Bayrou veut "réexaminer" tous les accords avec l'Algérie, mais de quoi parle-t-il au juste ?

Bayrou veut "réexaminer" tous les accords avec l'Algérie, mais de quoi parle-t-il au juste ? Après un comité interministériel sur l'immigration, le Premier ministre a annoncé qu'il souhaitait "réexaminer" les accords entre la France et l'Algérie. Une déclaration qui intervient sur un fond de tensions croissantes avec Alger.

François Bayrou veut "réexaminer" les accords de 1968 avec l'Algérie. Après un comité interministériel sur l'immigration, qui s'est tenu ce mercredi 26 février à Matignon, le Premier ministre a annoncé à la presse qu'il allait demander à Alger "que soit réexaminée la totalité des accords et la manière dont (ils) sont exécutés", le tout dans un délai de quatre à six semaines.

La France et l'Algérie traversent une période de tension croissante, qui s'est accentuée avec la difficulté qu'a la France à expulser certains ressortissants algériens sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ça a notamment été le cas de l'influenceur Doualemn, mais aussi du principal suspect de l'attaque de Mulhouse fin janvier. C'est d'ailleurs cette attaque qui a poussé François Bayrou à réunir ce comité interministériel. Soupçonné d'être l'auteur du meurtre d'une personne à l'arme blanche, et d'en avoir blessé sept autres à Mulhouse (Haut-Rhin), l'Algérien de 37 ans était sous le coup d'une OQTF et aurait été présenté "14 fois" aux autorités algériennes qui auraient toujours refusé de le reprendre, selon François Bayrou. Le Premier ministre a également estimé que "les victimes que nous avons connues à Mulhouse ce week-end sont les victimes directes du refus d'application de ces accords" de 1968.

Que prévoient ces accords ?

Lorsque François Bayrou fait référence aux accords de 1968, il parle des accords d'Évian. Signés le 27 décembre 1968 à Évian, ils ont été essentiels pour les relations entre la France et l'Algérie après la guerre. Après la déclaration d'indépendance de l'Algérie en 1962, les deux pays ont souhaité signer ces accords pour régir leurs relations économiques.

En plus de la coopération économique entre les deux pays et les droits fonciers des pieds-noirs, les accords de 1968 prévoyaient aussi la libre circulation des travailleurs ainsi que la facilitation de leur recrutement. Ce sont ces points qui cristallisent les tensions aujourd'hui entre Paris et Alger. Après ces accords, de nombreux travailleurs algériens ont pu venir en France, principalement pour travailler dans le secteur industriel, ce qui a provoqué un important flux migratoire. On appelle ça la libre circulation des travailleurs algériens. De plus, les conditions de recrutement de ces travailleurs ont été facilitées. Les accords précisent les conditions de travail des travailleurs et prévoient des protections sociales.