Maternité : les plus petits services voués à fermer ?

Maternité : les plus petits services voués à fermer ? Un rapport du chef du service de maternité de l'hôpital Necker à Paris, Yves Ville, juge nécessaire le "regroupement" des petites maternités "au nom de la sécurité de la mère et de l'enfant". Ces établissements peuvent-ils fermer et pourquoi ?

"C'est dur à entendre mais il faut regrouper les petites maternités." Telle est la conclusion du rapport présenté par Yves Ville, chef du service de gynécologie obstétrique de l'hôpital Necker, à Paris, devant l'Académie de médecine, le mardi 28 février 2023. Le spécialiste et 14 de ses confrères se sont penchés sur la question des maternités qui, pour certaines, peinent à maintenir la tête hors de l'eau. Ce sont surtout les plus petites maternités qui font l'objet de craintes car le médecin et académicien est catégorique sur le sort d'une centaine de petits services obstétriques comme le rapporte Le Parisien : "On doit regrouper 100 maternités en France au nom de la sécurité de la mère et de l'enfant. Si on ne le fait pas, on court à la catastrophe".

Une solution doit être trouvée en urgence selon lui, autant pour les futurs parents que pour les professionnels de santé car le maintien de ces maternités "est illusoire, à terme, elles finiront par fermer".

Pourquoi des maternités pourraient fermer ?

Une seule et même cause est responsable du risque de fermeture de certaines maternités et du baisser de rideau déjà acté de plusieurs établissements : le manque de personnels. Le nombre de médecins obstétriciens et de sages-femmes ne suffit plus à répondre à tous les besoins et à tenir tous les services selon Yves Ville. Le professionnel de santé explique dans Le Parisien que par endroit, les maternités ont déjà réduit les amplitudes horaires en fermant quelques jours par semaine. Des aménagements horaires auxquels s'ajoutent d'autres solutions moyennement satisfaisantes : "On y pratique moins d'accouchements, on perd en expérience, ce qui est dangereux. Pour continuer à tourner, ils font appel à des intérimaires. Cette organisation sous forme de rustines ne permet pas d'assurer la sécurité et la qualité des soins."

Quel avenir pour les petites maternités ?

Souffrant du manque de personnels et progressivement délaissées par les futurs parents qui se rapprochent le plus souvent des gros établissements médicaux -de type 2 ou 3- la centaine de petites maternités n'est pas condamnée à une fermeture. Si le chef de service maternité de l'hôpital Necker à Paris soutient qu'"on ne peut plus continuer à accoucher" dans ces services, il explique que ces maternités pourraient être uniquement chargées du suivi des grosses pré et post accouchement grâce à des transferts des jeunes mamans quelques heures après la naissance. C'est une des pistes de réflexion envisagée par Yves Ville dans son rapport qui appelle à "l'adoption d'un plan de périnatalité ambitieux est une urgence et une priorité de santé publique".

Petites ou grandes maternités, quelles différences ?

Si elles se distinguent par la taille et le nombre de lit, les maternités se différencient aussi en fonction des services disponibles sur le site. On compte trois types de maternité : celles de type 1 disposent uniquement d'un service obstétrique, celles de type 2 peuvent proposer des soins en néonatologie (2a) ou ont accès à des soins intensifs en néonatologie (2b). Enfin, les maternités de type 3 proposent à la fois un service obstétrique, de néonatologie et de soins intensifs néonatals en plus d'un​​​​​​ service de réanimation néonatale.

La fermeture des maternités, le sujet divise

A peine partagée devant l'Académie de médecine, l'analyse d'Yves Ville divise. "Nous sommes complètement contre", a vivement réagi Michèle Leflon, présidente de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, dans les colonnes du journal francilien. Son principal argument ? L'allongement des distances et des temps de trajet pour les femmes enceintes, insistant : "C'est une angoisse terrible pour les femmes d'accoucher loin de chez elle !"

Les petites maternités se trouvent pour beaucoup en zones rurales, éloignées des grands centres hospitaliers, et parfois dans des déserts médicaux. Ne plus programmer d'accouchements dans ces établissements reviendrait donc pour les futures mères à faire plus de 30 ou 45 minutes de voiture pour donner naissance dans une maternité plus importante. Mais à cet argument, les 15 auteurs du rapport dont Yves Ville répondent : "89 % des naissances auraient lieu au maximum à trente minutes de la maternité la plus proche, 3 % à plus de 45 minutes soit une hausse de 1,8 % et 0,9 % à plus d'une heure."

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