Censure de Sébastien Lecornu : une chute rapide promise au futur gouvernement ?

Censure de Sébastien Lecornu : une chute rapide promise au futur gouvernement ? Le gouvernement de Sébastien Lecornu doit être nommé dans les prochains jours et fait déjà face à plusieurs menaces de censure. Cet exécutif pourrait être renversé en seulement quelques jours. Explications.

Le gouvernement Lecornu devrait être connu d'ici la fin de la semaine selon le délai fixé par le Premier ministre dans Le Parisien. L'exécutif qui aura été le plus long à être formé au cours de la Vème République risque aussi d'être un des plus éphémères. Plusieurs forces de l'opposition agitent la menace de la censure depuis la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, des mises en garde qui n'ont été calmées ni par le silence du Premier ministre, ni par les échanges lors des consultations et encore moins par ses déclarations dans le journal francilien le vendredi 26 septembre. De LFI jusqu'au RN, les appels à la censure ou les conditions menant à elle se sont multipliés au cours du week-end.

Sébastien Lecornu a reconnu être le "Premier ministre le plus faible" de la Vème République en absence de majorité. Il ne compte pour l'heure que 210 élus à l'Assemblée grâce au socle commun formé de Renaissance, Horizons, le MoDem et Les Républicains. Il espère donc recueillir le soutien ou, à défaut, un accord de non-censure avec d'autres élus pour obtenir une majorité absolue et pouvoir résister à une motion de censure. Pour cela plusieurs options sont possibles selon le simulateur Datan qui permet de tester les différentes coalitions dans l'hémicycle.

L'option privilégiée du chef du gouvernement est de s'attirer la sympathie des 66 députés du PS et des 23 élus indépendants de Liot pour avoir un total de 299 voix avec lui. Une autre possibilité à laquelle le Premier ministre ne souhaite pas recourir consiste à compter sur le soutien ou un accord de non-censure passé avec les 123 députés du RN. Dans les deux cas, le scénario est fragile et coûteux pour le camp présidentiel, car les conditions posées par le PS d'un côté et le RN de l'autre ne correspondent pas à la ligne de Sébastien Lecornu. Lequel appelle au compromis, me semble surtout attendre des efforts des oppositions plus que des concessions de son camp.

Après la nomination du gouvernement, le censure de ce dernier pourrait intervenir dès la semaine du 6 octobre après la déclaration de politique générale (DPG) de Sébastien Lecornu. Elle pourrait être prononcée le 6 ou le 7 octobre, mais sans s'accompagner de vote de confiance. Certaines sources de Politico et du Parisien imaginent aussi que le Premier ministre pourrait renoncer à une DPG. Reste qu'avec ou sans discours, le chef du gouvernement s'exposera à une motion de censure déjà promise par LFI. Le parti du gauche envisage même d'agir plus tôt : "Si le 1er octobre le gouvernement est nommé on dépose une motion de censure tout de suite. S'il n'y a pas de gouvernement on peut attendre qu'il y en ait un", a affirmé à l'AFP une députée insoumise. 

Le PS évoque la censure et pose ses conditions pour l'éviter

Le PS, qui sait son soutien nécessaire au maintien du Premier ministre, veut profiter de sa position pour peser dans les négociations. Mais les revendications de la gauche, notamment la taxe Zucman et la suspension de la réforme des retraites, ont été officiellement rejetées par Sébastien Lecornu dans Le Parisien. Le patron du PS, qui avait déjà dit être resté "sur sa faim" et avait menacé le Premier ministre d'une censure après sa première visite à Matignon, a accepté une deuxième round ce vendredi 3 octobre. Il a toutefois prévenu sur BFMTV-RMC : "Si rien ne change, il y aura une censure et vraisemblablement une dissolution", rappelant que "les mêmes causes produiront les mêmes effets".

Olivier Faure a toutefois indiqué qu'une censure du PS pouvait être évitée si les propositions du Premier ministre permettent de rapporter autant qu'espéré avec la taxe Zucman, notamment l'idée de taxer davantage les holdings des plus riches puisse. La balle est dans le camp du gouvernement.

LFI prêt à censurer, le RN attend de voir

Sébastien Lecornu ne compte pas une seconde sur le soutien de LFI. Le parti insoumis a annoncé la couleur dès sa nomination : il ne soutiendra pas le Premier ministre. Il exige d'ailleurs que chef du gouvernement passe l'épreuve de l'Assemblée nationale : "Nous demandons au Premier ministre de se soumettre au vote de confiance ou alors nous le soumettrons au vote de censure" déclaré Mathilde Panot, présidente des députés LFI, le 17 septembre sur Franceinfo.

Du côté du RN, les choses sont plus nuancées. Sébastien Lecornu n'écarte pas l'extrême droite des discussions, mais il n'envisage pas de conclure d'accords avec elle pour se maintenir à Matignon. Le RN, lui, n'a pas annoncé de censure automatique. "On va écouter ce qu'il a à proposer, sans beaucoup d'illusion, toutefois. Nos priorités, sur l'immigration, l'Union européenne, la dépense toxique, sont claires", a fait savoir le député et vice-président du parti Sébastien Chenu. Les lepénistes ne croient cependant pas beaucoup à la future politique de Sébastien Lecornu, ils envisagent plutôt une chute inévitable. Marine Le Pen a d'ailleurs affirmé que le Premier ministre sera censuré "dans quelques semaines ou dans quelques mois" lors d'un meeting à Bordeaux le 14 septembre. Or, une censure doit nécessairement avoir le soutien de 123 élus du RN pour aboutir...

Une censure LR évoquée, mais très peu peu probable

Si toute les gauche, y compris le PS, et le RN décident de voter contre le gouvernement de Sébastien Lecornu alors le Premier ministre devra quitter Matignon. Les 210 voix du socle commun ne suffiront pas, d'autant qu'elles ne sont pas toutes acquises pour le moment. Les élus LR qui ont participé aux précédents gouvernement et faisaient parti du socle commun, ont rappelé que ce soutien n'était pas "automatique" pour reprendre le mot du président de la droite et ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Le parti a prévenu qu'il ne participerait pas, ni ne soutiendrait un gouvernement penchant trop vers la gauche.

Les récentes positions de Sébastien Lecornu ont eu pour effet de rassurer la droite. Le Premier ministre semble d'ailleurs vouloir privilégier cette alliance préexistante à une extension de la coalition vers la gauche. Il s'est réunit a plusieurs reprises avec les chefs du socle commun, plus souvent qu'avec les oppositions.

Même si la droite a rappelé que le soutien de LR au gouvernement pouvait prendre fin, il n'est pas sûr que les élus de la droite aillent jusqu'à censure le gouvernement. Jusqu'à présent, ils se sont toujours opposés aux tentatives de censure se vantant de ne pas alimenter l'instabilité politique. Il faut dire que des élections législatives pourraient leur être néfastes en tant qu'allié des derniers gouvernements.

Dernières mises à jour

13:27 - Le PS prêt à censure "si rien ne change"

Le Premier ministre n'a pas fait bonne impression au PS lors de son premier rendez-vous avec les chefs du parti. Il doit faire mieux ce vendredi 3 octobre s'il souhaite pouvoir compter sur le soutien des socialistes et éviter une censure. Olivier Faure a annoncé sur BFMTV-RMC qu'il allait écouter Sébastien Lecornu et que si les propositions de ce dernier permettaient de rapporter autant qu'espéré avec la taxe Zucmam alors le PS pourrait dire "oui" au gouvernement et ne pas le censurer. A l'inverse, il a affirmé que "si rien ne change, il y aura une censure et vraisemblablement une dissolution". Le parti est prêt à déposer sa propre motion de censure ou à voter celle promise par LFI. Ce vendredi sera "le rendez-vous de la dernière chance".