'avoir un parti qui se dit de gouvernement avec à sa tête des personnes aussi fébriles. C'est assez peu rassurant", a-t-il déclaré, en présence de son avocate, Me Marie Dossé.
Marine Tondelier mise en cause
À la tête des Écologistes depuis décembre 2022, Marine Tondelier se retrouve directement mise en cause. Pour étayer ses critiques, Julien Bayou est revenu sur les différentes procédures dont il a fait l'objet, affirmant avoir été blanchi à trois reprises.
Tout commence en juillet 2022, lorsqu'Anaïs Leleux, son ex-compagne, adresse un courriel à la cellule interne des Verts dédiée aux violences sexistes et sexuelles (CVSS), relayant des accusations dévoilées plus tard par Le Figaro. Sandrine Rousseau avait alors affirmé qu'il s'agissait de "comportements qui sont de nature à briser la santé morale des femmes", "après avoir reçu très longuement chez (elle) l'ex-compagne de Julien Bayou".
À l'époque, Anaïs Leleux avait refusé d'être auditionnée par la cellule interne, et aucune plainte ni enquête judiciaire n'avait été engagée. Cela n'a pourtant pas empêché la polémique de s'installer. "'Puisqu'il n'y a pas eu d'enquête, il n'est pas innocenté', affirmaient notamment Sandrine Rousseau et d'autres", a regretté Julien Bayou, visant directement son ancienne collègue.
En mars 2024, Anaïs Leleux avait finalement porté plainte à la fois contre Julien Bayou et contre son ancien parti, EELV, rebaptisé depuis Les Écologistes. En réponse, le mouvement avait mandaté un cabinet spécialisé pour mener une enquête interne sur les accusations. Peu après, Julien Bayou avait décidé de quitter le parti ainsi que le groupe parlementaire, dénonçant ce qu'il considérait comme un acharnement injuste.
L'ex-député dénonce une enquête biaisée
Lors de sa conférence de presse, l'ex-député a vivement critiqué le déroulement de cette enquête, qu'il juge profondément biaisée, "détestable" et "dégueulasse". Il a reproché à la démarche de ne pas s'appuyer sur des faits précis, mais plutôt de solliciter des témoignages de manière large, entretenant, selon lui, un climat de suspicion généralisée. "Vraiment, je vous invite à imaginer dans vos cercles familiaux, professionnels, associatifs, ce qui se passe quand vous apprenez que l'on va écrire à 10.000 adhérents ou anciens pour demander si par hasard il n'y a pas quelque chose à vous reprocher. Vous imaginez le tourbillon que ça représenter, le soupçon permanent", a-t-il déploré.
En octobre 2024, le parti décide d'arrêter l'enquête faute de preuves. "Dans n'importe quel parti, n'importe quelle démocratie, cela reviendrait à dire: il est innocent, peut-être même que l'on s'excuse. Ce n'est pas ce qu'a choisi de faire la direction du parti", a encore critiqué Julien Bayou.
Julien Bayou a insisté sur l'importance de ne pas instrumentaliser cette affaire pour remettre en cause la cause féministe ou le mouvement #MeToo. Il a néanmoins dénoncé un emballement politique et médiatique qui, selon lui, a amplifié la pression et rendu son épreuve encore plus pénible.
Son ex compagne pourrait porter plainte à nouveau
De son côté, Anaïs Leleux a réagi dans un message transmis à l'AFP, regrettant que plusieurs femmes ayant témoigné de violences et de menaces n'aient pas été entendues par la justice. Elle affirme ne pas chercher à tromper ni manipuler et évoque les séquelles psychologiques qu'elle subit. Elle attend désormais d'avoir accès au dossier avant d'envisager une éventuelle plainte avec constitution de partie civile.