Nouveau gouvernement : vers une démission de Bayrou le 8 septembre... et après ?
Le gouvernement Bayrou a survécu à sept motions de censure depuis sa nomination, mais la prochaine risque de lui être fatale. Nommé en décembre 2024, après l'échec du gouvernement de Michel Barnier sur le vote du budget 2025, François Bayrou pourrait, à son tour, tomber lors de l'examen du budget 2026 dont le mot d'ordre est "économie".
Mais le Premier ministre pourrait démissionner avant l'examen de ce budget : lors d'une conférence de presse tenue ce lundi 25 août, François Bayrou a annoncé qu'il demandait un vote de confiance au Parlement le 8 septembre, en vertu de l'article 49.3. Si une majorité de députés ne lui accordent pas, alors le gouvernement tombera. Le Premier ministre compte faire voter les députés sur le discours de politique général qu'il tiendra à cette date. Il défendra alors la même ligne, en arguant du fait que la dette est un péril mortel pour le pays et qu'il est donc nécessaire d'engager des mesures fortes pour faire de très importantes économies. C'est un point important : il ne s'agira pas de s'exprimer, pour les députés, pour ou contre le budget, mais pour la philosophie générale du gouvernement, convaincue de l'importance de réduire la dette.
Le Premier ministre a annoncé dès la mi-juillet ses pistes de réflexions pour réaliser des économies de 43,8 milliards d'euros, soit plus de deux mois avant le début du débat sur le projet de loi de finances à l'Assemblée nationale. L'exécutif paraît toutefois mal embarqué. Tous les partis d'opposition ont fustigé la feuille de route François Bayrou et l'ont menacé d'une censure en cas de maintien des mesures présentées dans le projet de loi de finances. Des forces politiques étaient déjà catégoriques quant à leur volonté de renverser le gouvernement à l'instar de LFI. D'autres attendaient de connaître le projet pour le budget 2026 et ont promis la censure face aux mesures annoncées, notamment le PS et le RN.
L'horizon d'une motion de censure ou celle d'un échec du vote de confiance le 8 septembre est désormais une perspective sérieusement envisageable dont les conséquences seraient la démission du gouvernement Bayrou et la nomination d'un nouveau Premier ministre avant celle d'un nouvel exécutif.
Un cinquième Premier ministre en trois ans ?
Il avait fallu attendre huit jours entre la démission de Michel Barnier, le 5 décembre, et la nomination de François Bayrou, le 13, puis l'attente s'était prolongée de dix jours jusqu'à la nomination du nouveau gouvernement survenue à la veille du réveillon de Noël. Des délais qui s'expliquaient par la censure en partie surprise du précédent locataire de Matignon. Le RN avait soufflé le chaud et le froid jusqu'à la dernière minute. Avec des négociations lancées plusieurs mois à l'avance, la censure ou non du gouvernement Bayrou pourrait être plus facile à prévoir et Emmanuel Macron pourrait anticiper la nomination d'un Premier ministre, chargé ensuite de former un gouvernement.
Une coalition allant du PS à LR ? La fin d'une chimère
Mais après Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou qui pourrait prendre la tête du cinquième gouvernement du second mandat d'Emmanuel Macron ? Comme lors des précédents remaniements et à deux ans de la présidentielle 2027, le président de la République refuserait certainement de voir un gouvernement de gauche ou d'extrême droite se former. Sa volonté pourrait être, une nouvelle fois, de mettre son parti à la tête du gouvernement de coalition allant de la gauche socialiste à la droite républicaine.
Une équation déjà posée à plusieurs reprises en 2024, mais qui n'a jamais trouvé de solution. La gauche socialiste a toujours refusé de prendre part à un gouvernement à majorité macroniste et ne devrait pas changer de position. Quant à la droite, qui a accepté de rejoindre le gouvernement après la nomination de Michel Barnier, elle pourrait être refroidie par l'expérience après l'année écoulée : le maintien à peine trois mois du gouvernement Barnier et un "en même temps" critiqué sous le gouvernement Bayrou, malgré des victoires de la droite. Reste que le patron de LR se plait dans son rôle de ministre de l'Intérieur et pourrait vouloir le conserver au sein d'un futur gouvernement. La droite qui souhaite peser lors de la prochaine présidentielle risque d'être tiraillée entre la mise en avant que lui offre une participation au gouvernement et son effacement progressif entre le macronisme penchant vers la droite et la droite dure floutant parfois dangereusement la frontière avec l'extrême droite.