Bulle sociale : 6 personnes lors des repas et réunions de famille, une mesure à la définition floue
BULLE SOCIALE. Pour limiter la propagation du coronavirus, Emmanuel Macron a appelé les Français ce mercredi à réduire drastiquement les contacts avec leurs proches et à limiter repas et réunions privées à 6 personnes. Une idée proche du concept de "bulle sociale". Explication...
Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi 14 octobre plusieurs mesures pour intensifier la lutte contre le Covid-19 en France, dont l'instauration d'un couvre-feu dans les zones les plus touchées. Le chef de l'Etat n'a en revanche pas annoncé explicitement la mise en place de "bulles sociales", comme cela a été le cas en Belgique et comme cela avait été anticipé par certains médias avant son interview. Chacun reste libre de se déplacer et de voir ses proches quand il le juge nécessaire. Mais Emmanuel Macron a tout de même exhorté les Français à limiter au maximum les interactions sociales dans les semaines à venir. Et il a livré des recommandations qui vont clairement dans le sens de ces bulles sociales, un concept qu'on retrouve de plus en plus souvent dans la bouche des scientifiques et politiques, jusque dans le discours du ministre de la Santé d'Olivier Véran, mais qui reste à définir.
Concrètement, pour ce qui est de la France, le président de la République a prôné la "règle des six pour nos vies personnelles". Le chef de l'Etat demande qu'au restaurant, à la maison, "quand on invite des amis" et dans d'autres formes de réunions privées, on ne se réunisse pas à plus de six. "Cette règle de six au maximum pour notre vie personnelle, il faut le faire", a insisté le président pour éviter de provoquer des clusters qui ne feraient qu'alimenter encore l'épidémie. Emmanuel Macron a également insisté sur le port du masque dans le cadre privé, notamment en présence de personnes à risque.
C'est quoi une "bulle sociale" ?
Emmanuel Macron n'a pourtant pas repris à son compte le concept de "bulle sociale". Une idée très simple au premier abord : il s'agit de constituer un groupe ou une "bulle" de personnes de son entourage que l'on s'autorise à fréquenter plus régulièrement et de manière plus rapprochée dans une période donnée et le plus souvent sans ou avec peu de gestes barrière. En constituant des bulles de quelques personnes, tout un chacun contribue ainsi à isoler le virus. L'idée n'est reprise que partiellement par Emmanuel Macron puisqu'il a incité (et pas obligé) les Français à délimiter un nombre de personnes à recevoir à son domicile, sans indiquer qu'il s'agirait à chaque réunion des mêmes personnes. Si on s'en tient à sa définition la plus stricte, la bulle sociale revient en effet à choisir un nombre de personnes "fixes" que l'on peut côtoyer sans masque et sans distanciation physique. Il restera possible de croiser d'autres personnes en dehors de la bulle, mais avec des contacts moins rapprochés et un respect beaucoup plus exigeant des gestes barrières.
A combien de personne doit se limiter la bulle sociale ?
Emmanuel Macron a évoqué le chiffre de six personnes au tour d'une table ou réunies en même temps dans un même endroit. Le nombre de personnes figurant dans une bulle sociale, n'est pour autant pas clairement défini. Doit-elle se limiter à 5, 8 ou 10 proches, ou bien à 6 comme le chef de l'Etat le demande ? "Il n'y a pas de démonstration scientifique qui dise qu'à partir de 7 c'est beaucoup plus dangereux", a indiqué ce jeudi 15 octobre Alain Ducardonnet, cardiologue et spécialiste santé de BFMTV. "On aurait pu dire 7, 8, 9... On s'en fiche".
Emmanuel Macron s'est sans doute inspiré de nos voisins européens pour déterminer le nombre de personnes de ces simili bulles sociales qu'il appelle de ses voeux en France. Le chiffre est notamment utilisé en Grande-Bretagne actuellement, où les rassemblements de plus de six personnes sont interdits en Angleterre. En Espagne, ce sont les rassemblements de plus de 10 personnes qui sont prohibés, comme c'est le cas dans l'espace public en France actuellement dans les zones d'alerte renforcée.
C'est la Belgique qui est allée le plus loin dans l'expérience de la bulle sociale avec un succès très relatif. Pendant plusieurs semaines, les habitants du plat pays devaient limiter les contacts rapprochés à un cercle de 5 personnes. Mais les Belges ont plusieurs fois changé la règle, débutant par un cercle très restrictif de 2 à 4 personnes puis élargissant à 15 pour finalement se fixer à 5.
Six maximum. pic.twitter.com/G9hs0K8HF0
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 14, 2020
Comment sont contrôlées les bulles sociales ?
Si Emmanuel Macron s'en tient à une recommandation, c'est sans doute parce qu'il est difficile d'imposer une mesure coercitive chez les particuliers : ni l'Etat, ni la police ni la justice ne peuvent s'immiscer dans la vie privée sans motif justifié, c'est même l'un des fondements de l'Etat de droit. Le gouvernement et le chef de l'Etat ne peuvent qu'inciter les Français et miser sur la responsabilité collective. En Belgique, les autorités ont eu tout le mal du monde à faire comprendre et à imposer l'idée de bulles sociales entre mai et fin septembre. Les enfants doivent-ils être comptabilisés dans la bulle sociale ? Quid des familles nombreuses et recomposées ? Les atermoiements et les incompréhensions ont fini par avoir raison de la mesure, qui, en outre, ne pouvait pas être contrôlée.
Dès la fin juillet, Olivier Libois, chef de corps de la zone de police Namur Capitale confiait au site RTL Info qu'il n'y aurait pas de contrôles de ces bulles sociales. "La bulle sociale est une notion privée, ce sont des choses qui se passent au sein d'un domicile, qui est protégé par la constitution [...]. Il n'est donc pas question que la police, d'une manière ou d'une autre, aille vérifier au sein de votre domicile si vous êtes à 5, 6 ou 10. Pas de contrôle particulier, on ne viendra pas sonner chez vous", avait-il assuré avant même l'entrée en vigueur de la mesure. " Le contrôle de ces règles est très compliqué, mais nous comptons sur votre civisme et votre sens des responsabilités ", avait pour sa part déclaré la Première ministre belge, Sophie Wilmès, lors d'une conférence de presse. L'idée de bulle sociale a finalement été abandonnée, sans que son efficacité ait pu véritablement être mesurée. Les autorités en appellent aujourd'hui à la "responsabilité" des Belges pour continuer à respecter ces bulles sociales.